Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Ludovic Blas, le petit prince de la coupe

L’hommeclé nantais (6,5 sur 10). Le capitaine des Canaris durant la compétitio­n a guidé les siens vers le succès, en inscrivant le seul but de la rencontre juste après le retour des vestiaires.

- Jean-Marcel BOUDARD.

C’est peut- être le seul moment où on lui a volé la vedette et c’était le fait de son président, Waldemar Kita, qui s’est immiscé dans la présentati­on du onze nantais au président Macron, lors du protocole d’avant-match. Pour le reste, Ludovic Blas a tenu son rôle et le cap, maîtrisé le tempo de la rencontre comme ses émotions. Il a dégagé cette force tranquille, affiché une maturité rassurante, comme si le brassard avait transformé l’ancien petit prince du Roudourou, arrivé turbulent sur les bords de l’Erdre et prêt à repartir assagi. « Ce capitanat, c’est un signe de confiance. Je veux montrer qu’on ne s’est pas trompé », n’a cessé de nous répéter Ludovic Blas au fil de la compétitio­n.

De l’ouverture glaciale au stade Bonal au finalmajes­tueux de Saint- Denis, le meneur de jeu s’est imposé comme le guide des Jaunes, le miroir de ce supplément d’âme nécessaire aux grandes épopées. Meilleur buteur de sa formation, il a ajouté une unité supplément­aire, hier soir, sa cinquième réalisatio­n et celle qui entrera dans l’histoire. Quentin Merlin avait astucieuse­ment remisé un ballon sur le côté et trouvé la main d’Hicham Boudaoui, obtenant un penalty juste après le retour aux vestiaires.

« Un moment indescript­ible »

Devant le virage des supporters nantais en fusion, Ludovic Blas a regardé ses chaussures, jeté un coup d’oeil sur le côté gauche et pris à trois reprises sa respiratio­n. Il a tiré en force, au centre du but, et pris Bulka à contre-pied, devant le premier adversaire de la compétitio­n à prendre à revers la défense azuréenne. Le numéro 10 des Canaris a couru vers le kop nantais, serré son poing et sauté face au poteau de corner. Il n’avait pas paniqué, lui, qui, face à Monaco, redoutait de devoir finir la série. « C’est de la pression, un moment qu’on ne peut pas décrire, confiait- il à Ouest- France dans un entretien paru cette semaine. C’est chaud, il faut rester lucide et ne pas trembler. »

Jusqu’ici, dans cette guerre de positions, il s’était montré très disponible, demandant le ballon dans toutes les zones du terrain, avec une préférence pour le côté droit, où il a montré une complicité évidente avec Marcus Coco, son compère des Côtesd’Armor et de la vie en dehors. Dans le nouveau système d’Antoine Kombouaré, il a un rôle plus bas, la responsabi­lité d’organiser les premières constructi­ons du jeu nantais.

À la finition des actions

Malgré Khéphren Thuram, qui l’a suivi comme son ombre, il a peu à peu mis en place sa passe starter, cette première relance si précieuse pour prendre l’espace et amorce les contre-attaques. Ça ne l’empêche pas, non plus, de se trouver à la finition des actions. Il est d’ailleurs à l’origine de la première frappe de sa formation, un tir rasant dans les bras de Bulka (13’) après une remise de la tête de Moses Simon. Il est surtout à la conclusion d’un rush dans la défense niçoise, dont il lui a manqué une pointe de pied pour devancer le portier azuréen (28’).

À l’image de sa saison, il ne faut pas réduire son activité aux 62 ballons touches. On l’a aussi vu participer aux tâches défensives, comme lorsqu’il vient reprendre un ballon, avec autorité, dans les pieds de Delort (19’). Ou quand il s’oppose à la frappe de Rosario (33’). Il a d’ailleurs remporté la moitié des duels qu’il a disputés. S’il n’a pas toujours été en réussite dans les dribbles qu’il a tentés, le Canari n’a jamais renoncé. Il nous est revenu en mémoire cette phrase. « Pendant notre parcours, on n’a pas montré de signe de panique et j’ai bien aimé. Ce sont des choses que j’ai répétées aux gars, ne pas avoir la pression. Ce sont des matches qu’on rêvait de jouer, donc il faut en profiter. »

Lui a savouré chaque instant qui a suivi le sifflet final. Il a été harangué le virage sud, longtemps communié avec les supporters, sans oublier aucune tribune où il y avait du jaune et vert. Antoine Kombouaré a eu raison de lui maintenir le brassard, malgré le retour d’Alban Lafont et alors qu’il traverse une période moins prolifique. À Nantes, quand on lui demandait les raisons de sa transforma­tion, Ludovic Blas disait à qui voulait bien l’entendre qu’il aimait bien qu’on se souvienne de lui dans les endroits où il passait. Il est devenu le 8e buteur de l’histoire du FC Nantes en finale de coupe de France, le quatrième capitaine à soulever le trophée.

 ?? | PHOTO : FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE ?? Ludovic Blas laisse exploser sa joie devant le virage de supporters nantais après le penalty converti en force face àMarcin Bulka.
| PHOTO : FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE Ludovic Blas laisse exploser sa joie devant le virage de supporters nantais après le penalty converti en force face àMarcin Bulka.
 ?? | PHOTO : MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE ?? Le capitaine Ludovic Blas ne tremble pas au moment de transforme­r son penalty pour inscrire l’unique but de cette finale..
| PHOTO : MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE Le capitaine Ludovic Blas ne tremble pas au moment de transforme­r son penalty pour inscrire l’unique but de cette finale..

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