Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

À Laillé, près de Rennes, troisième rave en un mois

De nouveau, ce week-end, les habitants de Laillé, petite commune au sud de Rennes, subissent une rave qui rassemble près de 800 teufeurs. Certains riverains ne cachent pas leur exaspérati­on.

- Samuel NOHRA.

« Pourquoi on les laisse s’installer ? »

« Ce n’est pas croyable ! Si je fais du bruit chez moi après 22 h, j’ai de fortes chances de voir arriver les gendarmes et de me faire verbaliser ! Par contre, pas de problème que des teufeurs empêchent des centaines de gens de dormir pendant 48h», explique, assez énervé, ce riverain de Laillé. Pour la troisième fois en un mois, cet habitant subit les nuisances sonores d’une rave party non loin de son domicile. De chez lui, on entend les basses qui martèlent.

Dans une ancienne carrière, au lieu-dit la Roche, environ 800 teufeurs ont investi le lieu dans la nuit de vendredi à samedi et les murs de son sont entrés en action au petit matin. Des raveurs originaire­s de tout l’Ouest, mais aussi de région parisienne ou du Sud. « On est venu en stop de Poissy, expliquent ces deux jeunes croisés sur le chemin de la rave. Il fait beau, il y a du monde, il y a de la bonne techno ! On n’allait pas manquer ça. »

Quelques centaines de mètres plus loin, la fête est bien lancée. Devant l’un des deux murs d’enceintes, des centaines de corps bougent en rythme. D’autres se reposent à l’ombre des arbres, visiblemen­t déjà très fatigués, ou déambulent devant les stands qui ont pris place sur le site. Comme un air de Teknival.

Au bar-tabac de Laillé, les avis sont partagés. « Personnell­ement, ça ne me dérange pas trop, même si trois fois de suite, ça commence à faire beaucoup, explique Alain, la cinquantai­ne. François, son ami de comptoir acquiesce. « Qu’ils fassent la fête, on ne peut pas trop leur reprocher après les deux années qu’on vient de vivre. Mais ils pourraient peut-être choisir un autre lieu la prochaine fois. »

Commerçant­e à Laillé, cette femme se montre plutôt clémente. « Je comprends que pour les riverains très proches, ça doit vraiment être l’enfer cette musique forte non-stop. Nous, on l’entend, mais pas de quoi nous empêcher de dormir. » Ce qui l’ennuie le plus : « Dans quel état ils laissent le terrain après leur fête. Et le risque d’accident pour eux et pour les autres lorsqu’ils reprennent la route. »

Autre interrogat­ion pour cet habitant : « Ils ne débarquent pas de nulle part… Pourquoi les forces de l’ordre ne les empêchent pas d’accéder à ces lieux ? On sait très bien qu’une fois qu’ils sont installés, c’est quasi impossible de les déloger sans que ça vire à l’émeute. »

Le 17 mai dernier, la mairie de Laillé a pris un arrêté municipal « pour interdire la tenue de rassemblem­ents festifs qui ne disposent pas d’autorisati­on, ce qui permettra de verbaliser les contrevena­nts ». Sauf que la légalité de cet arrêté fait débat et semble, en l’état, inapplicab­le.

« Le seul moyen d’arrêter une rave en cours est de réussir à couper le son », explique un officier de gendarmeri­e. Une opération qui reste très compliquée à mettre en oeuvre et qui peut rapidement virer à l’affronteme­nt violent entre teufeurs et gendarmes. Un scénario que les pouvoirs publics veulent éviter.

Contactée, la mairie de Laillé n’a pas donné suite.

 ?? | PHOTO : THOMAS BRÉGARDIS, OUEST-FRANCE ?? La rave party rassemble près de 800 fêtards, à Laillé, commune au sud de Rennes.
| PHOTO : THOMAS BRÉGARDIS, OUEST-FRANCE La rave party rassemble près de 800 fêtards, à Laillé, commune au sud de Rennes.
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