Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Chantons sous la pluie… sous le soleil de Cannes

La comédie musicale restaurée en 4K ressort mercredi au cinéma. Un chef-d’oeuvre que Patricia Ward Kelly, dernière épouse de Gene Kelly, remet dans son contexte.

- G. K.

Avouons-le. Chantons sous la pluie fait partie de l’Histoire du cinéma. Mais beaucoup de spectateur­s ne l’ont jamais vu sur un grand écran. Pourtant, quel plaisir !

Le film de 1953 est toujours aussi efficace. À part une ou deux scènes, il n’a même pas pris de rides puisqu’il est censé se passer à la naissance du cinéma parlant, dans les années 1920.

Outre les chansons Good Morning ou Singing In the Rain, rentrées au patrimoine culturel mondial, il reste un bijou d’humour et de légèreté. Et les chorégraph­ies ! Une révolution pour l’époque. Quelque chose qui tient de la danse, du cirque et de la performanc­e.

Patricia Ward Kelly, 63 ans, est intarissab­le sur le sujet. Pourtant, à 26 ans, alors qu’elle travaille dans un musée à Washington et rencontre Gene Kelly, 73 ans, elle n’a vu aucun film de son futur mari.

« Je ne savais pas qui il était. Vous imaginez ! Après, quelqu’un m’a dit qu’il était très célèbre. J’ai foncé dans un magasin de vidéos et j’ai tout pris et regardé en un weekend. » Ils se sont mariés cinq ans plus tard, en 1990, alors que Patricia avait 31 ans. C’était le troisième mariage de Gene Kelly. Ils sont restés unis jusqu’au décès de l’artiste, en 1996.

« Un grand musicien »

Au cours de sa carrière, Gene Kelly était venu plusieurs fois sur la Croisette. « Cannes était très important pour lui. La première fois, c’était en 1955. Il y avait le producteur et réalisateu­r Jules Dassin, blacklisté aux États-Unis (c’est l’époque du Maccarthys­me). Personne ne voulait s’afficher avec lui. Gene lui a pris le bras et ils ont monté les marches ensemble. C’était ça Gene Kelly. Quelqu’un d’une grande intégrité. »

Il est aussi l’homme d’Un Américain à Paris (1951) et le charmant Andy des Demoiselle­s de Rochefort (1967). Mais Chantons sous la pluie reste à part. « C’est incroyable comvoyait ment ce film continue à toucher les spectateur­s dans le monde entier », s’étonne encore Patricia Kelly.

« Gene Kelly a changé la danse, a créé un nouveau style. Il y a un avant et un après. Il voyait les choses en trois dimensions. Il travaillai­t comme un écrivain. Il était assis et il avait un écran dans sa tête. Il les figurants, les danseurs, la chorégraph­ie. »

Devenue gardienne de l’héritage de son mari, Patricia Kelly sait-elle quel souvenir Gene gardait du tournage de Chantons sous la pluie ? « Celui d’une équipe merveilleu­se. Avec de grands amis, notamment l’actrice Jean Hagen » (sa partenaire un peu bête avec une voix de fausset). N’était-ce pas plus compliqué avec Debbie Reynolds, dont le personnage de Gene tombe amoureux ? « Ce n’est pas vrai. Il y a tant d’histoires sur ce film. Gene était perfection­niste et tout le monde a énormément travaillé. »

Cet été, tous les dimanches de 11 h à midi, du 10 juillet au 28 août, Patricia Kelly livre, sur France Musique, des enregistre­ments inédits et ses souvenirs. « C’est un privilège et une grande responsabi­lité. C’est aussi une façon de reconnaîtr­e que Gene était également un grand musicien. »

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Patricia Ward Kelly, à Cannes.

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