Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Première visite ministérielle en Guadeloupe
La nouvelle ministre Yaël Braun-Pivet s’est rendue dans les Antilles. Un premier déplacement marqué du sceau de l’histoire de l’esclavage.
À peine nommée au ministère des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet s’est envolée ce week-end sur l’un des douze territoires ultramarins. Pour son premier déplacement, la ministre a choisi la Guadeloupe et une date : le 27 mai, jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Un symbole et, de plus, un sujet compatible avec la période de réserve à laquelle sont tenus les ministres en pleine campagne des législatives. « Se souvenir est un devoir pour construire l’avenir », a-t-elle insisté. Quelques jours avant, à Paris, elle avait déjà assisté à une autre cérémonie, celle de l’hommage national aux victimes de l’esclavage et réaffirmé qu’un mémorial en leur souvenir serait bien édifié dans la capitale.
Pour le guadeloupéen Emmanuel Gordien, président du comité Marche du 23 mai qui oeuvre à la réhabilitation des victimes de l’esclavage colonial, « la présence de la ministre à ces deux journées montrerait-elle que le gouvernement comprend enfin que la République a intérêt à s’occuper de cette histoire douloureuse qui façonne notre société et explique, en partie, ses maux actuels ? »
Sur place, la ministre a réitéré sa volonté de « regarder l’histoire en face, meilleure voie pour la réconciliation et remède contre la haine et le racisme. » Ces premiers signaux de la nouvelle mandature seront-ils bien reçus dans un territoire où, selon un fonctionnaire local, « couve la braise de la colère » ? En effet, ces derniers mois, la défiance envers l’Etat s’est fortement exprimée. La gestion de l’épidémie de Covid-19 et de la vaccination ont été mal perçues, aboutissant à une crise sociale fin 2021. Résultat, à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a subi un cinglant revers en arrivant loin derrière Jean-Luc Mélenchon puis Marine Le Pen.
Une confiance à ce point écornée que les élus de Martinique et de Guadeloupe, rejoints par leurs homologues de la Guyane, Mayotte, la Réunion et Saint-Martin, ont lancé à l’Elysée un « appel de Fort-de-France », dénonçant un « mal-développement structurel des territoires». C’est dire si la ministre était attendue par les édiles antillais. Ary Chalus, président de la région Guadeloupe, s’est voulu constructif : « Nous avons arrêté une nouvelle méthode de travail fondée sur l’écoute et la co-conctruction entre l’Etat et la collectivité. » Une rencontre avec le Président Macron est évoquée en septembre.
D’ici là, la ministre a retraversé l’océan pour s’occuper d’un autre enjeu politique : sa réélection au poste de députée de la 5e circonscription des Yvelines.