Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Plougastel-Daoulas, comme sur une îl

La cité de Cornouaill­es a conservé un charme authentiqu­e, avec ses hameaux disséminés dans la campagne et ses paysages à couper le souffle.

- Françoise SURCOUF.

au sommet. Les enchères étaient fictives et l’« arbre » adjugé à tour de rôle à chacune des familles. L’heureuse élue le conservait toute une année. Venait ensuite le rituel du pain et des pommes. Chacun des breuriez en achetait. L’argent servait à faire dire des messes pour le repos des âmes des défunts. Disparue à la fin des années 1970, la tradition a repris sa place depuis 2016.

« War Zouar Ha War Vor » une phrase bretonne qui signifie « sur terre et sur mer », a été adoptée comme devise par Plougastel dès la fin du XVIIIe siècle, époque où les habitants ont dynamisé leur économie, tirant parti à la fois de la culture de la fraise et de la pêche à la coquille. L’industrie toilière qui faisait jusque-là leur fortune déclinant, les résidents alternent désormais les deux activités, puisque la récolte des fruits commençait au printemps tandis que les précieux crustacés étaient pêchés d’octobre à mars.

Idéalement située sur sa péninsule, la cité compte sept ports, dont trois particuliè­rement importants. Tinduff a été pendant longtemps le plus animé mais les navires coquillier­s ont aujourd’hui un peu déserté le bassin reconverti en port de plaisance. La tranquille plage de galets accueille les familles en quête de calme. Lauberlac’h est aussi connu pour être un lieu d’échange puisque les fraises y étaient embarquées pour être livrées à Brest ou en Angleterre. Le havre du Four à Chaux, qui existe depuis 1850, traitait, lui, la pierre de Pennaneac’h. C’est ici que les bateaux accostaien­t pour récupérer la chaux dont ils faisaient aussi commerce.

Du Chili au Finistère

Aujourd’hui, la fraise est l’emblème incontesta­ble de la presqu’île. Pour connaître son histoire, il faut remonter à Amédée-François Frezier qui a rapporté d’Amérique du Sud, en 1714, cinq pieds de fraisiers sauvages pour les jardins du roi à Paris. En 1736, un tremblemen­t de terre touche Brest et détruit le jardin des simples de la ville. Pour le reconstrui­re, on fait venir des graines et des plants depuis Paris. Dans le lot se trouvaient quelques descendant­s des premières fraises blanches du Chili. Elles prospèrent à Plougastel grâce au microclima­t exceptionn­el de la région. Les maraîchers locaux les croisent avec des variétés venues de Virginie.

Dès le XVIIIe siècle, les fruits connaissen­t un succès fulgurant. Durant les années 1920, Plougastel est l’une des communes les plus riches de France et fournit un quart de la production du pays. Une célébrité qui vaut bien un musée, situé en plein bourg, et une fête avec défilé de chars, chaque année le deuxième dimanche de juin.

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La rivière l'Élorn, qui sépare Plougastel-Daoulas d

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