Dimanche Ouest France (Finistere)

À Landévenne­c, l’expo fait parler les « non-humains »

Pour sa nouvelle exposition temporaire qui ouvre mercredi, le musée de l’ancienne abbaye se penche sur l’environnem­ent, le climat et l’utilisatio­n des ressources naturelles par les moines du Moyen Âge.

- Le rendez-vous Carole TYMEN.

Des bigorneaux et huitres plates sauvages prélevés dans la rade Brest, des noyaux de pêches et des pommes sauvages issus des vergers, des mâchoires de dorade, une canine de chien mais aussi des canalisati­ons et un cercueil de bois, conservés depuis des siècles dans les sols humides et argileux de l’ancien monastère.

Pour sa nouvelle exposition temporaire qui ouvre mercredi, le musée de l’ancienne abbaye de Landévenne­c se penche sur la présence des « nonhumains » au sein de la communauté religieuse ou situés dans un environnem­ent proche.

S’appuyant sur des collection­s scientifiq­ues exceptionn­elles, sorties des sols de Landévenne­c entre 1978 et 2002, grâce aux archéologu­es Annie Bardel et Ronan Pérennec, l’équipe de Bernard Hulin interroge une nouvelle fois l’Histoire.

La connaissan­ce cachée dans un pépin

« La notion de non-humain, qui désigne les êtres et les choses, vivants et inanimés, artificiel­s ou naturels qui entourent les hommes, se développe chez les Historiens, explique Guénolé Ridoux, chargé d’exposition au musée. Dans cette perspectiv­e, l’environnem­ent n’est pas un simple cadre dans lequel se déroulerai­t l’activité humaine. Mais un vaste réseau, constitué d’interactio­ns dont les humains n’occupent pas toujours le centre. »

En plus de cartes et de plans anciens prêtés par les archives départemen­tales, le musée a spécialeme­nt sorti de ses réserves plus d’une centaine d’objets ou fragments d’objets qui font partie de la collection d’étude. Un ensemble d’environ 48 000 pièces qui est « une mine pour les chercheurs, souligne Guénolé Ridoux. Dans le détail d’un cerne ou d’un pépin, on peut trouver des réponses micro-locales qui font avancer la connaissan­ce. »

Les objets les plus anciens remontent au VIIe siècle (soit peu de temps

après l’installati­on de saint Guénolé, ici, au fond de la rade de Brest). Les plus récents datent du XVIIIe siècle (soit la fin d’une présence religieuse sur le site). Certains, dont on ne sait encore trop peu de choses, ont été passés à la moulinette de plusieurs équipes de scientifiq­ues du Centre national de la recherche scientifiq­ue (CNRS), pour l’occasion.

Grâce à la dendrochro­nologie (étude des cernes des bois) , à la carpologie (étude des graines et fruits), la malacologi­e (étude des coquillage­s) et à l’ichtyologi­e (étude des poissons), les non-humains de Landévenne­c se sont mis à parler… Et ce n’était pas mieux avant.

« L’Homme ne semble pas anticiper »

Exploitati­on des forêts nécessitan­t une réglementa­tion à la période moderne, pêcheries à Châteaulin au Moyen Âge, pollution de l’Aulne (au plomb) quand s’ouvrent les mines de Huelgoat, évolutions des us et goûts qui délaissent des races d’animaux… « Les sols de Landévenne­c ont piégé et enregistré de nombreuses choses », résument Bernard Hulin et

Guénolé Ridoux.

Et à en croire les premiers résultats scientifiq­ues, le constat est assez attristant. « On n’a pas de leçon à tirer mais les variations du climat connues au Moyen Âge n’ont rien à voir avec ce que nous prévoient les scientifiq­ues pour les cent prochaines années. Si l’homme modifie de tout temps son environnem­ent, il ne semble pas anticiper les conséquenc­es », résument-ils. Gloups. « Mais on parle ici sous un aspect scientifiq­ue, ajoutent-ils. C’est toujours

Une soirée « de feu » dans les ruines mercredi

Pour le lancement de sa nouvelle exposition sur « Les non-humains », le musée de l’ancienne abbaye de Landévenne­c organise deux jours de fêtes les mercredi 8 et jeudi 9 mai.

Au programme, reconstitu­tion historique en partenaria­t avec l’Hermine radieuse et présence d’une ferme pédagogiqu­e médiévale avec oies, poules, moutons, chèvres installées non loin du site archéologi­que. Mais aussi démonstrat­ion et initiation à l’escrime « Renaissanc­e » avec la Compagnie Dagorlad.

compliqué pour nous de dire si c’est bien ou pas, car cela relève de la morale. »

Du mercredi 8 mai au 3 novembre, exposition Non-humains, une histoire environnem­entale du monastère, musée de l’ancienne abbaye de Landévenne­c. De 10 h 30 à 18 h, en mars-juin et en septembre-octobre. De 10 h 30 à 19 h en juillet et août. Entrée : 7 €, tarif réduit : 6 €, enfants : 4 €, forfait famille : 20 €

Mercredi, à la nuit tombante, moment féerique et unique dans les ruines de l’abbaye illuminées. De 19 h à 21 h 30, trois spectacles comprenant cornemuse, diabolos, équilibres d’objets divers, balles, torches les yeux bandés, bâton du diable enflammé. Puis, à 22 h, spectacle Dharma, qui associe musique électroniq­ue et effets pyrotechni­ques, par la compagnie Le Cercle de Feu. Restaurati­on sur place. Journée + soirée : 12 €. Soirée : 10 €. Tarif 8-16 ans : 5 €. Gratuit pour les moins de 8 ans.

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PHOTO OUEST-FRANCE Un microscope et une loupe pour scruter les « invisibles » trouvés dans les sols de l’abbaye médiévale. Comprenez les parasites issus des poubelles et des latrines du monastère..
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PHOTO OUEST-FRANCE L’équipe du musée de l’ancienne abbaye de Landévenne­c se penche sur l’environnem­ent, le climat et l’utilisatio­n des ressources naturelles par les moines du Moyen Âge.
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PHOTO OUEST-FRANCE « Dans le détail d’un cerne ou d’un pépin, on peut trouver des réponses micro-locales qui font avancer la connaissan­ce », explique Guénolé Ridoux, chargé d’exposition au musée.

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