Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

La Palme d’or pour Ruben Östlund et son rire jaune

Le 75e Festival de Cannes offre sa plus belle récompense à un film suédois, Sans filtre. Le Sud-Coréen Song Kan-ho et la Franco-Iranienne Zar Amir Ebrahimi ont les trophées des acteurs et actrices.

- Gilles KERDREUX.

Un couple de jeunes mannequins part en croisière et… tout dérape dans un grand mélange de rires, de sang, de délires poussés jusqu’au paroxysme qui sont aussi une critique au vitriol de notre société de l’argent et du paraître. C’est irrésistib­le et c’est Sans filtre de Ruben Östlund.

Le Suédois avait déjà eu une Palme d’or en 2017 pour The Square. Et de deux ! Et, bonne nouvelle, c’est un film où l’on rit beaucoup.

Pour le Grand prix du festival, le jury récompense deux ex aequo. Close de Lukas Dhont, 31 ans, très ému en recevant son trophée. Comme avec Girl, il y a quelques années, ce Belge sait filmer la tendresse même dans un drame, ici l’histoire de deux préados amis que la vie sépare cruellemen­t. On y découvre notamment un tout jeune acteur épatant, Eden Dambrine.

L’autre grand prix va à Stars at Noon de Claire Denis. Cette histoire d’une journalist­e paumée en Amérique latine ne convaincra pas tout le monde mais Margaret Qualley, la fille d’Andy McDowell, y rayonne.

Le prix de la mise en scène va tout à fait logiquemen­t au Sud-Coréen Chan-Work Park pour Decision To Leave, un thriller un peu compliqué qui fait penser à Basic Instinct puisque le policier est troublé par la femme ambiguë de la victime assassinée.

Exceptionn­ellement, en cette année anniversai­re, il y avait aussi un Prix de la 75e édition. Il va aux frères Dardenne toujours aussi efficaces pour dénoncer l’injustice sociale dans Tori et Lokita. Ils ont dédié leur prix au boulanger de Besançon qui avait fait une grève de la faim pour s’opposer à l’expulsion de son apprenti africain.

Encore deux ex aequo pour le prix du jury. L’un va aux Huit montagnes des Belges Charlotte Vandermeer­sch et Felix Van Groeningen, l’amitié à vie de deux hommes. L’autre à l’incroyable Eo (hi-han) du Polonais Jerzy Skolimowsk­i, 84 ans, qui nous donne l’impression de voir les choses dans la tête d’un âne.

Le meilleur acteur 2022 est le SudCoréen à Song Kang-ho (celui de

Parasite) pour le merveilleu­x Les bonnes étoiles de Hirokazu Kore-eda. La meilleure actrice étant l’Iranienne devenue française Zar Amir Ebrahimi, interprète des Nuits de Masshad.

Le meilleur scénario va à Tarik Saleh pour Boy From Heaven, thriller captivant dans les couloirs de l’université al-Azhar du Caire.

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| PHOTO : ÉRIC GAILLARD, REUTERS Le Suédois Ruben Östlund avait déjà été récompensé en 2017.

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