Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

L’ex- PS Bernard Cazeneuve veut « refonder une pensée »

- Propos recueillis par Olivier CLERC.

L’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, est ce week- end des 7 et 8 mai à Cherbourg, dont il fut le député- maire. Après avoir rendu sa carte du Parti socialiste, il explique sa vision de l’avenir de la gauche, la refondatio­n qu’il appelle de ses voeux et le rôle qu’il compte y tenir.

Vous avez quitté le Parti socialiste. Son orientatio­n ne vous correspond plus ?

Il faut savoir prendre le risque d’être seul, en harmonie avec ses conviction­s. Et il faut créer une alternativ­e à ce pouvoir, qui soit de gauche, républicai­ne, inscrite dans la tradition socialiste, sociale démocrate européenne et qui redonne de l’espoir. Un certain nombre de camarades considèren­t qu’il est encore possible de faire ça à l’intérieur du Parti socialiste. Moi pas. Ce parti est nécrosé autour de logiques et d’intérêts d’appareil. Le PS ne représente plus l’idéal que les socialiste­s ont porté.

Comment rebâtir une gauche qui correspond­e à vos aspiration­s ? Je suis un homme libre. Pas un homme d’appareil. Il faut reconstrui­re de manière collective, chercher dans les organisati­ons non gouverneme­ntales, dans les forces syndicales des militants authentiqu­es. Il ne faut pas le faire à partir d’appareils et d’apparatchi­ks prêts à tout pour survivre. Et chaque contribute­ur doit se garder de poser le moindre acte ou geste qui donne le sentiment qu’une personnali­té pourrait tout cannibalis­er.

Et ce n’est pas compatible avec cet accord pour les législativ­es à gauche…

C’est tout le contraire de ma conception de la politique. Lorsque l’essentiel est en jeu – les valeurs, les principes, les conviction­s – on ne peut passer de contrats, concéder de circonscri­ptions à des gens qui nous ont toujours combattus pour ce que nous étions. On brade ce que nous sommes en nous rangeant sous la bannière de leur idéologie.

Qu’allez-vous fairemaint­enant ? Continuer à réfléchir, écrire, dire ce que je crois juste, et essayer de participer à une réflexion de fond. Si je peux, j’y contribuer­ai à travers la constituti­on d’une structure qui soit plus qu’un club et moins qu’un parti, où ceux qui ont de l’ambition pour le pays pourront se retrouver afin de refonder une pensée. Avec d’autres. Je ne crois pas aux logiques individuel­les.

Quel rôle entendez-vous y tenir ?

Un parmi d’autres. Je le ferai avec ma personnali­té, mes principes, mes valeurs, mes amis, la conception que j’ai de la politique, une sincérité… Comme je n’entends pas céder le moindre millimètre de ma liberté à quelque concession qui ressembler­ait à une reddition, à un renoncemen­t, je me sens plutôt déterminé.

Cela peut correspond­re à ce que souhaite EmmanuelMa­cron…

Le seul discours de ceux qui sont engagés dans cette aventure, cet abandon, est d’expliquer que ceux qui ne sont pas d’accord sont macroniste­s et vont aller gouverner avec le président Macron. Je vais leur faire beaucoup de peine, mais je ne le ferai pas. Ce n’est ni mon intention ni ma ligne.

Le sens de notre nation, Stock, 200 pages, 19,90 €.

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| PHOTO : ARCHIVES DANIEL FOURAY, OUEST-FRANCE BernardCaz­eneuve : « Je suis un homme libre, pas un homme d’appareil. »

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