Dimanche Ouest France (Finistere)
La facture double, la plage ne sera pas surveillée
Pour la petite commune de Tréguennec, la facture de la surveillance de la plage a doublé. La municipalité ne peut pas payer. Des citoyens manifestent leur vive inquiétude à l’approche de l’été.
« La vie humaine n’a pas de prix. Il faut absolument maintenir un poste de surveillance de baignade ici » : c’est le discours récurrent tenu par une petite centaine de personnes lors d’un rassemblement, hier, à la plage de Kermabec, à Tréguennec.
Le poste de surveillance de cette plage, dangereuse en raison de la présence de baïnes, ne devrait pas être reconduit. C’est en tout cas ce qu’a acté, en avril, la municipalité de ce petit bourg de 313 âmes. Raison invoquée ? La facture du service de surveillance, géré par le service départemental de secours et d’incendie (Sdis), est passée de 14 000 € en 2019 à 29 000 € cette année.
Près de 10 % du budget de la commune
À la lecture de cette décision, une association de Plonéour, à l’origine du rassemblement, a décidé d’agir : « Cette plage est dangereuse. Trente ans en arrière, avant l’arrivée du poste de secours, il y a eu des noyades », rappelle Joëlle Kersual. Véronique Huet poursuit : « Nous sommes choqués que les élus ne se soient pas emparés de ce sujet ! »
Le comité citoyen de Tréguennec, qui se joint à l’association plonéouriste, ajoute : « Cette décision porte un mauvais coup aux intérêts des habitants et des estivants de notre commune », lâche Guilhem Saltel.
Le maire, Stéphane Morel, non présent lors du rassemblement, assume la décision du conseil, « qui n’a pas été prise de gaieté de coeur » . Il
revient sur les tarifs : « Le prix a doublé. Ce qu’on nous demande pour ce poste de surveillance, ça représente presque 10 % de notre budget, et près de 100 € par habitant de Tréguennec. Les petites communes ne sont plus paramétrées pour faire face à ce type de dépenses », regrette le maire. Il indique notamment que la municipalité a dû faire face à des frais exceptionnels après la tempête Ciaran.
Pour l’édile, il devient important de
« changer d’échelle de réflexion. La sécurité, la plage, ce sont des biens communs ». Samedi, certains s’accordent là-dessus dans les rangs des manifestants : « On sait le coût de ce service. On sait que Tréguennec ne peut pas être la seule à le porter. Nous avons écrit aux deux communautés de communes bigoudènes. Elles fusionnent leurs offices de tourisme… Cela aurait du sens de financer les postes de secours et de trouver des solutions pérennes et harmonisées ! », estime Véronique Huet.
Le Pays bigouden, divisé en deux intercommunalités, a des pratiques différentes. Dans le Haut Pays, la communauté de communes assure le financement des postes de secours. Ce qui n’est pas le cas de sa voisine du Sud, dont dépend Tréguennec, où chaque commune doit assumer le poste de ses plages.
La réponse du Sdis
L’association Citoyens à Plonéour et le comité citoyen de Tréguennec indiquent également avoir écrit, ou avoir l’intention de le faire, au préfet du Finistère et au président du Département : « Nous voulons des explications sur cette hausse importante des prix ! ».
Sur ce point, Marguerite Lamour, présidente du Sdis, répond sans fard : « Avant 2022, le Sdis, à la demande des collectivités, armait des postes de surveillance de baignade, mais ne refacturait pas entièrement le coût ». Elle rappelle que la mission première des pompiers est « de porter secours aux personnes sur la voie publique et de lutter contre les incendies. Et pour cela, il faut des personnels, des moyens techniques, du matériel, de la formation. Alors, chaque euro compte. En 2022, nous avons donc pris la décision de refacturer entièrement le coût réel aux collectivités ».
Trouver une solution avant l’été ?
De son côté, le maire a cherché d’autres solutions : « L’association qui propose la surveillance dans la commune voisine de Saint-Jean n’a pas les moyens de prendre une plage de plus. Pour ce qui est des CRS, c’est encore plus cher et ils sont fortement mobilisés sur les Jeux olympiques », résume Stéphane Morel. Il assure qu’en vertu de la loi, « une signalétique appropriée sera mise en place pour informer les usagers des risques latents ».
Sur la plage, Citoyens à Plonéour et le comité citoyen de Tréguennec restent déterminés « à tout faire pour que les politiques s’accordent afin de trouver une solution avant l’été ». Le comité citoyen de la petite commune envisage même de constituer une association pour se « porter partie civile si malheur devait arriver ».