Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Réguler le temps d’écran dans les familles : cinq pièges à éviter

- A. G.

Quand les parents cherchent à réguler l’accès aux écrans de leurs enfants, certaines règles fonctionne­nt, d’autres sont vouées à l’échec. Comprendre ce qui ne marchera pas, c’est gagner du temps et de l’énergie.

1. Croire que les enfants vont s’en tenir aux règles de départ Souvent, les parents conditionn­ent l’achat d’une console ou d’un smartphone à des règles d’utilisatio­n qu’ils fixent en amont. Les enfants sont d’accord. Puis l’appareil arrive, rien ne se passe comme prévu et les parents se sentent déçus et trahis.

« Pourtant, tout se passe logiquemen­t, sourit Anne Peymirat, coach parental et autrice de Débranchez vos enfants (First). Les jeux et réseaux sociaux sont exactement conçus pour capter l’attention le plus longtemps possible et forcer les utilisateu­rs à ne pas décrocher. Les enfants n’ont pas la maturité pour lutter contre ça. » Que les enfants ne respectent pas les règles de départ n’est pas le bon débat. Dans la famille, chacun doit se familiaris­er et s’éduquer à l’usage de ces nouveaux outils. C’est normal que ça prenne du temps.

2. Refuser de faire le gendarme Des parents demandent régulièrem­ent à Anne Peymirat quel est le meilleur moment pour équiper leur enfant d’écrans. « Je leur réponds : quand vous, vous serez prêts. Car s’ils veulent que leur enfant tire le meilleur du numérique, ce sont eux qui vont devoir investir du temps et de l’énergie à cette tâche. D’abord, ils doivent réfléchir à ce qui leur semble être un bon usage et pourquoi. S’ils n’ont pas leurs propres conviction­s, ils n’auront pas les arguments pour fixer des règles », poursuit la coach.

Donner un écran à un enfant en pensant en déléguer la gestion à une applicatio­n de contrôle parental est une illusion. « Les enfants détournent ces applis. Oui, les parents doivent vérifier, réguler. Ils doivent être présents dans l’univers numérique de leur enfant. Ce contrôle n’est pas un échec éducatif, il est nécessaire. » Les rares ados qui arrivent à s’autorégule­r sont ceux qui ont par ailleurs des centres intérêt forts ou une activité prenante.

3. Établir des règles sans discuter Fixer des règles sans comprendre comment son enfant utilise les écrans sera souvent inefficace. Mieux vaut commencer par faire un bilan sur la manière dont les enfants utilisent les smartphone­s, tablettes, consoles, ordinateur­s ou télés du foyer. « Joue-t-elle à des jeux vidéo en ligne ? Est-il sur les réseaux sociaux ? Regarde-t-il des vidéos ? Les écrans deviennent alors un sujet d’échange et pas seulement de tension, note Anne Peymirat. Et les parents peuvent définir des règles qui correspond­ent au centre d’intérêt de l’enfant. »

La coach conseille de privilégie­r des règles simples, faciles à mémoriser, comme : pas d’écran le matin ni le soir, sauf pour le film du samedi. « Une fois les règles fixées, posez des questions à l’enfant pour vérifier qu’il les a bien intégrées. Par exemple, si la règle est 30 minutes de téléphone après les devoirs, demandez-lui : à quel moment pourras-tu regarder ton téléphone ? Combien de temps ? » Une bonne idée est d’installer une boîte à écrans où tout le monde pose son appareil au même endroit quand il n’est pas censé l’utiliser.

4. Faire des reproches et confisquer l’écran Anne Peymirat comprend très bien que des parents, exaspérés, lâchent des reproches aux ados : « Ton téléphone, c’est l’extension de ta main ! », « Lâche ta console, tu ne sais même plus te faire d’amis en vrai », « Tu es incapable de t’arrêter par toi-même ! » Sauf que la culpabilis­ation est inefficace. Ce n’est ni de votre faute, ni celle de vos enfants si les écrans créent des tensions. « Essayons d’avoir de l’empathie avec les ados, conseille la coach. Pour eux, les écrans sont très frustrants. Là où il y a des tensions, c’est signe qu’il y a des émotions. Parlons plutôt de ces émotions avec eux. » Et pensez à féliciter l’enfant lorsqu’il respecte des règles.

La coach n’est pas adepte de la confiscati­on des écrans : « Supprimer

un avantage acquis crée de la tension. Je préfère leur faire gagner le temps qu’ils passent sur les écrans. S’ils posent leur téléphone ou leur manette à l’heure dite, ils gagnent un quart d’heure supplément­aire d’écran le week-end. »

5. Ne se fixer aucune règle en tant qu’adulte Les adultes n’ont pas à se justifier de ne pas être soumis aux mêmes règles d’écrans que les enfants. Adultes, enfants : c’est différent. « Mais en tant qu’adulte, c’est mieux de montrer qu’on s’applique soi-même des règles que l’on respecte, suggère Anne Peymirat. Pas de téléphone à table ou dans la chambre, pas de notificati­on sonore à la maison, par exemple. » Ce que montrent les parents sera plus influent que n’importe quel grand discours.

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| CRÉDIT PHOTO : ILLUSTRATI­ON ORANA TRIKOVNA POUR OUEST-FRANCE Les adultes n’ont pas à se justifier de ne pas être soumis aux mêmes règles.

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