Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
21 coups de canon tirés pour le Président
À la fin de la cérémonie d’investiture du président de la République, la salve est tirée depuis l’hôtel national des Invalides à Paris. D’où vient cette tradition qui perdure depuis 1965 ?
C’est une tradition républicaine qui perdure, du général de Gaulle à Emmanuel Macron. À chaque fin de cérémonie d’investiture du président de la République française – dont la date officielle pour 2022 n’a pas encore été communiquée – le nouveau chef de l’État se rend sur la terrasse du parc de l’Élysée. Il y reçoit les honneurs de la Garde républicaine, avant un salut au drapeau et La Marseillaise. Tout cela, depuis l’hôtel national des Invalides.
« Après avoir écouté La Marseillaise devant le drapeau, le Président passe les troupes en revue. Une salve de 21 coups de canons est tirée », précise l’Élysée sur son site Internet. Mais pourquoi fait-on parler la poudre (à blanc) lors de l’investiture du nouveau président de la République ?
Un héritage de l’Ancien Régime
Il s’agit en fait d’une tradition monarchique, héritée de l’Ancien Régime, le mode d’organisation sociale qui a prévalu dans le royaume de France de la fin du XVIe siècle à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, pour annoncer la mort d’un roi et l’intronisation de son successeur, 101 coups de canons étaient tirés.
« Dans l’Ancien Régime, on tirait des Invalides mais aussi du Louvre. La Ville de Paris tirait également. C’était aussi le cas pour les naissances royales », détaille Pascale Mormiche, professeure d’histoire à l’université de Cergy-Pontoise et spécialiste de la cour de Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Ce n’est qu’en 1958, au début de la Ve République, « que les 101 coups royalistes sont transformés en 21 coups républicains », rappellent nos confrères d’Europe 1. De symbole de la monarchie à celui de la République il n’y a qu’un pas, mais pourquoi l’avoir gardé ? Selon Pascale Mormiche, ce rituel a été conservé et perpétué car « pour un régime politique, il faut des symboles, des rites ».
Pas de coups de canon en 2022 ?
« Un régime politique se consolide dans des traditions et celui-ci fait partie de la vie de la République, poursuit-elle. Les coups de canons permettent d’ancrer dans l’imaginaire populaire le rituel politique du changement à la tête de l’État. »
Depuis le début de la Ve République, « seuls deux présidents ont refusé de se prêter au jeu de ces coups de canon, soulignent nos confrères de TF1. François Mitterrand, d’abord, en 1988 et Jacques Chirac, ensuite, en 2002. Mais les deux chefs d’État venaient d’être réélus et se succédaient donc à eux-mêmes. »
Emmanuel Macron les imitera-t-il ? Pour le moment, aucune information n’a filtré. Concernant la cérémonie d’investiture elle-même, aucune date n’a été communiqué mais elle devra impérativement se tenir avant le vendredi 13 mai, jour de l’expiration du mandat actuel. Le Conseil constitutionnel fixera la date de l’investiture, qui sera officiellement celle du début du nouveau mandat.
Édouard LAMORT.