Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Entendez-vous dans la campagne…
Chaque dimanche, les journalistes de Ouest- France révèlent les bruits et chuchotements glanés au fil de leurs reportages sur les élections législatives en Loire-Atlantique.
Boussole
La candidate du RN sur la quatrième circonscription du Sud- Loire, pensait encore récemment que la députée sortante, en l’occurrence Aude Amadou, était encartée au… Parti socialiste
r, elle bien membre d’En marche, comme les neuf autres députés sortants de Loire-Atlantique. À l’heure où les partis de gauche perdent un peu la boussole, on peut dire qu’ils ne sont pas les seuls.
Incroyable talent
Il n’y a pas qu’Emmanuel Macron qui pratique l’art du « en même temps ». Les socialistes nantais ont montré cette semaine qu’ils pouvaient exceller en la matière.
À commencer par l’ancien députémaire de Nantes, Jean- Marc Ayrault, qui voit son ex- circonscription, la troisième, confiée à un Insoumis. « Cette négociation n’est pas acceptable », s’énerve- t- il, avant de lâcher : « En même temps, j’ai bien conscience qu’avec 1,7% des voix à la présidentielle, ça nemet pas le Parti socialiste en situation confortable. »
Même son de cloche du côté de la maire de Nantes, qui appelait, jeudi, à « valider cet accord » tout en mesurant « la déception des candidats et militants ». Les socialistes nantais ont un incroyable talent : celui de jongler avec les mots.
L’amour vache
La socialiste Karine Daniel a pris le temps de mûrir sa réaction avant de réagir à l’annonce de l’accord LFI/PS qui la condamne à faire le deuil de sa candidature dans la troisième circonscription, celle de Nantes/SaintHerblain.
Dans un long communiqué, transmis jeudi soir, elle souhaite aux candidats LFI « de parvenir à convaincre » et de « l’emporter face aux droites ».
Aussi chaleureux qu’un supporter ultra du FC Nantes souhaitant une bonne année à Waldemar Kita !
Fichue photo
Qui donc, dans l’équipe de campagne de Foulques Chombart de Lauwes, a eu l’idée de poster sur les réseaux sociaux cette photo où on voit l’élu nantais, face à ses soutiens, se gratter les cheveux.
Comme si le candidat LR dans la seconde circonscription de Loire-Atlantique, était soucieux. Et considérait la partie perdue d’avance.
Il est vrai que les résultats de la présidentielle, à Nantes, ne peuvent guère l’inviter à l’optimisme. Voire à s’arracher les cheveux !
Insoumis de la semaine
Il y a cinq ans, les Insoumis de SaintNazaire avaient tordu le bras aux Insoumis de Paris qui avaient désigné un candidat aux législatives qui n’était pas le leur.
Plus Insoumis que les autres, ils avaient replacé leur bonhomme. Cette fois, les Insoumis du cru ont ronchonné en silence sur l’arrivée chez eux de Matthias Tavel.
Les alliés verts et communistes, Sarah Trichet-Allaire et André Fadda, n’ont plus à prouver leur potentiel à s’indigner, mais cette fois, ils ont retiré leur candidature sans moufter pour le parachuté du Mans.
Le PS est aussi dans l’Union, mais il n’était pas question d’y inviter l’adjoint au maire, ennemi de la gauche de la gauche locale, Xavier Perrin. Lequel maintient finalement sa candidature. L’insoumis de la semaine, quoi !
Déchirement
Au PS, il y a les pro- accords avec LFI, les anti, et une guerre des tranchées à coup de punchlines. En première ligne des défenseurs de l’union pour les législatives, le Nantais Christophe Clergeau qui comptait parmi les négociateurs. « Oui, c’est un déchirement de ne pas avoir un candidat socialiste à Saint- Nazaire, Nantes centre, Rezé. Injuste pour le travail des militants. Mais il n’y a pas d’alternative, sinon disparaître. » Et l’élu régional de prévenir : « Ceux qui se mettront en travers de l’accord seront balayés. ». Du côté de SaintNazaire, le socialiste Xavier Perrin, encore lui, a les oreilles qui sifflent.
Tata flingueuse
Il n’y a pas si longtemps, elle se disait non professionnelle de la politique. Voilà qu’Audrey Dufeu, députée sortante de Saint- Nazaire dégaine les petites attaques bien senties.
Dans un communiqué surprise, elle sort les flingues de concours sur ses deux principaux adversaires : Matthias Tavel et Xavier Perrin, « apparatchiks davantage intéressés par leur propre intérêt que celui des habitants du territoire ». Elle dézingue un peu plus le second en avançant : « M. Perrin aurait volontiers accepté cet accord et facilement renié ses « valeurs » s’il avait été soutenu par l’Union populaire. » Sur ce coup- là, elle se trompe : l’arrivée du prétendant insoumis était inévitable et annoncé. Audrey Dufeu a choisi la politique- fiction. Ou plutôt Pulp fiction.
Ne me quitte pas
Plus de 40 ans que Pascal Bolo, adjoint aux Finances et à la tranquillité publique à Nantes, est au PS. Il doit tout et même un peu plus à ce parti. Le voir se rallier à La France insoumise lui laisse un goût très amer. Sur Twitter, il s’épanche et dit sa déception amoureuse. « Non, dit- il, je ne vais pas quitter le PS, c’est le PS qui m’a quitté. » Se faire quitter plutôt que quitter, c’est aussi tout un art.