Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
L’inquiétant succès de la cigarette électronique jetable chez les ados
L’usage de puffs, des cigarettes électroniques jetables, se répand en France, en particulier chez les mineurs. Enquête sur ce phénomène qui inquiète.
Ce 31 mai, Journée mondiale sans tabac, sera l’occasion d’évoquer un phénomène qui inquiète : la puff .Ce terme, qui signifie « bouffée » en anglais, désigne les cigarettes électroniques jetables. Des cigarettes vendues moins de dix euros l’unité, au design coloré, aux saveurs exotiques ou enfantines qui font un tabac… y compris dans les cours des collèges et lycées.
La puff était apparue il y a une dizaine d’années en France lors de l’essor de la cigarette électronique. Elle devait séduire des fumeurs en cours de sevrage qui jugeaient les recharges peu pratiques, mais n’avait pas trouvé son public… avant d’être relancée en Californie et de faire son retour en France, il y a quelques mois. Plus facile d’utilisation (pas besoin d’un briquet, il suffit d’aspirer pour déclencher la combustion), dotée d’une batterie intégrée, préremplie en e-liquide, elle se veut aussi petite et légère qu’une cigarette traditionnelle.
Un marché opaque
Les fabricants la proposent avec nicotine (jusqu’à 20 mg/ml) ou sans, ce qui brouille les pistes pour les plus jeunes, même si cela doit être notifié sur le paquet. Ils ont l’obligation de se signaler auprès des autorités sanitaires (l’Anses), pourtant « d’autres produits, non notifiés aux autorités françaises, sont également accessibles au public, notamment via Internet, et pour certains avec des taux de nicotine qui peuvent dépasser le taux autorisé pour ce type de produit », alerte le ministère de la Santé.
Ce qui met mal à l’aise les représentants de la filière de la cigarette électronique comme France Vapotage,
qui veut éviter les amalgames ou les scandales. « Notre objectif est avant tout de promouvoir le dialogue avec les pouvoirs publics et de développer la vape responsable, assure Vincent Durieux, président de France Vapotage. Le vapotage s’adresse aux personnes adultes qui veulent sortir du tabac. Le problème c’est quand on voit que certains ne respectent pas la réglementation en vigueur. On doit l’interdire notamment au libre-service ! »
Qui sont les fabricants de puffs ?Il ne s’agit pas des géants du tabac, raconte Benoit Samarcq, spécialiste de la distribution BtoC au sein du
cabinet d’études Xerfi. « Ce sont à 80 % des grandes marques de cigarettes électroniques chinoises ou des fabricants de e-liquides comme le français Liquideo (marque Wpuff) .» Impossible de quantifier ce marché, tant il est fragmenté et opaque. Liquideo et la Confédération des buralistes n’ont pas répondu à nos sollicitations. Mais le nombre de références a triplé en 2021.
Des conséquences environnementales
Le phénomène inquiète aussi pour ses conséquences environnementales. Composée principalement de matières plastiques et d’une pile au lithium, la puff est bien souvent jetée à la poubelle alors qu’elle devrait faire l’objet d’une collecte spéciale.
Conséquences, plusieurs pays légifèrent… par l’interdiction ou la taxation. « L’Allemagne a décidé de taxer les e-liquides depuis le 1er janvier, raconte Benoit Samarcq. En France, ce n’est pas le cas, mais les droits d’accises (taxes indirectes) sur le tabac pourraient bien être étendus aux produits de vapotage, avec la révision à venir de la directive tabac en Europe. »