Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Une croisière dans l’estuaire de la Gironde
Ce voyage présente un bel assemblage de richesses oenologiques et patrimoniales. De quoi émoustiller papilles et pupilles…
La Gironde est l’estuaire commun de deux fleuves, la Garonne et la Dordogne, qui joignent leur cours au bec d’Ambès. Mais la région, comme le soulignait le journaliste bordelais Pierre Veilletet, est « doublement baptisée, par l’eau et le vin ».
Elle totalise soixante- cinq AOC (Appellations d’origine contrôlée) et quelque 8000 châteaux. Partout se succèdent les lignes de ceps tirées au cordeau. Depuis l’estuaire que nous découvrons à bord du Cyrano de Bergerac, nous saluons de prestigieux domaines : le château Lafite Rothschild, grand cru classé, le château Cos d’Estournel, fleuron de Saint- Estèphe, ou encore les tours symétriques du château Pichon Baron, près de Pauillac. Afin de lever toute ambiguïté, le port de plaisance de cette ville a posé sur ses berges une imposante bouteille, comme un emblème incontournable.
« La belle endormie » s’est réveillée
Le temps d’un échange avec les viticulteurs, d’un coup d’oeil sur les chais et d’une dégustation - avec modération - nous nous arrêtons dans le Haut- Médoc, à Château- Balac, et dans le Saint- Émilion, à Château- LaCroizille. Hommage également à Bordeaux, où la cité du vin propose, sous ses rondeurs architecturales, un parcours initiatique au coeur des diverses civilisations du vin.
La navigation permet de découvrir des paysages enchanteurs, constellés de carrelets, typiques cabanes de pêcheurs. Les atouts patrimoniaux abondent. À Bourg- sur- Gironde, on flâne avec plaisir entre une ancienne porte médiévale et une charmante maison d’inspiration orientale. Sous l’impulsion de Louis XIV et de Vauban, Blaye s’est façonnée autour de sa citadelle, véritable ville dans la ville et « verrou de l’Aquitaine ». Ne pas négliger un petit tour de la bastide de Libourne, construite autour de sa place centrale entourée d’arcades, avant de rejoindre Bordeaux.
La visite témoigne que « la belle endormie » s’est bien réveillée. Un flot ininterrompu de promeneurs, joggeurs et autres cyclistes sillonne les quais rénovés avec talent. On admire les façades de la place de la Bourse et leur reflet dans le miroir d’eau. Dans le vieux centre, les portes Cailhau et la Grosse Cloche ont belle allure : ce sont les derniers vestiges des enceintes d’antan.
La foule déambule aussi de la cathédrale à la fontaine des Girondins, en passant par la place de la Comédie, où trône une tête géante de l’artiste espagnol Jaume Plensa. Dernière pensée pour Saint- Émilion et son église monolithe, creusée dans un seul bloc de pierre. Elle fut édifiée en l’honneur d’Émilion, généreux ermite breton qui quitta Vannes au VIIIe siècle pour s’établir dans une grotte au bord de la Dordogne. Signe que l’on peut se révéler prophète loin de ses terres…