Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Paul Weller, indémodable élégant du rock anglais
Le disque de la semaine. Véritable institution au Royaume- Uni, l’ancien leader de The Jam vient de publier son dix-septième album solo, à la veille de ses 66 ans. Il se porte comme un charme.
En Angleterre, on le surnomme le Modfather. Une contraction de Godfather (parrain) et de mod, un mouvement né dans les années 1960 qui voyait des jeunes gens tirés à quatre épingles se passionner pour les musiques soul et un mode de vie hédoniste.
Les Mods ont connu un retour de flamme à la fin des années 1970, en pleine vague punk. Paul Weller en était avec son trio The Jam, qui a marqué profondément le rock anglais en six albums et cinq ans d’existence. Il se lance ensuite au sein de The Style Council dans une musique sophistiquée entre jazz et soul, sans atteindre la même notoriété. Il voit même un dernier album, orienté house, refusé par son label.
L’album affiche un casting classieux
Au début des années 1990, au creux de la vague, Paul Weller, alors âgé de 34 ans, se lance finalement en solo. Bonne pioche, l’Anglais renoue avec le succès et devient au fil des années une référence outreManche, notamment lors de la vague britpop qui voit en lui un glorieux aîné. Noel Gallagher, leader d’Oasis, n’a jamais caché son admiration pour Paul Weller, modèle devenu ami.
Il a plusieurs fois joué sur les albums de son héros. Il est présent sur le dernier en date, qui affiche un casting classieux : Suggs, chanteur de Madness, Bobby Gillespie de Primal Scream, Richard Hawley (qui publie, de son côté, un album la semaine prochaine) ou encore le Français Christophe Vaillant, alias Superhomard, présent sur deux titres.
Tous sont là pour souffler les bougies du Modfather, 66 ans comme l’indique le titre de son album (66). Paul Weller les a eus vendredi. Et à l’écoute de ces onze nouveaux titres, il semble en pleine forme, la voix toujours aussi chaude et puissante. Certains ont pu par le passé lui reprocher un côté pépère, ironisant sur le dad- rock (le rock à papa) qu’il était censé incarné. Pourtant, en trente ans, Paul Weller a exploré plusieurs facettes musicales : folk pastoral, rock hargneux, soul classieuse, pop électronique…
Autant de directions que l’on retrouve sur cet album, qui débute tout en douceur sur une ballade bossa- nova pour s’achever sous une pluie de cordes et de cuivres. Sur 66, Paul Weller ne réinvente pas la roue mais montre que les années passant, son savoir- faire reste intact et qu’il peut toujours enchaîner une bluette soul (Nothing) et un hymne psyché- rock (Soul Wandering). Toujours élégant. Indémodable. 66, Solid Bond/Universal, 12 titres, 41 min.