Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Un « président nouveau » toujours en campagne
La cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron, hier, à l’Élysée, était sobre et sans triomphalisme. Entre discours et canonnade, le président réélu prépare les législatives de juin.
Petit tapis rouge et grand soleil dans la cour de l’Élysée. L’entrée des invités à l’investiture, encadrés par la garde républicaine, mitraillés par les photographes, a de faux airs de la montée des marches à Cannes. Dans la salle des fêtes, le gouvernement (presque) au grand complet. Deux anciens présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy, frères ennemis placés côte à côte. Cinq ex- Premiers ministres ( Édouard Philippe, Manuel Valls, Jean- Pierre Raffarin, Alain Juppé, Laurent Fabius). Les représentants des grandes institutions de la République et de la société civile. Des fidèles. Des amis.
Face à eux, le président réélu est à l’heure. Son allocution est inhabituellement courte (pour lui) mais forte et solennelle. « La conscience de la gravité des temps m’accompagne, dit celui qui a promis de changer. Le peuple français n’a pas prolongé le mandat qui s’achève. Ce peuple nouveau, différent d’il y a cinq ans, a confié à un président nouveau, un mandat nouveau. Le temps qui s’ouvre sera celui d’une action résolue pour la France et pour l’Europe. »
« Une planète plus vivable »
Sous les lustres dorés du palais de l’Élysée, Emmanuel Macron martèle qu’il va « agir sans relâche ». Explique qu’il veut « bâtir un nouveau contrat productif, social et écologique ». Prétend « inventer une méthode nouvelle » de gouvernement, avec les corps intermédiaires, les associations, les forces politiques, sociales et culturelles… « Je n’aurai qu’une boussole : servir », conclut- il avec une attention particulière pour les jeunes, « à qui je fais le serment de léguer une planète plus vivable et une France plus vivante et plus forte ».
Applaudissements nourris dans les rangs. Avant la revue des troupes et les vingt- et- un coups de canons protocolaires, Emmanuel Macron prend le temps de serrer desmains. Il réconforte les parents de Samuel Paty, très émus. Mais il passe aussi quelques messages à caractère politique à ses fidèles. En commençant par se montrer ostensiblement affectueux avec Édouard Philippe. La brouille des derniers jours au sujet des législatives est oubliée ?
« On va tout régler, ne t’inquiète pas », lance Emmanuel Macron à Laurent Hénart ( le patron du Parti radical) sur le même sujet. Pour Manuel Valls, il a un mot sur leurs « combats à venir ». Lemaire de Gréoux- les- Bains lui signale qu’il sera candidat de la majorité dans les Alpes- de- Haute- Provence : « Je sais, j’ai vaguement regardé ce truc », répond le président en riant, qui a passé au crible les 577 candidatures de son camp pour les législatives.
Il va maintenant pouvoir désigner un nouveau Premier ministre. Le futur locataire ne le sait peut- être pas, mais il (ou elle) est très probablement dans la salle ce samedi.
« Je suis inquiet de l’absence totale d’espérance liée à la réélection d’Emmanuel Macron. Un pays comme la France ne peut pas être galvanisé par une seuleoeuvre de gestion. Pour rendre ce quinquennat utile à la refondation d’un vivre- ensemble, le Président doit parvenir à créer un collectif, à nous emmener vers un destin commun. Cet élan, personne ne le ressent pour l’instant. C’est pourtant son plus grand défi. »
Richard Malka