Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Les gauches célèbrent leur mariage « historique »
La Nouvelle union populaire écologique et sociale a tenu sa première convention hier, à Aubervilliers. Aumenu : enthousiasme, règlements de comptes et mobilisation générale.
« Union populaire ! Union populaire ! » scande la foule debout comme un seul homme. Écran géant, grosse sono et ferveur au rendez-vous pour la première convention de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), hier, à Aubervilliers.
Dans la salle, les futurs candidats aux législatives, insoumis, écologistes, socialistes, communistes, qui se présenteront sous une même bannière en juin. Sur scène, les ténors de la gauche et des écologistes, enfin réunis autour d’un « programme commun ambitieux, qui va changer l’avenir », promet l’eurodéputée La France insoumise (LFI) Manon Aubry. « Vous la sentez, la vague d’espoir qui se lève ? La partie n’est pas finie ! Nous ne sommes pas condamnés à attendre cinq ans de plus », complète Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean- Luc Mélenchon.
« Créer une force pérenne »
« Commevous, je crois à la victoire en juin », enchaîne Olivier Faure. Le premier des socialistes promet de rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune et d’abandonner la flat tax. Tape sur à bras raccourcis sur le programme d’Emmanuel Macron… et désavoue la loi El Khomri de 2016 « qu’aucun socialiste n’aurait votée si elle n’avait pas été adoptée par 49- 3 ». Fabien Roussel, qui le suit, est persuadé que « les réformes heureuses sont à portée demain ! » Le patron des communistes exhorte les troupes à convaincre « les électeurs en dépression démocratique, celles et ceux qui n’y croient plus », de voter en juin. « Notre principal adversaire sera, je le crains, l’abstention », souligne- t- il. Julien Bayou s’en prend, lui, aux détracteurs de la nouvelle union. « Si elle suscite énormément de critiques, c’est que nos adversaires sentent que nous pouvons gagner, et ils ont raison ! » Le chef EELV raille ceux qui ont rallié la majorité, « désormais réduits à quémander un ministère ou une circonscription ». Et change de ton sur l’Europe, une ligne rouge, autrefois, chez les Verts : « Oui, désobéissons à l’Europe ! Pour la sauver et réorienter ses politiques vers le mieux- disant social et écologique. »
Le propos plaît. La salle, chauffée à blanc, est fin prête pour recevoir sa « “tortue sagace”, l’artisan du bloc populaire » : à Jean-Luc Mélenchon le dernier mot, sous forme de l’un de ces longs discours dont il a le secret. « Nous sommes en train d’écrire une pagedel’histoiredeFrance », insiste-til, déterminé à « créer une force pérenne, qui ne dure pas juste le temps d’une élection ».
« Cette union de la gauche me désespère. En atomisant le Parti socialiste, Olivier Faure [Premier secrétaire] amanqué la seule chance qu’il avait d’entrer dans l’histoire. Mitterrand doit se retourner dans sa tombe. Que ce parti se soumette à un parti antieuropéen, populiste, peu crédible économiquement, communautariste est une faute morale, et ça, on ne s’en remet jamais. Le PS s’est engagé dans une aventure médiocre et sans retour pour quelques députés de plus ou de moins. Les principes sont quand même plus importants ! Il faudra refonder un nouveau parti, d’une gauche modérée, nuancée, complexe, universaliste, européenne et laïque. »
Richard Malka