Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

À l’Eurovision, le sacre de l’Ukraine sur le fil

Le groupe ukrainien a ravi la victoire aux Britanniqu­es grâce au vote du public, au 66e concours de la chanson, à Turin. Déception pour les Français et leur chanson en breton.

- Claire THÉVENOUX.

La France n’a reçu aucun des douze points attribués par les jurys profession­nels des quarante pays votants et seulement huit points du public. Déception pour les Français Alva & Ahez au PalaOlimpi­co de Turin. Fulenn, s’inspirant d’une légende bretonne, une chanson en breton pour ces quatre jeunes biberonnés à la culture Diwan ou au rock de granit, qui se sont rencontrés à Rennes. Leur prestation avait pourtant séduit le public, un électrocel­te entraînant et réjouissan­t, des costumes magnifique­ment brodés, une fraîcheur associée à du caractère et une poésie enracinée. Même JK Rowling, autrice d’Harry Potter, leur avait envoyé un message de soutien.

Cela n’a pas suffi pour que le musicien Alexis Morvan-Rosius (Alvan) et les chanteuses Marine Lavigne, Sterenn Diridollou et Sterenn Le Guillou (Ahez) donnent à la France sa première victoire depuis celle de Marie Myriam (L’enfant et l’oiseau) en 1977. Les Bretons ont subi une très rude concurrenc­e.

Pas qu’un vote de solidarité

À commencer par Kalush Orchestra, des Ukrainiens originaire­s de Kalush, dans les Carpates. Avec Stefania ,un morceau entraînant, mêlant hip-hop et musique traditionn­elle, l’Ukraine remporte le concours, d’abord grâce à sa prestation. Mais, en guerre avec la Russie depuis février, le pays a probableme­nt aussi bénéficié d’un large vote de solidarité. La salle du PalaOlimpi­co, où se produisaie­nt les vingtcinq groupes, s’était habillée de drapeaux bleu et jaune, aux couleurs ukrainienn­es, jusque sur la guitare du candidat allemand. L’Eurovision s’était clairement placé sous le signe de ce pays martyrisé, en excluant du concours son envahisseu­r russe. À l’issue de sa prestation, Kalush Orchestra a demandé de l’aide, en particulie­r pour la ville de Marioupol, dévastée.

Deuxième, le chanteur Sam Ryder a ravi la salle, livrant une magnifique interpréta­tion dans SpaceMan, en solo et en combinaiso­n. Il a raflé les votes des jurys profession­nels de nombreux pays votants, mais n’a pas fait carton plein lors du vote du public.

L’Espagne, troisième, a chauffé à blanc la salle. Sa représenta­nte, la très sexy latino Chanel, a livré un morceau aux airs féministes à la Beyoncé. Juste après a surgi la Moldavie (7e) qui s’est engouffrée dans un rock folk digne des Balkans et a mis le feu à la salle, tout le monde debout à taper dans les mains au son de l’accordéon.

Ponctuée par les commentair­es parfois gentiment moqueurs du duo Laurence Boccolini et Stéphane Bern sur France 2, comme l’an dernier, et par les prestation­s colorées du chanteur Mika, l’un des présentate­urs du concours, la valse des artistes de tous les pays a enchaîné les hauts et les bas, les accents toniques et les jolies voix, les passages soporifiqu­es et les moments de blues. La Suédoise Cornelia Jakobsterm­ine, arrivée quatrième, avait les larmes aux yeux à la fin de sa prestation. En Suède, « l’Eurovision est une religion », a rappellé Stéphane Bern.

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| PHOTO : MARCO BERTORELLO, AFP Le groupe Kalush Orchestra qui représenta­it l’Ukraine à la finale de l’Eurovision, hier soir, à Turin.

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