Dimanche Ouest France (Finistere)
« Je suis content d’avoir évolué à mon époque »
Tour de Vendée, aujourd’hui. À la veille de la dernière course sur route de sa carrière, Peter Sagan (TotalEnergies) nous a accordé un moment. Il est heureux de clore ce « chapitre ».
Peter Sagan (33 ans),
coureur professionnel chez TotalEnergies.
Comment expliquez-vous que ces deux saisons à TotalEnergies aient été compliquées ?
L’an passé, j’ai eu beaucoup de problèmes de santé, dont un Covid long. Cette année, j’avais décidé d’arrêter. Je voulais donc profiter sur la route… Mais je suis tombé sur le Tour des Flandres et sur Paris-Roubaix, où j’ai fini à l’hôpital en raison d’une commotion cérébrale. Cela n’a donc pas été un printemps facile… Après, j’attendais avec impatience le Tour de France, sauf que je n’ai plus 20 ans. Et qu’il est de plus en plus difficile de rester en forme.
Pensiez-vous quand même être capable de gagner une étape sur la Grande Boucle ?
C’était possible, toutefois compliqué sachant que je n’ai pas été épargné. J’ai quand même essayé de nombreuses fois. Cependant je n’ai obtenu qu’un top 10 (8e). C’est comme ça. On doit se contenter de ce qu’on a.
Jean-René Bernaudeau nous a dit que vous vous excusiez, après les courses, quand vous montiez dans le bus. Avez-vous le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur ?
J’aurais aimé aider l’équipe à gagner. Souvent, cela n’a pas été possible.
Comment expliquez-vous que le niveau soit plus élevé aujourd’hui qu’il y a quelques années ?
Tout évolue. Le matériel, l’entraînement. La motivation des jeunes coureurs est aussi très élevée. On tend vers l’anarchie (rires) ! Quand je suis passé professionnel, il y avait dix néopros, âgés de 22-23 ans. Maintenant, les équipes estiment que les coureurs qui ont plus de 30 ans ne représentent pas l’avenir. C’est un cyclisme différent. Avant, les coureurs d’expérience
menaient les débats. Aujour- d’hui, ce sont les jeunes et leurs incessantes attaques (sourire).
Tadej Pogacar, Remco Evenepoel, Mathieu van der Poel bouleversent les codes. Leur façon de courir vous plaît-elle ?
Ils gagnent, donc oui ! Celui qui triomphe a toujours raison.
Auriez-vous aimé avoir dix ans de moins afin de jouer avec eux ?
Non ! J’ai couru contre Boonen, Cavendish, Cancellara, Van Avermaet, Froome, Nibali, Contador. Nous combattions sur tous les terrains. Je suis très content d’avoir évolué à mon époque.
Quel est votre meilleur souvenir sur le Tour de France ?
Ma première participation. Quand je suis arrivé sur les Champs-Élysées, j’étais très ému. Après, toutes les Grandes Boucles sont des expériences intéressantes. Elles restent compliquées. Il y a des jours sans, mais j’ai quand même réussi à gagner des étapes (12) et des maillots verts (7, un record).
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière sur route ?
Mes trois titres mondiaux (2015 à 2017). Le championnat du monde est au-dessus de tout car tu remportes un maillot que tu portes durant un an. Le plus beau titre ? Les trois ! Si je n’avais pas gagné le premier, il n’y aurait pas eu le deuxième. Sans le deuxième, le troisième.
Vous allez continuer en 2024 avec
le VTT, discipline par laquelle vous avez débuté. Participer aux Jeux olympiques serait-il une manière de boucler la boucle ?
Si j’arrive à être convié, oui. C’est mon objectif en tout cas. La seule possibilité de se qualifier était de passer par les championnats du monde. Maintenant je dois demander une invitation.
Que ferez-vous ensuite ?
Vous pouvez écrire que je vais ouvrir un hôtel, dédié aux cyclistes amateurs et professionnels, en Slovaquie. J’ai beaucoup de travail à y faire.
Continuerez-vous à regarder les courses ?
Bien sûr, j’aurai plus de temps !
Recueilli par Maxime BARON et Pascal MAUDET.