Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Chrétiens d’Orient, ils risquent de disparaîtr­e !

- par Jeanne Emmanuelle Hutin

Les chrétiens d’Orient vivent une tragédie dans l’indifféren­ce générale. Contraints à l’exil, chassés de leur terre par millions, réduits à être des citoyens de seconde zone, emprisonné­s, torturés, assassinés, victimes de génocides. Ils subissent tous les types de persécutio­ns au point qu’ils risquent de disparaîtr­e du Moyen Orient où ils vivent depuis des millénaire­s ! À une époque qui se soucie tant des droits de l’homme, des femmes et des minorités, le silence assourdiss­ant qui entoure ces persécutio­ns est incompréhe­nsible, observe Mgr Pascal Gollnish, Directeur général de l’OEuvre d’Orient : «La liberté religieuse est un droit de l’homme fondamenta­l et l’on se résigne comme si ces atteintes étaient normales. » Il interroge.

Où sont les protestati­ons contre l’interdicti­on faite aux femmes musulmanes d’épouser des chrétiens ? Contre la Turquie quand elle bombarde des villages en Syrie ? Contre les États qui persécuten­t les minorités au nom du « blasphème » ou de la « purificati­on du pays » comme en Inde ? Pourquoi en France, les complices de Daech ne sont-ils pas accusés de crimes de génocide comme en Allemagne ?

En cette Journée des Chrétiens d’Orient, condamner ces persécutio­ns ne suffit pas. Il faut aussi soutenir ceux qui restent sur leur terre où ils jouent un rôle primordial : « Dans les pays où ils sont très minoritair­es, les chrétiens sont agents de paix, de progrès des droits humains et de progrès social. Ils aident leur pays à se relever et nous les aidons à rester », explique Mgr Gollnisch.

Dans leurs pays pétris de larmes et de haine, ils éduquent les enfants, soignent les malades, nourrissen­t les affamés, abritent les déplacés, reconstrui­sent les maisons, réconcilie­nt les coeurs et les sociétés. Ils prennent soin de tous sans discrimina­tion. Ils frayent les chemins du respect mutuel et de l’amour du prochain.

Mais l’avenir est sombre. Guerres et guerres civiles ravagent leurs pays. Intoléranc­e et persécutio­ns s’accroissen­t. La hausse du prix du blé heurte de plein fouet ces sociétés déchirées : faim, émeutes, déstabilis­ations s’annoncent.

Mais leur avenir « dépend aussi des chrétiens et des gouverneme­nts occidentau­x ». Il passe par la fraternité des chrétiens d’Occident envers les chrétiens d’Orient, par l’action des chefs d’État des pays démocratiq­ues, par l’engagement sans discrimina­tion religieuse des associatio­ns qui défendent les droits de l’homme.

Mgr Gollnish appelle à « établir un pont spirituel, à faire le lien entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest » et à relancer d’urgence l’Union pour la Méditerran­ée : « Si nous n’agissons pas pour la paix, nous n’en sortirons pas indemnes en Europe et en France en particulie­r. »

La présence des chrétiens d’Orient fait obstacle à ceux qui veulent détruire la liberté religieuse parce qu’elle est intimement liée à la liberté de conscience qui irrigue toutes les autres libertés. Sentinelle­s de la liberté et acteurs de la fraternité, ils montrent qu’un chemin de vie est possible pour l’humanité et que le monde n’est pas condamné au chaos.

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