« Le monde du foot n’est pas plus homophobe qu’un autre, mais… »

Pour porter son message, Ouissem Belgacem multiplie les interventions devant des publics très différents : salariés d’entreprises, écoliers en classe ou spectateurs de conférences à l’Olympia. Il a également déjà partagé son expérience dans plusieurs clubs de football (Monaco, Amiens, Toulouse, où il a été formé) et dit être en discussions avec ceux de Nice, Saint-Étienne et Auxerre.

Après ces premières interventions, Belgacem assure que « le monde du football n’est pas plus homophobe qu’un autre ». Toutefois, « il est moins bien formé et éduqué sur les questions d’homosexualité. Il y a tout un travail d’éveil à entreprendre ».

Par ces moments d’échange et de sensibilisation, Belgacem a la sensation « d’allumer une flamme » dans les yeux de ses interlocuteurs, tout en restant conscient des limites de l’exercice : « Éduquer, c’est répéter. Si, derrière, le message n’est pas confirmé et martelé, la flamme peut s’éteindre, surtout dans ces strates de société très hétéronormées. »

Instances silencieuses

L’auteur de 34 ans regrette le manque de soutien notable des instances. « J’ai eu quelques contacts avec la LFP. Mais les rapports furent tendus. Je ne les ai sentis ni sincères ni concernés, tacle Belgacem. Quant à la Fédération, c’est simple : elle fait comme si je n’existais pas. »

Ouissem Belgacem regrette également le manque de soutien des joueurs sur la place publique. « J’ai reçu plusieurs messages privés, notamment de la part d’ex-coéquipiers du centre de formation, mais j’aurais aimé qu’ils soient un peu plus téméraires et communiquent sur leurs réseaux sociaux, comme ils peuvent le faire pour d’autres causes, tout aussi nobles. J’en attends davantage des marques aussi. Le salut viendra lorsque toutes les voix s’élèveront contre toutes les formes de discriminations. »

C. C.

| PHOTO : DR Ouissem Belgacem, 34 ans.