Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
En vingt ans, il a fait de la déchetterie un musée
Gardien de la déchetterie de Bierné (Mayenne) depuis son ouverture, Jean-Claude Desneux en a fait un lieu unique. Vingt ans plus tard, il est encore aux petits soins de ce musée à ciel ouvert.
« Ici, tout le monde m’appelle monsieur le directeur ! » s’amuse JeanClaude Desneux. À 63 ans, cet employé de la communauté de communes du pays de Château-Gontier est « connu comme le loup blanc ». Et pour cause : il est le gardien de la déchetterie de Bierné (Mayenne) depuis son ouverture, il y a vingt ans. « C’était le 6 février 2002. Je me souviens même de mon premier client. »
À l’époque, il travaille encore à l’ancien restaurant Blanche. Le maire, Robert Rousselet, lui confie qu’une déchetterie va bientôt ouvrir et lui propose de s’en occuper. « Quand j’ai vu le site pour la première fois, je l’ai trouvé magnifique. Je me suis dit : on va en faire quelque chose de bien. Deux mois après, j’ai commencé à le décorer. J’ai toujours adoré la déco, depuis gamin. »
« Je ne compte jamais le temps »
Rapidement, la déchetterie se transforme en véritable musée à ciel ouvert. Arrosoirs de toutes les couleurs, nains et animaux de jardin, lanternes, poupons, bibelots en tout genre… « Les gens ont commencé à m’apporter plein de choses. »
Parmi les éléments les plus insolites, une quarantaine de voitures et de motos pour enfants, un avion bricolé ou encore un simulateur d’équitation en forme de cheval, installé là il y a au moins quinze ans. « Il n’a pas une ride ! On n’y a jamais touché. »
Au-delà de la déco, qu’il change chaque année, Jean-Claude Desneux a aussi planté de nombreux arbres, des fleurs, mais aussi un potager.
Un spectacle qui attire de nombreux curieux. Les enfants, qui repartent souvent avec un jouet, mais pas seulement. « Il y a beaucoup de marcheurs. J’ai même eu un car entier de touristes asiatiques après être passé à la télé », s’étonne le maître de lieux, qui réalise tout tout seul. «Jene compte jamais le temps. Je viens parfois sur des jours de repos, confie Jean-Claude Desneux. Quand je suis là, je suis heureux. J’adore mon boulot. »
« Avant, on ne triait rien »
En vingt ans, il a vu son métier évoluer. « Ça a énormément changé. Avant, on ne triait rien, à part les pots de peinture. »
Aujourd’hui, le site possède plusieurs bennes, ainsi que deux plateformes de dépôt de gravats et de déchets verts. « Il faut savoir guider les gens », souligne Jean-Claude Desneux, qui met un point d’honneur à se rendre disponible. « Ici, c’est très convivial. Je n’aime pas quand les gens râlent. »
Pourtant, il faut parfois faire avec les visiteurs mécontents. « Je me suis déjà fait traiter de fainéant, confie le gardien, sans rien perdre de sa bonne humeur. Les gens sont majoritairement bienveillants. »
Le site a lui aussi connu d’importantes transformations. « Au début, il n’y avait que la plateforme du haut. » Depuis, une partie basse a été aménagée, des barrières ont été installées avec un sens de circulation et la sécurité a été renforcée.
De ces vingt ans passés à la déchetterie, Jean-Claude Desneux retient tous les bons moments. « Pour moi, ce n’est que du bonheur. » Avec le temps qui passe, l’année prochaine sera probablement celle de la retraite. « Je préfère ne pas y penser. On verra ça au moment voulu. »