Dimanche Ouest France (Finistere)

Degenkolb : « Ici, la passion est incomparab­le »

Tro Bro Leon, aujourd’hui. Ex-vainqueur de Milan-San Remo et de Paris-Roubaix, John Degenkolb ne sera peut-être pas le favori de l’Enfer de l’Ouest. Ce qui ne l’empêche pas d’en parler avec passion.

- Recueilli par Jérémy PROUX.

John Degenkolb

(35 ans), coureur du Team dsm-firmenich.

Ce ne sera que votre deuxième participat­ion au Tro Bro Leon (6e en 2021). C’est presque étonnant quand on connaît votre appétence pour ce genre de course…

J’ai vraiment hâte de le refaire, même si cette année, ma condition n’est pas optimale. Après Paris-Roubaix (11e), j’ai dû me remettre de ma blessure au genou. On ne m’a pas vu pendant deux semaines. Je peux à nouveau pédaler normalemen­t. Tant mieux, car cette course me correspond totalement. Son esprit, son tracé…

Elle correspond à votre conception même du cyclisme…

Parce que la passion pour le cyclisme dans cette région est incomparab­le. Je le dis avec beaucoup de franchise : je suis heureux d’avoir la possibilit­é d’être ici. Je vais vous faire une confidence : je devais être là l’an dernier, mais j’ai attrapé le Covid, et cela m’avait fait un peu de peine, franchemen­t.

Jean-Paul Mellouët, l’organisate­ur, n’aime pas la comparaiso­n

entre le Tro Bro Leon et Paris-Roubaix. Vous qui avez dompté l’Enfer du Nord, qu’en pensez-vous ?

Ah, on peut quand même trouver pas mal de similitude­s. C’est aussi une raison pour laquelle je suis là, non ? (rires). Cette idée que tout peut s’inverser sur une crevaison, la notion de placement, le mental : toutes les courses requièrent ces qualités, mais peu exigent

de les pousser autant à fond.

Vous connaissez la tradition du cochon ?

Pour le premier coureur breton (sourire). J’en veux un aussi si je gagne, rien que pour avoir la photo sur le podium. On peut peut-être trouver une solution pour ramener le cochon en Allemagne, je crois que j’ai assez de place à la maison pour qu’il s’y sente bien (rires).

Paris-Bourges, Paris-Tours, ParisRouba­ix, une étape du Tour : la France vous a donné certaines de vos plus belles victoires…

J’ai pu y créer mon identité de coureur profession­nel. J’ai toujours aimé le style des courses, ici. Des courses agressives, sur des petites routes, avec aussi parfois une météo pas très bonne. Cela a toujours été en ma faveur. En France, certaines courses nécessiten­t que vous soyez à la fois fort dans les jambes et dans la tête. J’aime cette idée d’être un coureur qui a pu avoir des jambes et du mental. C’est pour ça que j’aime la France.

Vous n’avez plus gagné depuis plus de trois ans. Pour vous qui avez été l’un des meilleurs coureurs du monde, est-ce difficile à gérer ?

Aujourd’hui, j’ai un rôle totalement différent. Quand j’étais jeune coureur, j’aimais regarder la manière dont les capitaines de route pouvaient se comporter. Maintenant, c’est mon tour, et c’est un plaisir de s’écarter pour laisser s’exprimer un jeune qui promet

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| PHOTO : DSM FIRMENICH John Degenkolb sera au départ du Tro Bro Leon pour la deuxième fois, aujourd’hui.

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