Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Urgences des Français, urgence de la France ?
Remédier aux maux d’une époque est la noble tâche des hommes et des femmes politiques. Mais souvent, les campagnes électorales donnent lieu à des surenchères de promesses tout aussi irréalistes que dangereuses : retraite à 60 ans sauf pour les métiers pénibles, non respect de traités européens etc.
On ne saurait cependant sacrifier l’avenir au présent. C’est le rude défi que devra relever le gouvernement d’Élisabeth Borne, en remédiant aux urgences annoncées : pouvoir d’achat, santé, climat. Des mesures techniques ne suffiront pas. La boussole des valeurs de la République s’avère indispensable.
L’égalité entre générations est mise à mal par la dette faramineuse du pays que la jeunesse risque de traîner comme un boulet si nous ne nous ressaisissons pas. Alors que la pauvreté augmente et que l’inflation rend la vie quotidienne difficile, allons-nous améliorer le pouvoir d’achat par des artifices qui alourdiraient la dette du pays ou en travaillant davantage ?
Comparé à nos voisins, nous avons de la marge. Nous travaillons, en moyenne, 630 heures par an quand les Espagnols, eux, travaillent 697 heures. Les Allemands, 722 heures et les Suisses 943 heures ! Le travail est le « moteur de la création de richesse », explique Agnès Verdier Molinié. C’est la voie d’un authentique développement social.
La fraternité se joue aussi dans le domaine de la santé. La France peut s’enorgueillir de l’aide qu’elle sait apporter à ceux qui souffrent. Mais on manque de soignants (1). Épuisés, découragés, beaucoup quittent ces métiers. Ils déplorent la perte de sens et le manque de temps pour s’occuper des patients. Augmenter les salaires ne suffira pas. Il faudrait en finir avec la suradministration. Mais aussi humaniser les modes et les logiciels de gestion pour qu’ils prennent davantage en compte le temps immatériel de la relation humaine et pas seulement celui de l’exécution des tâches.
Les défis du climat sont bien connus (2). Le rôle de l’État peut être déterminant, pourvu qu’il s’attache à coordonner les politiques publiques et non à planifier les comportements. De la crainte à la contrainte, il n’y a qu’un pas, dont la liberté serait la première victime.
Voit-on ce qu’impliquerait l’idée de droits carbone individualisés en termes de surveillance des citoyens, d’intrusion dans leur vie privée, voire de violation de leurs droits fondamentaux ? Irait-on jusqu’à expulser de chez elles, par le biais d’une fiscalité coercitive, les personnes âgées vivant seules dans leur maison ? Limiterait-on les voyages des Français même si leur vie familiale les requiert ? La Liberté est la mère de la responsabilité et des inventions. La France regorge de solutions. Certaines pourraient être généralisées. Encore faudrait-il mieux les connaître.
Pour répondre aux urgences des Français et à celles de la France, le plus sûr chemin est d’être fidèle à la Liberté, à l’Égalité et à la Fraternité. Cette boussole de la République nous épargnera l’arbitraire, la démagogie et l’irresponsabilité.
(1) Ouest-France du 24 mai 2022. (2) Ouest-France du 26 mai 2022.