Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

« Notre identité nous a permis de gagner un titre »

FC Nantes. Antoine Kombouaré, qui a annoncé qu’il poursuivra­it l’aventure avec les Canaris, dresse un bilan de la saison, marquée par la victoire en Coupe de France et une 9e place en championna­t.

- Recueilli par Pierre HAMON et Julien SOYER.

Antoine Kombouaré (58 ans), entraîneur du FC Nantes.

Quel est le moment le plus fort pour vous cette saison ?

Si j’ai un mot pour résumer le bilan, c’est grandiose. Le moment important, le déclic, c’est la victoire contre Lens (3-2, le 10 décembre). Pour la première fois, on a fait chavirer la Beaujoire. J’ai entendu le stade gronder, là ça a bougé. J’ai alors vécu ma première grande émotion. On travaille pour permettre aux joueurs de donner des émotions, de donner entière satisfacti­on au public, de lui donner beaucoup de joie… Malgré cela, on n’arrivait pas à les vivre dans un match. Comme là ils ont réussi, ça leur a permis de prendre conscience. On bassine les joueurs avec ça mais enfin, ils ont été capables de le faire. Et quand on l’a fait une fois, on peut le reproduire. Ce match a permis une prise de conscience à travers des actes.

« Cette saison a dépassé mes espérances » la plénitude de leur talent de leurs qualités. J’ai aimé parce qu’ils ont compris qu’il fallait travailler fort et être très discipliné. Tu mets de la discipline dans un tel groupe et après tu le laisses s’exprimer sur le terrain.

Êtes-vous plus fier d’avoir un titre ou d’avoir créé une identité ?

Les deux. Avoir une identité nous a donné de la force, de l’énergie et beaucoup de repères. Cette identité nous a permis de réaliser de grands matches et de gagner un titre.

Êtes-vous fier du football produit cette saison ?

Oui. On a marqué 55 buts cette saison. Ça va, pour des garçons considérés comme des chèvres l’année dernière. On a un jeu porté vers l’avant. On a envie de marquer des buts, de faire du spectacle et donner des émotions. Tout entraîneur rêve de ça. Même si j’étais défenseur central, j’avais envie de marquer des buts et j’aimais ça.

On essaie d’être solide mais j’aime voir mon équipe marquer. Cela arrive parce que dans un match, on se crée beaucoup de situations, d’occasions. Cela donne de la confiance. Et quand tu marques, tu as toujours envie d’en mettre davantage. Ce que nous avons réalisé, être neuvièmes avec 55 points, gagner la Coupe de France, va au-delà de mes espérances et de mes rêves. Le travail de l’entraîneur est mis en avant parce que les joueurs sont bons ou très bons.

Comment êtes-vous parvenu à éviter au FC Nantes de vivre,

comme souvent, une ou des séries négatives dans la saison (souvent après janvier) ?

Il y a une remise en question permanente. Après chaque défaite, cette équipe prend une claque mais elle rebondit très vite. Et après les victoires, elle se remet en question. C’est la force de cette équipe. Je n’ai rien amené. Les joueurs avaient ça mais c‘était enfoui en eux. Il a fallu, par le travail, les discours et les entretiens faire ressortir cela. Et la confiance, liée aux victoires, les a libérés.

« J’aime challenger mes joueurs »

Le plus gros problème tactique a-t-il été celui des latéraux, résolu par le passage à trois derrière ? Cette année, mais c’est toujours la vérité du moment, on se sent mieux à cinq derrière. Les joueurs sont en confiance dans ce schéma. Surtout, ce ne fut pas un système défensif. L’entraîneur et le staff travaillen­t pour réduire au maximum l’incertitud­e. Mais il faut surtout trouver des réponses aux imprévus. Y arriver procure souvent de grands moments.

Qu’est-ce qui a motivé ce passage à cinq ?

J’ai trois défenseurs centraux fantastiqu­es. Pallois, Girotto et Castellett­o, il faut tous les mettre sur le terrain. Avec Alban (Lafont) derrière, c’est du solide. Quand tu es solide défensivem­ent, tu es très fort pour attaquer. Tu as des armes pour aller de l’avant. Si en plus tu es efficace…

Ludovic Blas disait que vous étiez capable de revenir sur des décisions aujourd’hui par rapport au coach qu’il a connu à Guingamp ?

Je suis constammen­t dans la remise en question. Je m’adapte, je ne fais pas ce que je veux. Je fais en fonction des qualités de mes joueurs, de leur forme, de leur niveau de confiance, du classement. Je passe donc mon temps à être flexible. Sinon, je m’enterre et les joueurs s’ennuient et ne veulent plus travailler avec moi.

Ludovic Blas a été celui qui a dû le plus s’adapter, avec un système à trois derrière ?

Oui, mais il sait que j’aime challenger mes joueurs. Ils doivent être polyvalent­s. C’est un défi que je leur propose. Il est intéressan­t de voir leur réponse. Plus c’est compliqué pour eux, plus j’ai envie de les challenger. Ludo est passé d’un poste d’attaquant à un poste de milieu offensif et il sait maintenant défendre. Pour lui, c’est très enrichissa­nt. Pour les équipes qui, demain, voudront le prendre, c’est une corde de plus à son arc.

Avez-vous le sentiment d’avoir tiré tout le potentiel de ce groupe-là cette saison ?

Je ne sais pas. Je pars du principe qu’on ne se donne pas de limite.

 ?? | PHOTO : FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE ?? Antoine Kombouaré a vécu les plus belles émotions de sa carrière en tant qu’entraîneur, cette saison, avec le FC Nantes.
| PHOTO : FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE Antoine Kombouaré a vécu les plus belles émotions de sa carrière en tant qu’entraîneur, cette saison, avec le FC Nantes.

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