Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Olivier Giroud : « Profiter de chaque instant »

À la veille de sa dernière grande compétitio­n internatio­nale, Canal + retrace la vie du meilleur buteur des Bleus. Libéré et soucieux de laisser une trace.

- Recueilli par Jean-Marcel BOUDARD.

Canal + avait choisi les fastes des Champs-Élysées pour célébrer le buteur le plus prospère de l’histoire des Bleus, dont le parcours a connu autant d’embûches que de coups d’éclat. En smoking, Olivier Giroud est venu assister à l’avant-première du film de sa vie. Il y est apparu sincèremen­t très ému, offrant une autre image, comme ce documentai­re authentiqu­e, diffusé ce dimanche 26 mai, à 21 h, sur Canal +. Ouest-France y était. À la veille de l’Euro et de ses 38 ans, l’avant- centre de l’équipe de France nous reçus pour rembobiner le film.

Dans le documentai­re, vous parlez souvent de laisser une trace… Quand on m’a posé la question de faire ce film, c’était évidemment pour mes quatre enfants. En termes d’émotions, d’impact, il n’y a pas mieux que l’image. C’est un document qui va rester et c’est un bel héritage.

Dans ce film, quelle scène vous a le plus ému ?

Il y en a beaucoup, mais c’est certaineme­nt le témoignage de ma maman. Elle raconte qu’elle a dû m’accepter et batailler contre elle-même au cours d’une grossesse difficile et alors que je n’étais pas prévu. C’était très fort.

Cette résilience débute là ? Inconsciem­ment. Je ne suis pas psy, mais il y a peut- être un lien. On ne saura jamais réellement si cela vient du ventre de ma mère, mais on peut l’expliquer comme ça.

Il y a aussi cette scène très forte dans le grenier, avec votre frère Romain. Vous évoquez pour la première fois votre période de tension…

Comme il dit, c’était secret d’État. Je me suis assez livré, mis à nu. Ce sont des choses qui se passent dans toutes les familles et, comme je l’explique, on s’est retrouvé après. On a aujourd’hui une relation géniale, très fusionnell­e. C’était mon héros quand j’étais petit et on a partagé énormément de choses.

C’était un héros devenu trop écra

sant à un moment et vous avez eu besoin de vous en affranchir ? J’étais impression­né par lui. C’était le héros national du village. Il a été en équipe de France jeunes avec Henry, Anelka et Trezeguet. Il était au centre de formation d’Auxerre. Mais à un moment donné, il était dur avec moi, très exigeant, même si cela a été nécessaire. Il connaissai­t mon potentiel et il voulait tirer le meilleur. Ce qu’il n’avait peut- être pas pu faire en étant loin de mes parents, où n’était pas évident au quotidien.

En quoi son échec a influencé votre parcours ?

Quand il ne passe pas pro, cela a beaucoup marqué mes parents. Mon frère, je l’ai vu très, très affecté. À cette période, c’est un rêve de gosse qui se brise. Quand moi, à 14 ans, je remporte la Coupe nationale avec la sélection Rhône-Alpes, j’effectue des pré-France et des clubs pros s’intéressen­t à moi, dont Auxerre, qui a formé mon frère. Moi, j’étais trop jeune et pas assez mûr. Avec mon frère, mes parents ont pris la décision de ne pas me laisser partir car je n’étais pas prêt. Je voulais y aller, mais j’avais besoin de temps pour grandir.

Quand vous devenez champion

de France avec Montpellie­r, à Auxerre, vous y pensez ? Carrément. Comme j’ai repensé à Bazdarevic quand je vais affronter Sochaux. À Grenoble, quand il arrive, il m’avait dit que je n’avais pas le niveau de la Ligue 2, et encore moins de la Ligue 1. Je ne lui en veux pas, mais il a manqué de tact. Même s’il avait raison à cette époque-là, on ne peut pas dire ça à un jeune qui commence sa carrière. C’est lui couper l’herbe sous le pied. Et quand je le retrouve à Bonal, avec Montpellie­r, on est leader et je mets un triplé…

Vous allez aborder l’Euro, que représente-il, à ce moment de votre carrière ?

C’est le dernier trophée qui me manque, on sait combien c’est difficile. Faire partie de cette génération, avec beaucoup de jeunes, et le fait que ce soit très probableme­nt ma dernière compétitio­n, ça ajoute un peu de piment, de la nostalgie, plus d’émotion et d’excitation.

Après, vous rejoindrez la MLS. Pourquoi ce choix ?

Par rapport à ma famille. Je voulais une expérience de vie tout en marquant la fin du très, très haut niveau. Mon contrat avec Milan se termine, l’équipe de France, le fil rouge de ma carrière, également. C’est la fin de mon aventure.

Vous allez aussi retrouver

Hugo Lloris à Los Angeles…

C’est la cerise sur le gâteau, un joli clin d’oeil du destin. Pour un Européen, il faut aller à LA, New York et Miami pour la qualité de vie. Et attention, c’est le FC, pas Galaxy.

Los Angeles va donc réunir le meilleur buteur de l’histoire des Bleus et le joueur le plus capé… C’est pas mal. Il manque qui ? Le mec qui a enchaîné le plus de sélections consécutiv­es. Je sais que Grizou aimerait finir là-bas.

En janvier, vous nous aviez dit redouter l’après-foot. Vous y pensez toujours ?

L’adrénaline du but me manquera, même si cela ne fait pas partie de mes préoccupat­ions actuelles. Comme le bruit du public, l’atmosphère autour d’un match, l’odeur du vestiaire, la salle de kiné et les relations avec les coéquipier­s. Tout va nous manquer et il faut profiter de chaque instant.

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| PHOTO : DAVID PERRIER-LES BONS CLIENTS/FÉDÉRATION STUDIOS Olivier Giroud dans le documentai­re produit par Canal +.

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