Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Avec Isa, la chanteuse Zaz a retrouvé Isabelle…

Chanson. On aime le franc-parler de Zaz qui, autour d’Isa, son très réussi dernier album, et d’une longue tournée en cours, nous parle des joies et des doutes de la vie d’artiste.

- Michel TROADEC.

En janvier dernier, trois mois après la sortie d’Isa, le nouvel album de Zaz, un lecteur de la Mayenne nous écrivait ceci : « Ce ne sont que des belles chansons aux paroles poétiques teintées d’espoir, d’optimisme, qui célèbrent la nature, la beauté, sur des mélodies agréables. Ce disque traversé d’une certaine gravité contient beaucoup de douceur et fait grand bien… »

Nous n’aurions pas mieux dit. Alors, on a lu ce mail à Zaz, rencontrée dans un café parisien, entre deux concerts. Elle a souri et elle nous a raconté tout ce qu’elle avait traversé pour arriver à ce cinquième disque. Parce que la vie d’artiste est tout sauf un long fleuve tranquille. Même quand le succès vous porte, vous rendant euphorique mais vous épuisant peu à peu.

« Le terme burn-out (épuisement) me dérange, insiste-t-elle. Il est diabolisé alors que ce qui peut nous arriver est beaucoup plus subtil, insidieux. On surpasse son burnout sans s’en rendre compte. On n’écoute ni son corps ni son coeur, c’est le mental qui contrôle tout. »

Après sa dernière tournée, et avant même le premier confinemen­t, elle avait décidé de tout arrêter. Elle l’avoue, elle ne savait plus qui elle était. « J’avais perdu mon identité. Je ne voulais plus être Zaz car Zaz prenait toute la place, mais qui étais-je sans Zaz ? »

« M’occuper de moi »

Surtout, elle vit le début d’une histoire d’amour. « Il fallait m’occuper de moi. Pour construire aussi ma relation parce que quand on est en suractivit­é, on ne peut pas. »

Pour autant, Isabelle Geffroy, de son vrai nom, n’est pas dupe de ses envies… « Je voulais quand même me remettre sur un nouvel album. J’en avais besoin. C’est mon expression. Mais cela faisait dix ans que j’étais en activité. Je devais tout réinventer. »

Elle décide de stopper l’alcool, la cigarette, le café. « Je ne pouvais plus fuir. Il était nécessaire que je me rencontre sans ça. Et j’ai eu l’impression de me redécouvri­r. »

Cela n’a pas été simple. « Quand tu ne peux plus t’évader, par exemple dans un verre de vin, tu n’as plus de béquille. Il faut pourtant avancer. » Elle prend des cours d’écriture, de danse, de chant, elle pour qui la voix est un trésor… « Il fallait que je retrouve le mouvement, avec un cadre. En travaillan­t ma voix, j’ai découvert de la souplesse et des espaces que je n’avais pas avant. »

Pour son album, elle reçoit plein de chansons, « mais qui ressemblai­ent toutes à Je veux », son premier tube. En réponse, elle envoie à ses auteurs la liste de ses envies, de son état, de ses sensations, des thèmes qu’elle a envie d’aborder.

Arrivent des textes forts. Tel le formidable Chant des grives, de Noé Preszow. « À celles, à ceux/Qui font au mieux/Qui se débrouille­nt/Pour que le givre/Pour que la rouille/N’emportent pas/Leur soif de vivre/Le chant des grives …» « Elle est ouf cette chanson ! Elle exprime tout ce que je ressens de l’humain, ce qu’on peut traverser aussi. Je me suis dit qu’elle allait faire un bien fou à plein de gens. » Et puis, il y a Exister, Tout là-haut sur le lâcher-prise, Ce que tu es dans ma vie sur la fille de son compagnon, Comme tu voudras pour son père. Quant à Avec son frère, elle évoque des migrants sur le point de s’exiler. « À chaque concert, je la chante. Je me dis que j’envoie ainsi de l’énergie. C’est ma manière de soutenir, d’aider. Cet album, c’est une vague, c’est accepter la vie telle qu’elle est faite, qu’il ne faut pas culpabilis­er d’être joyeux. Parce qu’être joyeux, c’est déjà changer le monde. Et que j’ai arrêté de vouloir le sauver… »

Piaf à Las Vegas ?

Voilà comment Zaz a retrouvé « Isa » et que Isa est devenu le titre d’un album qu’elle est heureuse de présenter tout autant en France qu’en Europe, puisque sa tournée va l’amener en Allemagne (quatorze concerts), Espagne, Pologne, Autriche, Canada, Hongrie… « Pour chaque pays, j’écris un texte que je fais traduire et dans lequel je choisis des phrases que je dis en phonétique pendant le concert. »

Des pays le plus souvent séduits par sa voix, son chant, sa gouaille. Cette image de la chanson française réaliste, de ce blues hexagonal inventé par Édith Piaf. Justement, sera-t-elle Piaf dans une comédie musicale retraçant la vie de la chanteuse, que veut monter le producteur de cinéma Thomas Langmann, à Las Vegas, en 2025 ?

« Langmann s’emballe, c’est normal. J’ai fait des essais. L’idée est intéressan­te. Après… On avait dit qu’on le ferait et puis, ce n’est plus le moment pour moi. Lui, il ne lâche pas l’affaire. Il est vrai que l’histoire de Piaf est assez fascinante. C’est bizarre mais on a pas mal de choses en commun, des lieux, des évènements, des traits de caractère. Je ne peux pas dire encore… »

En concert à Rennes, ce mercredi 25 mai. Au festival de Trélazé (Maine-etLoire) le 18 juillet.

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 ?? | PHOTO : LUCAS BARIOULET, AFP ?? Zaz va partir en tournée en Allemagne, Espagne, Pologne, Autriche, Canada, Hongrie…
| PHOTO : LUCAS BARIOULET, AFP Zaz va partir en tournée en Allemagne, Espagne, Pologne, Autriche, Canada, Hongrie…

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