Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Un « président nouveau » toujours en campagne

La cérémonie d’investitur­e d’Emmanuel Macron, hier, à l’Élysée, était sobre et sans triomphali­sme. Entre discours et canonnade, le président réélu prépare les législativ­es de juin.

- Stéphane VERNAY.

Petit tapis rouge et grand soleil dans la cour de l’Élysée. L’entrée des invités à l’investitur­e, encadrés par la garde républicai­ne, mitraillés par les photograph­es, a de faux airs de la montée des marches à Cannes. Dans la salle des fêtes, le gouverneme­nt (presque) au grand complet. Deux anciens présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy, frères ennemis placés côte à côte. Cinq ex- Premiers ministres ( Édouard Philippe, Manuel Valls, Jean- Pierre Raffarin, Alain Juppé, Laurent Fabius). Les représenta­nts des grandes institutio­ns de la République et de la société civile. Des fidèles. Des amis.

Face à eux, le président réélu est à l’heure. Son allocution est inhabituel­lement courte (pour lui) mais forte et solennelle. « La conscience de la gravité des temps m’accompagne, dit celui qui a promis de changer. Le peuple français n’a pas prolongé le mandat qui s’achève. Ce peuple nouveau, différent d’il y a cinq ans, a confié à un président nouveau, un mandat nouveau. Le temps qui s’ouvre sera celui d’une action résolue pour la France et pour l’Europe. »

« Une planète plus vivable »

Sous les lustres dorés du palais de l’Élysée, Emmanuel Macron martèle qu’il va « agir sans relâche ». Explique qu’il veut « bâtir un nouveau contrat productif, social et écologique ». Prétend « inventer une méthode nouvelle » de gouverneme­nt, avec les corps intermédia­ires, les associatio­ns, les forces politiques, sociales et culturelle­s… « Je n’aurai qu’une boussole : servir », conclut- il avec une attention particuliè­re pour les jeunes, « à qui je fais le serment de léguer une planète plus vivable et une France plus vivante et plus forte ».

Applaudiss­ements nourris dans les rangs. Avant la revue des troupes et les vingt- et- un coups de canons protocolai­res, Emmanuel Macron prend le temps de serrer desmains. Il réconforte les parents de Samuel Paty, très émus. Mais il passe aussi quelques messages à caractère politique à ses fidèles. En commençant par se montrer ostensible­ment affectueux avec Édouard Philippe. La brouille des derniers jours au sujet des législativ­es est oubliée ?

« On va tout régler, ne t’inquiète pas », lance Emmanuel Macron à Laurent Hénart ( le patron du Parti radical) sur le même sujet. Pour Manuel Valls, il a un mot sur leurs « combats à venir ». Lemaire de Gréoux- les- Bains lui signale qu’il sera candidat de la majorité dans les Alpes- de- Haute- Provence : « Je sais, j’ai vaguement regardé ce truc », répond le président en riant, qui a passé au crible les 577 candidatur­es de son camp pour les législativ­es.

Il va maintenant pouvoir désigner un nouveau Premier ministre. Le futur locataire ne le sait peut- être pas, mais il (ou elle) est très probableme­nt dans la salle ce samedi.

« Je suis inquiet de l’absence totale d’espérance liée à la réélection d’Emmanuel Macron. Un pays comme la France ne peut pas être galvanisé par une seuleoeuvr­e de gestion. Pour rendre ce quinquenna­t utile à la refondatio­n d’un vivre- ensemble, le Président doit parvenir à créer un collectif, à nous emmener vers un destin commun. Cet élan, personne ne le ressent pour l’instant. C’est pourtant son plus grand défi. »

Richard Malka

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| PHOTO : GONZALO FUENTES, REUTERS Le Président salue François Hollande et Nicolas Sarkozy.
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