Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Même en robe de chambre, on peut être éloquent

David Allali est le nouveau lauréat du concours d’éloquence de l’université Panthéon-Sorbonne. « Peut-on démarrer une révolution dans son lit ? » Oui, a-t-il répondu, ceint d’un magnifique peignoir…

- Arnaud BÉLIER.

Et le gagnant est… David Allali. 21 h, jeudi 19 mai, sous la coupole du Panthéon : l’étudiant en première année de philosophi­e se prend la tête entre les mains : il vient de remporter le Grand prix du concours internatio­nal d’éloquence organisé par l’université Paris-1-Panthéon-Sorbonne. Une quatrième édition suivie, via Internet, par des dizaines de milliers de personnes dans le monde.

« C’est de la folie », réagit le jeune homme, chignon sagement noué qui lui donne un faux air du footballeu­r Zlatan Ibrahimhov­ic. Face aux sept autres finalistes (ils étaient 200 au départ), tous aussi brillants les uns que les autres, il y a fait « l’éloge de l’éloge ». « Il faut prendre le temps de faire des compliment­s », car il est vain de ne souligner « que la laideur des choses », a-t-il proclamé avec emphase. Pour appuyer sa démonstrat­ion, il a évoqué son expérience de chef scout face un enfant turbulent.

« Un grain de folie »

« Il n’est peut-être pas celui qui a répondu le plus strictemen­t au cahier des charges de l’exercice, mais avec ses jeux de mots, son allant et son ton décalé, il a amené un grain de folie », apprécie le Nantais Dominik Abbas, lauréat de l’édition 2021 du concours. À ses yeux, « un bon orateur doit réunir trois qualités : apporter de la beauté, par ses mots, ses silences, son rythme ; avoir une approche personnell­e du sujet ; mais aussi un côté gendre idéal, avec une dose d’humour et d’autodérisi­on ».

À cette aune, David Allali a effectivem­ent survolé la soirée. Dans la première partie du concours, il était invité à discourir sur ce thème : « Peut-on démarrer une révolution dans son lit ? » Oui, cent fois oui, a-t-il démontré, ceint d’une magnifique robe de chambre. Avec brio, il a cité le pasteur noir américain Martin Luther King et son célèbre « J’ai fait un rêve ». Et évoqué la passion pour la lecture de Danton : « Eh oui, Danton lit… » Tout y est passé : si la révolution dénonce la verticalit­é des pouvoirs, c’est donc qu’elle est favorable à l’horizontal­ité. En résumé : « Le sommeil et le rêve sont le lit de la créativité. »

« C’est remarquabl­e. Quel charisme ! Quelle présence ! À seulement 19 ans… », s’est exclamée la comédienne Dominique Blanc. Marraine du concours, elle a été séduite par « sa fragilité, sa sincérité, son humanité. Ses dons poétiques, ses ruptures de rythme, sa manière de prendre le temps de respirer ».

Rien à voir, cependant, avec le métier d’acteur : « L’orateur ne joue pas un rôle, il n’est pas dans la compositio­n. Il doit être lui-même. » Et savoir improviser, pour être au diapason de son auditoire. « Avoir de l’empathie, au-delà de la répartie », résume Juliette Ray, ancienne finaliste et animatrice de la soirée. Des qualités que David Allali entend mettre à profit dans le métier qu’il espère exercer : journalist­e de radio.

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| PHOTO : DANIEL FOURAY, OUEST-FRANCE David Allali, en robe de chambre, jeudi, sous les ors du Panthéon. Du plus bel effet.

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