Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Et si on donnait un coup de main aux oiseaux ?
Biodiversité. En France, le nombre d’oiseaux communs s’effondre, touchant plusieurs espèces. La situation est critique mais l’on peut encore agir.
Lors du premier confinement, les Français s’étaient émerveillés à l’unisson de les entendre gazouiller. Et pourtant : à la campagne comme à la ville, nos oiseaux disparaissent. Les chiffres du programme de suivi temporel des oiseaux communs (Stoc), coordonné par la Ligue pour la protection des oiseaux, le Muséum national d’histoire naturelle et l’Office français pour la biodiversité, ne laissent aucune place au doute.
« Dans les campagnes françaises, les populations de pipits farlouse ont régressé de 70 % en vingt ans et à Paris, le moineau domestique a perdu trois quarts de ses effectifs en seulement quinze ans », note Benoît Fontaine, coordinateur national du programme.
Hécatombe
L’hécatombe touche indifféremment la linotte mélodieuse, l’hirondelle des fenêtres, la tourterelle des bois ou encore le martinet noir : « Dans nos jardins, nos forêts, nos champs, nos villes, la majorité des espèces sont en régression, soupire le chercheur, et rares sont celles qui tirent leur épingle du jeu. »
Que le merle noir ou la mésange charbonnière affichent des effectifs à la hausse ne change rien à l’affaire : « Globalement, l’ensemble des oiseaux communs est en déclin.
Si certaines espèces généralistes supportent les perturbations de l’environnement, nous tendons inexorablement vers une uniformisation qui, par définition, est le contraire de la biodiversité. »
Les racines du mal
Monocultures intensives ou encore pesticides (pour ne citer que ces seuls facteurs) sont, sans grande surprise, les activités humaines à la source du mal.
« Nous détruisons leurs habitats – je pense, par exemple, aux haies – et leurs sources d’alimentation (les insectes), enchaîne Benoît Fontaine. Sans gîte où se reproduire et sans couvert, comment voulez-vous que les oiseaux survivent ? »
Ajoutons à cela les effets du réchauffement climatique : « Pour rester dans les mêmes registres de températures, plusieurs espèces comme le pouillot fitis, ont entrepris de remonter vers le nord. » Une fuite en avant qui a ses limites.
Pourtant Benoît Fontaine l’assure : si une volonté politique forte est nécessaire pour inverser la vapeur, nous pouvons « malgré tout » tous faire bouger les lignes.
« La nature est résiliente mais il faut lui donner un coup de main : plantez dans votre jardin des haies d’essences locales et laissez venir des prairies naturelles plutôt que d’aligner les thuyas et les pelouses. Mangez moins de viande (l’élevage favorise les cultures intensives). Et approvisionnez-vous au local, chez des producteurs qui privilégient des cultures variées, sans intrants chimiques… »