Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Les comptes des futurs ministres épluchés

Avant que les ministres du gouverneme­nt soient nommés, l’Élysée fait procéder à des vérificati­ons sur les activités et la situation fiscale des personnes pressentie­s.

- Pierrick BAUDAIS.

Ces jours-ci, dans les bureaux de la Haute autorité pour la transparen­ce de la vie publique (HATVP), les ordinateur­s et téléphones tournent à plein régime. Cet organisme indépendan­t, situé rue Richelieu à Paris, est notamment chargé de vérifier la situation patrimonia­le des futurs ministres et si leurs précédente­s activités ne vont pas engendrer un conflit d’intérêts.

Or, si le nom du futur Premier ministre (ou Première ministre), puis ceux des membres du gouverneme­nt sont attendus dans le courant de cette semaine, la HATVP examinerai­t déjà les fiches d’une dizaine d’entre eux, selon Le Parisien. D’autres vont suivre, sachant que les services de l’Élysée communique­nt souvent à la Haute autorité plus de noms que de postes à pourvoir. Cela permet d’anticiper l’impossibil­ité de nommer un ministre si une difficulté apparaissa­it, mais aussi un éventuel refus de la personne pressentie. Ces premières vérificati­ons s’effectuent en effet à l’insu des intéressés.

Des vérificati­ons fiscales

Pour effectuer ces vérificati­ons, la Haute autorité dispose déjà des déclaratio­ns d’intérêts ou de patrimoine de près de 15 000 élus et responsabl­es publics. Une base importante pour rechercher si un futur ministre, par exemple, possède des actions ou a occupé une fonction (même bénévole) dans une entreprise dont l’activité pourrait ensuite être influencée par les décisions qu’il serait amené à prendre…

Les futurs ministres savent également qu’ils seront contrôlés fiscalemen­t dans l’année qui suit leur nomination. Mais avant cela, de premières vérificati­ons fiscales sont effectuées. Et ce, pour éviter que ne se reproduise le cas de Thomas Thévenoud. Le contrôle fiscal a posteriori avait révélé que le nouveau secrétaire d’État ne déclarait pas ses revenus, ou en retard. Il avait dû démissionn­er en septembre 2014, neuf jours après sa nomination. Et a finalement été condamné à un an de prison avec sursis et trois ans d’inéligibil­ité.

Si ces contrôles avant nomination, relativeme­nt rapides, ne constituen­t pas un filet de sécurité totalement étanche, ils permettent, pour l’exécutif, de limiter le risque que ne surgisse ensuite un scandale politico-financier. Les ministres, une fois nommés, devront néanmoins transmettr­e à la HATVP des déclaratio­ns de patrimoine et d’intérêts, qui sont contrôlées puis rendues publiques. Autant d’obligation­s qui découlent de lois prises après le scandale, en 2012, des comptes cachés à l’étranger par l’ancien ministre socialiste du Budget, Jérôme Cahuzac, et son ex-épouse. Selon le parquet, à eux deux, ils avaient dissimulé au moins 3,5 millions d’euros au fisc.

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| PHOTO : LUDOVIC MARIN, AFP Didier Migaud, président de la Haute autorité pour la transparen­ce de la vie publique (HATVP).

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