Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Rencontre Bernard Hinault - Eddy Merckx : « On se

Ouest-France a réuni Eddy Merckx, 76 ans, et Bernard Hinault, 67 ans, les deux plus grandes légendes de l’histoire du cyclisme, dix victoires sur le Tour de France à eux deux. Trente minutes d’entretien entre deux hommes qui ne mâchent jamais leurs mots.

- Entretien

Un bout de table dans un Paris sans ciel. Bernard Hinault qui prend soin d’enlever la nappe blanche un peu tachée par le saint-émilion qui venait de lever les voix, deux heures durant, à l’occasion d’un déjeuner fêtant le grand reporter et écrivain Philippe Brunel pour son prix Jacques-Goddet. Les chaises ont raclé le sol. Le Blaireau s’est assis. Eddy Merckx s’est assis. Dix Tour de France, là, en chemise et en veste de costume, élégants. Dix Tour de France tout en mordant d’un côté, en sagacité de l’autre. C’était parti pour trente minutes d’entretien, Bernard et Eddy, l’élève et le maître, le Breton qui regardait sa montre à la fin parce qu’il avait de la route pour rejoindre sa ferme de Calorguen. Preuve de l’amitié qui les lie, le « Blaireau » avait fait huit heures de voiture, ce jour-là, pour retrouver le « Cannibale ».

Quels sont les premiers mots qui vous viennent pour évoquer l’autre ?

Bernard Hinault : Pour moi, le branleur que j’étais, Eddy est d’abord mon idole. La personne que j’admirais. Il y en a eu deux, lui et Jacques Anquetil. J’aimais la victoire à travers eux. Jacques était plus dilettante, il attendait parfois avant de faire la course. Eddy, lui, voulait tout gagner. Je voulais être au milieu, ça m’allait bien… Quand tu cours avec après, forcément, c’est spécial. Déjà, quand tu le côtoies la première fois, tu as des yeux comme ça (il fait de grands gestes avec ses mains)… Tu te dis que ça n’est pas possible. « Je ne peux pas être là, avec mon idole ! » Et finalement si. Eddy restera le numéro 1 dans le cyclisme à tout jamais, personne ne sera capable de le battre, de gagner autant que lui. Dans tous les domaines. Il a tout pratiqué, c’est le super athlète.

Eddy Merckx : Après moi, c’est Bernard le meilleur coureur de l’histoire. Je le mets devant Anquetil, Bobet, Coppi, et tous les autres. Quand on voit son palmarès, la manière surtout dont il a gagné ses courses, ça dit tout… Je me souviens de sa victoire sur Gand-Wevelgem en 1977. Tout le monde se demande alors en Belgique « Mais c’est qui ? » Mais moi, je le connaissai­s déjà. La première fois où l’on s’est retrouvé ensemble vraiment, c’était juste avant, sur un critérium en Bretagne à Camors. Il envoyait du vent hein…

Sur Paris-Nice 1975, Bernard Hinault avait eu ces mots : « Merckx est comme moi, il a deux bras, deux jambes »…

B.H.: Mais oui, c’était vrai ! Je m’en rappelle. Avant la course, on me dit qu’il y a Merckx, qu’il est là, etc., Alors moi, sans réfléchir, je réponds qu’il est comme moi, qu’il a deux bras, deux jambes, une tête et qu’il s’en sert ! Bon, j’ai attaqué un peu, tout le monde s’est demandé d’où je sortais… Mais bon, il était là quoi…

E. M. : Bernard était vraiment un champion d’exception. Je trouve que lorsqu’on parle des sportifs, de leurs palmarès, on ne parle pas assez de Bernard pour ses prestation­s de coureur cycliste. Il était vraiment un cran au-dessus de tous les autres.

Quand avez-vous pris conscience que Bernard Hinault était votre successeur ?

E. M. : Je l’ai très vite compris. En 1975, 1976. J’ai vu la force qu’il avait. Il avait cette vista, aussi, en course. Vous vous reconnaiss­iez en lui ? E. M. : Oui, c’était un gagneur. Un battant. Il y allait quoi.

Il y a cet épisode sur le Dauphiné, en 1977, où vous l’avez aidé à aller décrocher le général alors qu’il était à un moment en difficulté… E. M. : Je m’en souviens bien. Moi, j’étais déjà sur la pente descendant­e de ma carrière, et il était tombé la veille, j’avais du respect pour lui, et je l’ai aidé, oui…

B.H.: Il m’a fait gagner, clairement. Il était en difficulté, tous les autres l’avaient lâché, et moi j’étais le jeunot. Il avait envie de me propulser devant.

E.M. : Il m’a fait gagner à Camors, lui (rires)…

B.H. : Quand tu as ton idole qui te dit « Accroche-toi, accroche-toi, ce n’est pas fini ! », toi tu te bats comme un chiffonnie­r. Dans les cols, je décrochais. Mais il m’attendait… Et quand Merckx te dit ça, tu es obligé de t’accrocher. S’il n’avait pas été là, je ne pense pas que je gagnais. Ce sont des moments que je ne peux pas oublier.

Bernard Hinault : « J’ai découvert Eddy par Ouest-France car mes parents avaient le journal »

Et il y a eu le critérium de Camors, peu après…

B.H.: Oui, c’est notre première vraie rencontre. Le circuit montait. On est arrivé tous les deux au sprint, et il a gagné !

E.M.: Il a freiné, hein (rires)… B.H.: Bah oui, tu ne peux pas battre ton maître quand même (rires)…

Merckx était votre idole, donc. Mais comment l’avez-vous découvert ?

B. H. : Je l’ai découvert un peu par « Ouest-France », car mes parents avaient le journal. Et puis grâce à la télé aussi. Tu voyais ses exploits, les résumés, la manière. À cette époque, je ne savais pas encore que j’allais devenir coureur, mais j’étais déjà bluffé.

Vous êtes-vous, dans la constructi­on du champion que vous êtes devenu, inspiré d’Eddy Merckx ? B.H. : Je ne pense pas. En fait, c’est difficile à expliquer, mais tu ne deviens pas champion. Tu as ça en toi, ou pas. C’est inné. Ça ne se fabrique pas.

E.M.: Complèteme­nt !

B. H. : Regardez aujourd’hui. On entend des coureurs dire qu’ils vont sur des courses pour faire des tops 10. Moi, ça me désole. Le gars ne vient pas pour gagner, donc il ne gagnera jamais ! Moi, je disais que je venais pour faire la course, et on voyait ensuite le résultat.

E.M.: Tu viens pour gagner. Point. Moi, quand je prenais le départ d’une course, ça n’était pas pour m’entraîner, pour figurer… Souvent je disais que j’allais faire une « kermesse », mais dès que la course partait, c’était plus fort que moi, et j’essayais d’aller la gagner.

Votre relation aurait-elle pu être aussi bonne si vous aviez été adversaire­s ?

E. M. : (sans hésiter) Non ! Bien sûr que non ! Ça aurait pété quelques fois (rires)…

B.H.: Il y aurait eu du poil d’arraché (rires) !

E.M.: La preuve, avec Ocaña ça ne s’est pas très bien passé.

B.H.: Mais bon, ça ne nous aurait pas empêchés le soir de bien manger ensemble. Car c’est ça l’esprit du vélo pour moi. Tu te mets une bonne « branlée » la journée, mais le soir tu es au restaurant et tu en reparles. « Je t’en ai mis une bonne, et demain je t’en remettrai une autre ! ». C’est ça la compétitio­n.

Il n’y a jamais eu de vrais affronteme­nts entre vous ?

B.H.: Pas tellement, non. Sur ParisNice 1975, je finis sixième, toi tu gagnes, mais ça n’est pas une rivalité…

E.M.: Je gagne Paris-Nice en 1975 moi, t’es sûr ?

B. H. : Je crois, oui. Enfin t’étais devant dans l’échappée, on était six dans le coup, tu ne te souviens pas ? Il n’y avait que des Belges et moi j’étais le seul Français…

Si vous ne vous en souvenez pas, c’est que ça ne doit pas être une victoire…

B.H.: Eh attends, Eddy en a gagné 525 hein ! Comment tu veux qu’il se souvienne de tout (rires) ?

E. M. : Mais je suis sûr de ne pas avoir gagné Paris – Nice en 1975, ça ne me dit rien… (NDLR : effectivem­ent, il a terminé 2e du général).

Eddy Merckx : « Un duel Merckx – Hinault ? On se serait affronté par la force »

Et ça aurait ressemblé à quoi, un duel entre Merckx et Hinault, sur un vélo ?

E.M.: On se serait affronté par la force.

B. H. : Oui, c’est ça. À celui qui aurait craqué le premier. Mais bon, à côté, les pauvres malheureux dans le peloton, ils n’auraient pas vu le jour (rires)… On aurait fait des bordures à deux (rires) !

Est-ce un regret de ne jamais s’être affronté sur le Tour ?

B.H.: Non. Et puis dans toute l’histoire, quand on regarde bien, il y a rarement eu deux champions en même temps. À part Coppi et Bartali, peutêtre.

Il n’y a pas de place pour deux champions ?

E. M. : (catégoriqu­e) Non. Il n’y a qu’une place. Numéro 1.

Il y a eu Anquetil et Poulidor, quand même…

E. M. : Attendez, Poulidor a gagné des courses, mais ça n’était pas un numéro 1 ! Il n’était pas gagneur comme moi, Bernard, ou Anquetil.

En quoi étiez-vous les mêmes, tous les deux ?

E. M. : On avait cette volonté de gagner à tout prix. On prenait nos métiers avec amour, mais on était conscients des sacrifices qu’il fallait faire. De l’entraîneme­nt que ça demandait. Même si on avait du talent, on a dû bosser…

B.H.: On était des durs au mal. Et puis oui, dans nos têtes, on avait ça, en nous. Quelque part, il y a ceux qui ont un mental d’assassin, et puis il y a les suiveurs. Certains ne voulaient jamais prendre de risque de peur de perdre. Le champion, lui, même s’il sait qu’il va perdre, attaquera. Et tant qu’il n’aura pas passé la ligne, il ne va jamais croire que c’est fini.

Contrairem­ent à d’autres, après vos carrières, vous n’avez jamais souhaité devenir manager d’équipe, directeur sportif. Pourquoi ? B.H.: Parce que j’aurais été trop dur. J’aurais voulu que les coureurs fassent exactement comme moi. Quand tu les vois aujourd’hui, « je veux tant d’argent », moi je leur aurais dit «je veux tant de résultats ». Aucun n’aurait pu signer avec moi.

E.M.: J’en ai fait un peu en 1978, mais il faut prendre conscience que les génération­s changent. Et puis honnêtemen­t, je ne me voyais pas dans une voiture, tout le temps, à sui

vre les gars…

Vous êtes deux légendes du cyclisme. Comment le vit-on, au fond ?

B.H.: Tu vis avec, tu t’y fais, tu n’as pas le choix.

E.M.: Il faut l’accepter, mais bon… Des moments sont plus difficiles, quand même. Quand vous êtes au restaurant, on vous regarde comme ça, là-bas… Ça fait partie du truc, c’est comme ça. Moi, j’ai encore des demandes, aujourd’hui, pour aller partout. On me proposait encore dernièreme­nt d’aller en Italie, on m’a proposé de l’argent pour ça. Mais ça ne m’intéresse plus.

Bernard Hinault : « Ce qu’on représente, tout ça, je crois qu’on s’en fout, en fait, tous les deux »

Vous avez le sentiment, peut-être, d’avoir déjà tout dit sur votre carrière…

E.M.: Je pense, oui, ça doit être ça. Il n’y a plus beaucoup de secrets… Et puis je n’ai pas l’envie d’enchaîner cinquante selfies les uns après les autres, aussi…

B. H. : En fait, il ne faut pas avoir peur de dire aux gens « Tu permets, je suis un être humain comme toi, j’ai faim, je finis de manger, et après on pourra se voir ».

E.M.: Et puis tu n’as pas toujours envie qu’on vienne sonner à ta porte non plus…

Mais ça arrive toujours aujourd’hui ?

E.M.: Bien sûr ! Plus que vous ne le pensez.

B. H. : Mais vous savez, ce qu’on représente, tout ça, je crois qu’on s’en fout, en fait, tous les deux. On l’a fait pour nous, pas pour les autres. Quand les gens t’applaudiss­ent, ça te touche, mais honnêtemen­t, sur un vélo, ça ne te fait pas aller plus vite. Quand t’as la selle dans le cul, t’as la selle dans le cul…

Parvenez-vous à vous voir souvent ?

BH: On ne se voit plus assez, non. Et de plus en plus rarement, malheureus­ement, sachant qu’on est éloigné des courses lui et moi, qu’on vit dans deux pays différents.

Au fond, comment s’est façonnée votre amitié ?

E.M: D’abord par le respect. On a vu qu’on était des passionnés. Je voyais Bernard sur le Tour de France, je le suivais. Après sa carrière, quand il a commencé son entreprise de grossiste, il est venu à Bruxelles, je lui ai donné un coup de main. Comme j’avais fait pour Ocaña, je lui avais trouvé un importateu­r en Belgique pour son armagnac.

B.H.: Ça ne s’explique pas, l’amitié entre les gens. Quelque chose passe avec des gens, et avec d’autres ça ne passera jamais. Avec Eddy ça l’a fait.

Eddy, vous alliez voir Bernard sur les courses ?

E.M.: Oui, j’y allais. Mais j’avais mon entreprise, je n’y étais pas tout le temps. Mais ma femme, quand elle allait avec les enfants sur le Tour, elle allait voir Bernard. Elle allait lui dire bonjour, il y avait déjà de l’amitié entre nous.

B. H. : C’est un ensemble. Il n’y a pas que nous deux, nos familles vont avec.

Dans la vie, partagez-vous les mêmes goûts ?

E.M.: Pas spécialeme­nt, non.

B.H.: Mais on aime bien la vie, les bons vins, on aime bien manger. E.M.: Les crustacés notamment. B. H. : On est des bons vivants quoi ! Et bien sûr on aime le vélo…

Bernard Hinault : « Trop de coureurs aujourd’hui, ont oublié que le vélo était un jeu »

Auriez-vous pu être coureur aujourd’hui ?

B.H.: Oui. Je pense qu’on se serait adapté.

E.M.: Si j’avais 16 ans aujourd’hui, je recommence­rai à être coureur cycliste, bien sûr. On a su, à notre époque, s’adapter à l’évolution du matériel, ça n’était déjà plus le même que la génération d’avant. C’était plus lourd. Moi, on roulait avec cinq vitesses au début de ma carrière, sur la fin de ma carrière il y en avait douze…

B.H.: Le champion s’adapte à tout. Et quelle que soit la période où tu vas le mettre, il sera toujours le meilleur. Il va tout faire pour être le meilleur. Aujourd’hui, avec toute la technologi­e qu’il y a, je suis sûr qu’on aurait cherché par tous les moyens comment gagner. Des moyens licites bien sûr.

Continuez-vous à suivre le vélo ? E. M. : Moi oui, beaucoup. J’ai toujours continué à regarder le vélo, je ne l’ai jamais quitté.

B.H.: Je le suis davantage depuis deux-trois ans. Il y a des jeunes qui sont arrivés, qui font « bim bam boum » ! Avant, il y a eu toute une période où il n’y avait plus de course. Tu en avais cinq qui partaient, tu les revoyais à vingt kilomètres de l’arrivée. Donc tu allumais ta télé à vingt kilomètres de l’arrivée. Il ne se passait rien avant. Depuis Julian (Alaphilipp­e), il y a de l’attaque, ça part de tous les côtés. Van der Poel, Van Aert, Pidcock, Pogacar, Carapaz, ça arrive de partout…

Êtes-vous à l’affût de vos successeur­s ? Vous n’avez pas eu de successeur­s, chacun dans vos pays… E.M.: (dépité) Oui, et je pense qu’on va devoir attendre encore longtemps avant qu’un Belge ne gagne le Tour !

B. H. : Peut-être avec Evenepoel, non ?

E.M.: Non non, je n’y crois pas. Il a beaucoup de qualités, c’est un grand athlète, mais il n’est pas assez complet. Il va gagner des courses, il a une force physique au-dessus de la moyenne, mais il a des lacunes en montagne, en descente.

Et Van Aert ?

E. M. : Il peut gagner le Maillot Vert autant de fois qu’il veut, mais le Jaune non. Pas assez grimpeur. Et puis il faut voir les autres à côté, les Pogacar, etc.

Vous êtes tous les deux du même avis sur Pogacar…

E.M.: Oui, je pense. Pour moi, c’est le meilleur. Il gagne partout, il est complet. Il n’a que 23 ans et déjà gagné deux Tour. C’est lui qui peut nous rejoindre à cinq Tour, je n’en vois pas d’autres aujourd’hui.

B.H.: Lui, en plus, ne se contente pas que du Tour. Il fait les Classiques, les Mondiaux, les JO.

E.M.: Et puis il a les deux pieds sur terre, il ne croit pas qu’il est au-dessus.

B.H.: Il a dit une expression qui me fait plaisir : « Le sport est un jeu » .Ça n’est pas un métier. Ce n’est pas parce que tu le fais à bloc que c’est un métier. Ça doit rester un jeu. Un plaisir. Trop de coureurs, aujourd’hui, ne sont pas là-dedans. Ils ont oublié que c’était un jeu.

Qui est le nouveau « Blaireau » ? B.H.: Celui qui se rapproche le plus de moi, côté français, c’est Julian (Alaphilipp­e).

Et le nouveau « Cannibale » ? E.M.: Pour moi, c’est Pogacar.

Par le passé, vous avez déjà fait confiance à des successeur­s, et certains ont sali votre héritage avec du dopage. Vous n’avez pas cette crainte avec lui ?

E. M. : Non. Pour moi, c’est un vrai profession­nel.

B.H.: Normalemen­t non.

Lance Armstrong avait gagné sept fois le Tour, vous y croyiez à l’époque. Quel regard portez-vous là-dessus avec le recul ?

B.H.: C’était une période noire. Toute une période. Ils ont joué, ils ont perdu. Il faut tirer un trait dessus et repartir sur de bonnes bases. Et je pense que les bonnes bases, ce sont tous ces jeunes d’aujourd’hui.

Eddy Merckx : « Pour moi, le nouveau Cannibale c’est Pogacar »

Vous ressentiez quoi, à l’époque ? De la trahison ?

B.H.: C’est surtout l’image que ça a donnée de notre sport. Qui n’était pas plus mauvais que les autres, il ne faut pas croire ! On parle toujours du vélo mais à côté…

Qu’est-ce que le vélo vous a apporté dans votre vie ?

E. M. : Tout. Socialemen­t, il m’a fait grandir. Le vélo m’a apporté une passion, une profession.

Sans le vélo, il y aurait eu quoi ? B.H.: J’aurais été ajusteur.

E. M. : Et moi épicier. Ou prof de sport.

B. H. : Je n’aurais pas pu voyager autant, payer ensuite à ma femme, mes enfants, les vacances que je leur ai offertes. Si j’avais été ouvrier, je n’aurais pas vécu ça, j’aurais eu une autre vie. Différente. Je me dis que ça a valu le coup, quand même… « Les plaisirs, maintenant, ce sont la famille, les petits enfants, les enfants… »

Comment regarde-t-on le temps qui passe ?

B. H. : Il passe trop vite. Et on n’est que des êtres humains. On a nos petits soucis, comme tout le monde…

E.M.: Heureuseme­nt ! Aujourd’hui, on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut. L’important c’est d’être en bonne santé. Les plaisirs, maintenant, ce sont la famille, les petits enfants, les enfants…

B. H. : On a ça en commun. Les plaisirs de la vie, des plaisirs simples. Une bande de copains, un livre…

Et faites-vous encore du vélo, tous les deux ?

E.M.: Oui. J’ai quelques problèmes à la hanche, mais j’étais encore hier avec un ancien équipier. J’aime toujours faire des sorties à vélo. En revanche, je n’aime plus monter de cols. Ça, c’est exclu (rires)…

Bernard Hinault a un vélo électrique pour ça maintenant…

B. H. : Bah oui, c’est super ! Il faut assumer… Et puis, ce n’est pas parce que tu as un moteur dans ton vélo que tu es obligé de l’utiliser, hein ! Si tu roules au-dessus de 24-25 km/h, tu n’as plus d’assistance. C’est quand tu roules en dessous que tu as un petit coup de pouce (rires)…

E.M.: C’est vrai que mieux vaut faire du vélo électrique plutôt que d’être à l’agonie… Je n’en fais pas encore, Bernard, mais ça va venir (rires) !

 ?? | CRÉDIT PHOTO : EMILIE HAUTIER ?? « Ouest-France » a réuni Bernard Hinault, 67 ans, et Eddy Merckx, 76 ans, les deux plus grandes légendes vivantes de l’histoire du cyclisme, à Paris
| CRÉDIT PHOTO : EMILIE HAUTIER « Ouest-France » a réuni Bernard Hinault, 67 ans, et Eddy Merckx, 76 ans, les deux plus grandes légendes vivantes de l’histoire du cyclisme, à Paris
 ?? OUEST-FRANCE ?? Philippe Brunel et Bernard Hinault à Paris, le 30 mars.
OUEST-FRANCE Philippe Brunel et Bernard Hinault à Paris, le 30 mars.
 ?? DANIEL FOURAY OUEST-FRANCE ?? Bernard Hinault et Bernard Thévenet, réunis à Paris le 30 mars.
DANIEL FOURAY OUEST-FRANCE Bernard Hinault et Bernard Thévenet, réunis à Paris le 30 mars.

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