Dimanche Ouest France (Finistere)
Un modèle agricole breton chamboulé par le climat
Plein’R, le festival du bio, questionne le modèle agricole breton à Riec-sur-Bélon. Il s’est ouvert hier, par une conférence sur les impacts du changement climatique.
L’agriculture face au changement climatique. Quels impacts ? À quand le climat aquitain en Bretagne. Valérie Bonnardot, membre du haut conseil breton pour le climat, directrice du département de géographie et d’aménagement de l’espace à l’université Rennes 2, a évoqué hier, au festival de l’agriculture bio à Riec-surBelon, un modèle agricole breton de plus en plus bousculé par le réchauffement climatique.
Constat d’abord à travers les données de température et de pluviométrie entre 1951-1980 puis entre 19902020, d’une hausse de 1°C en moyenne annuelle entre les deux périodes et d’une pluviométrie qui a augmenté de 10 % en quarante ans, mais de manière hétérogène.
La méditerranéisation du climat breton
Constat surtout d’un phénomène qui s’emballe et de projections laissant imaginer davantage d’inondations hivernales et des sécheresses plus fréquentes et plus longues en été. «À partir de 2050, une année comme 2022 deviendrait la moyenne », estime-t-elle. En évoquant « un contraste pluviométrique de plus en plus accentué » et un réchauffement qui serait de 3, 8°C en hiver et jusqu’à 4,5° en été à l’horizon 2100, par rapport à la période référence (18501900). On en est déjà à +1,7 ° pour la France.
La belle idée d’un eldorado climatique breton tempéré en ressort sérieusement écornée. La climatologue met en avant une température moyenne de 12,4° relevée à Rennes, sur une période récente. « C’est ce que connaissait Bordeaux
entre 1950 et 1980. »
Quid de l’avenir, si rien n’est fait ? « La Bretagne aura, d’ici la fin du siècle, le climat de la Côte d’Azur aujourd’hui. Nous sommes individuellement et collectivement responsables des effets de serre et cela ne cesse de s’accélérer. »
Quels choix agronomiques possibles ? Pour Valérie Bonnardot, «la vigne est un bon marqueur du phénomène. » Les vignobles avaient quasiment disparu des paysages bretons. Ils sont en pleine renaissance, dopés aussi par la libération des droits de plantations depuis 2015.
Valérie Bonnardot a mis en place un réseau de stations météorologiques et de capteurs dans 22 parcelles pour étudier le climat à l’échelle
très locale et mieux comprendre la réponse de la vigne… Plus globalement : « il va falloir se tourner vers des plantes plus adaptées, dites de cultures méditerranéennes ou subtropicales ». En clair, le pois chiche, le soja, les agrumes… Plutôt que le maïs pour l’élevage. « Il faut un changement de modèle agricole et que l’irrigation reste ponctuelle », insistet-elle.
Au programme ce dimanche
La conférence a ainsi ouvert samedi le festival Plein’R qui célèbre la nature et la vitalité de paysannerie, à Riecsur-Bélon. Cette seconde édition, portée par le Syndicat des agriculteurs bio de Cornouaille, se poursuit dimanche, avec les conférences de
l’anthropologue Bénédicte Bonzi, autrice de La France qui a faim, le don à l’épreuve des violences alimentaires et de Tanguy Martin, auteur de Cultiver les communs, une sortie du capitalisme par la terre. Un marché de producteurs et d’artisans bio, des contes pour les enfants, des initiations à la faux, à la poterie, à la vannerie, aux compositions florales et aux secrets de l’alambic, des jeux en extérieurs, du théâtre de rue et un concert en soirée, complètent le programme…
Festival Plein’R, ce dimanche de 10 h à 19 h, autour des halles à Riecsur-Bélon. Participation libre. Programme sur abc-bio.org.