Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Pourquoi la puff plaît tant aux jeunes ?

- Camille DA SILVA.

16 h tapantes, sous un soleil de plomb. Aux abords d’un collège rennais, comme des lions en cage qu’on aurait soudaineme­nt libérés, une horde de collégiens sort de cours dans le vacarme. Parmi les petits groupes qui se forment, il ne faut pas chercher longtemps pour trouver des consommate­urs de cigarettes électroniq­ues jetables. « Les puffs ? Sans blagues qu’on connaît ! » s’exclame en choeur un groupe de jeunes survoltés, qui ont entre 13 et 15 ans. « Moi j’ai connu par mon grand frère et j’en ai vu sur les réseaux sociaux, raconte Clara (1), 14 ans. J’ai testé par curiosité, parce que c’est la grande mode. »

« C’est très facile à avoir »

Près des grilles de ce collège, les puffs ne s’affichent pas ostensible­ment. Le mouvement est encore discret mais fait bien partie du quotidien de ces ados. Ils en fument « de temps en temps, en soirée ou avec des amis », explique Chloé, 15 ans, élève de 3e.

Ce qu’ils aiment ? « L’odeur, la fumée, la sensation, le goût », bref, « la puff, c’est cool. » Certains sont déjà consommate­urs de tabac, d’autres non, mais parmi les collégiens interrogés, tous ont déjà fumé de la puff, avec ou sans nicotine.

À la sortie d’un lycée rennais, même son de cloche. La puff prend ses marques depuis plusieurs mois. « On connaît grâce aux réseaux sociaux et une fille de notre classe nous en a passé, raconte Manon, 17 ans, qui en fume de temps en temps à côté des cigarettes classiques. Il y en a partout, franchemen­t, c’est très facile à avoir. » Car tous ces mineurs déclarent la même chose : il n’y a aucune difficulté à s’en procurer, notamment sur Internet, où

l’âge est demandé mais pas vérifié. «Et c’est même plus facile d’avoir une puff que du tabac, ça passe plus facilement avec les buralistes », estime Lucie, 16 ans, élève de première. Effet de mode ?

« Pour moi c’est LE gadget du moment, tout le monde en a, tout le monde cherche à en acheter, dès que tu vois quelqu’un avec, ça suscite de l’intérêt », remarque Leaud, étudiant nantais de 24 ans. Gros consommate­ur de cigarette électroniq­ue, il s’est laissé tenter par la puff pour son format « petit, léger et pratique ». Un côté ludique qui plaît et revient en boucle.

Puis il y a les goûts, addictifs, qui portent à confusion. « Barbe à papa », « chocolat », « fraise »… Autant de tentations pour ces jeunes. « Je n’en fume pas tous les jours, mais si je passe à côté d’un tabac, je vais me dire : tiens, je m’achèterais bien une puff, avoue Léaud. Pour le plaisir, comme certains achèteraie­nt un paquet de bonbons. »

Pourtant, la plupart de ces nouveaux consommate­urs ne sont pas dupes quant aux dangers écologique­s ou sanitaires que soulève cette cigarette 2.0. Mais ils passent outre. « Dans le tabac, il y a déjà beaucoup de choses très nocives et on est au courant. La puff, c’est nocif et on le sait, c’est tout », estime Lucie.

Malgré leur différence d’âge, pour tous ces jeunes témoins, l’utilisatio­n de la puff est globalemen­t la même : « occasionne­lle ». Pourquoi ? « Parce que c’est cher ! s’exclame Nicolas, étudiant rennais de 24 ans. La dernière fois que j’en ai acheté une, c’était bien 10 € et ça m’a duré deux jours. Financière­ment, ce n’est pas intéressan­t par rapport au tabac ou la vapote. »

Et derrière son ascension fulgurante, la totalité des interrogés estime que « la puff n’est qu’un effet de mode ». « Ça va peut-être continuer à se développer pendant un temps, prédit Nicolas, mais je pense que ça va disparaîtr­e aussi vite que c’est apparu. » (1) À leur demande, les noms de plusieurs témoins ont été modifiés.

 ?? | PHOTO : GUILLAUME SALIGOT, OUEST-FRANCE ?? La « puff » prend ses marques chez les jeunes. La plupart en consomment occasionne­llement. (Photo d’illustrati­on)
| PHOTO : GUILLAUME SALIGOT, OUEST-FRANCE La « puff » prend ses marques chez les jeunes. La plupart en consomment occasionne­llement. (Photo d’illustrati­on)

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