Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

22 h 55 : et Nantes chavire de bonheur

- Philippe ECALLE.

Comme une explosion dans le coeur de Nantes. C’était hier soir. Une foule qui n’en croyait pas ses yeux. On crie. On danse. On chante. On craque des fumigènes sans se faire sanctionne­r. Ce samedi soir, ils étaient près de 20 000 supporters rassemblés cours Saint- Pierre et cours Saint-André. Au moins le double au Stade de France. Et tant d’autres, le regard vissé devant l’écran, chez eux et dans les bars de la ville.

C’est tout Nantes qui a chaviré. Souffert et tout donné avec Nicolas Pallois et ses copains pour ramener la Coupe de France à Nantes. Le genre de moment qui ne se rate pas, qu’on soit supporter ou pas. Qu’on agrafe au revers de ses souvenirs comme un ancien combattant le fait de ses médailles lors d’une cérémonie d’hommage. On sait qu’on pourra le raconter. Parce qu’on y était. Parce qu’on l’a vécu, sur cette immense esplanade.

Les vieux maillots de sortie

Ce samedi, on est venu en famille ou entre amis. Pour vivre un grand événement populaire, en tout cas. Et communier ensemble. Si longtemps que ça n’était pas arrivé. Le Covid a grippé la machine de ces grands moments populaires. Pas question de gâcher celui- là. Une envie de le vivre jusqu’au bout de la nuit.

Les supporters ont ressorti les vieux maillots du FC Nantes des armoires. Ceux de leur enfance aussi. Les maillots les boudinent un peu. Et alors ? L’essentiel est ailleurs. Les drapeaux du FC Nantes flottent au- dessus de cette marée jaune. On aperçoit le Gwenn ha du, drapeau breton. Et même la bannière de l’Argentine. On chante, aussi. Le coup d’envoi du match agit comme une première délivrance.

Tous les moyens sont bons pour tenter d’apercevoir le matche retransmis sur un grand écran qui est décidément trop petit. On se met sur la pointe des pieds. Les enfants montent sur les épaules de papa. L’un d’entre eux s’est mis en tête d’improviser un dôme de graviers pour permettre à ses enfants de mieux voir.

Deuxminots prennent de la hauteur en montant sur des tabourets. À la 9e minute, première émotion. Le 9, c’était le numéro du maillot de feu Emiliano Sala. Il n’a jamais été oublié dans le coeur des supporters. Ce soir, il est dans tous les coeurs.

Un cierge à la cathédrale

Dans la ville et dans ce stade improvisé, la températur­emonte d’un cran au début de la 2e mi- temps quand le capitaine Ludovic Blas ouvre le score. Ce n’est plus un stade, c’est un chaudron chaud bouillant. Dedans, une foule portée à ébullition. Sur l’écran, un gros plan des supporters nantais montés à Paris qui reprennent « qui ne saute pas n’est pas Nantais ». Comme par mimétisme, à Nantes, on en fait autant. Les tacles de Nicolas Palois sont applaudis comme si Pavard venait de marquer contre l’Argentine en Coupe du monde. Louise, aperçue plus tôt dans la journée, croise peut- être les doigts. Dans l’après- midi, elle a fait une halte à la cathédrale pour brûler un cierge :

« On ne sait jamais. »

Les dernières minutes sont un suspense insoutenab­le pour les supporters. À 22 h 55, C’est fini ! La ville se transforme en un immense kop en plein centre- ville. La nuit ne fait que commencer. Elle va être longue et agitée. Certains supporters restent devant l’écran pour regarder la remise de la Coupe de France. Vibrer encore. La marée humaine va pouvoir se déverser dans les rues. Elle passera sans doute par la place Royale, qui va se couvrir de maillots jaunes et de drapeaux. Des scènes de liesse devenues trop rares depuis quelques années.

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| PHOTO : MATHIEU PATTIER, OUEST-FRANCE Les supporters étaient nombreux au centre-ville.

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