Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
« L’objectif est clair : revenir au plus haut niveau »
MotoGP. GP de France. Stoppé par une série de blessures au top de sa carrière, Marc Marquez se reconstruit difficilement depuis 2020. Il n’a en rien perdu sa motivation et sa philosophie de course.
Marc Marquez, pilote Honda Repsol, octuple champion du monde.
Comment vous sentez-vous physiquement ?
Ces deux dernières années, la blessure au bras a été un cauchemar et ça a été très difficile. La dernière partie de la saison dernière, j’avais encore beaucoup de mal. Puis j’ai trouvé Ángel Ruiz Cotorro, le médecin qui s’occupe de Rafael Nadal et de nombreux joueurs de tennis en Espagne. Il a beaucoup d’expérience avec le bras, surtout après des opérations, et la façon de reprendre le sport. Je ne sens pas un plus grand pas de réalisé, mais nous contrôlons mieux la douleur, ce qui était le plus gros problème l’année dernière. Voyons si petit à petit, avec la moto, ma condition physique et l’équipe, nous pouvons améliorer notre niveau.
Dans quelle mesure cela affecte-t-il votre façon de piloter ?
La position des bras n’est pas la même, ma force non plus. Nous essayons d’adapter la moto et d’avoir un style de pilotage différent. Maintenant, je roule de manière moins agressive, et je ne pousse pas la limite comme avant. J’ai encore des hauts et des bas pendant les weekends de course, mais avec l’expérience, je pense que je peux être assez compétitif.
Sur le papier, la nouvelle Honda était prometteuse. Vous attentiezvous à autant de difficultés ?
Non, bien sûr. Lorsque vous recevez une nouvelle moto, vous vous attendez toujours à une fusée. Mais Honda a fait un très gros changement. Il y a du très bon, mais sur d’autres points, comme l’agilité et la confiance en l’avant de la moto, on a beaucoup de mal. Pour moi, lors de la pré-saison, certains pilotes de l’usine ont créé de trop grandes attentes. Mais moi, je leur ai dit de faire attention parce que je ressentais toujours un problème.
Comment expliquez-vous vos difficultés à remonter sur un podium ? C’est un mélange de choses. Si vous êtes à votre meilleur niveau, alors même avec une moto pas si bonne que ça, vous pouvez gagner des courses. Actuellement, je ne me sens pas bien et je ne roule pas bien. Si vous ajoutez à cela que la moto est complètement nouvelle, cela crée ce sentiment qu’on n’y arrive pas. À ce moment-là, vous devez rester calme et simplement trouver un objectif clair, pas trop optimiste, que vous pouvez atteindre le week-end. Pour le moment, je ne peux pas me fixer comme objectif de gagner une course, je dois d’abord faire un podium.
Penser au titre en début de saison, c’était trop optimiste ?
Non, je ne pense pas. Avant la saison, c’est obligatoire de penser qu’on va se battre pour le titre car on s’entraîne tout l’hiver pour être le meilleur. Ça, ce sont les intentions. Puis, lorsqu’on démarre la saison, on comprend étape par étape où on se situe. Et cette année, j’ai commencé avec la mentalité de me battre pour le titre, puis j’ai vu qu’il y avait trois ou quatre pilotes plus rapides que moi, sur chaque circuit. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas prêts à nous battre pour le titre.
Pensez-vous que votre faculté à jouer constamment avec la limite ait pu trop abîmer votre corps ? Bien sûr qu’au cours de ma carrière, j’ai pris beaucoup de risques. Mais avec ce risque, j’ai gagné huit championnats du monde, donc on peut dire que le risque est compensé par les performances. Au final, certaines personnes pensent que je prends beaucoup de risques, mais si je n’ai pas cette mentalité, je pense qu’en 2013, c’était impossible de remporter le titre dès ma première année de MotoGP. À l’heure actuelle, je ne peux pas prendre le risque que je prenais avant, parce que je ne m’en sens pas capable. Dès que je me sentirai à nouveau en confiance, je prendrai plus de risque, mais maintenant je ne peux pas.
Avec huit titres en poche, quels sont vos objectifs pour le futur ? Mon objectif est clair : revenir au plus haut niveau. Cela ne veut pas forcément dire gagner un nouveau titre, mais plutôt me battre à nouveau pour un championnat du monde. J’ai eu une très belle carrière pendant toutes ces années, j’étais à mon meilleur niveau, je gagnais chaque année et remportais de nombreuses courses. Puis est arrivé le pire moment dans la carrière d’un athlète. Une blessure, qui en entraîne une autre, et on arrive rapidement à quatre ou cinq blessures d’affilée. Maintenant, il est temps de reconstruire cette confiance et de revenir. Mais cela demande du temps.
Recueilli par Dorian GIRARD.
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