Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Publicité illégale sur les réseaux sociaux, l’arme des fabricants
Dans leurs chambres, avec des amis, en voiture… et toujours une puff àla bouche. Lorsque l’on ouvre l’application TikTok, Snapchat ou Instagram, on ne compte plus le nombre de publications mettant en scène des jeunes avec leurs cigarettes électroniques jetables. Sketchs, tutos, vidéos dégustation… Il y en a pour tous les goûts.
Mais derrière ces posts aux airs récréatifs, se cachent souvent des partenariats dissimulés. « Certains fabricants utilisent des influenceurs pour faire la promotion de leurs produits. Il semblerait qu’ils leur proposent des sommes d’agent conséquentes en échange de publications ou leur envoient des produits gratuitement », détaille Amélie Eschenbrenner du Comité national contre le tabagisme (CNTC), qui lutte contre ces dérives.
Une publicité sournoise
Pourtant, en France, le ministère de la Santé rappelle que « la publicité et la promotion de produits du vapotage sont interdites ». Alerté par la vague de puffs qui déferle depuis l’an dernier sur les réseaux sociaux, il a récemment adressé un signalement au Parquet.
Problème : cette publicité, insidieuse, reste difficile à prouver. « Ces publications passent sous les radars. C’est assez subtil, ce n’est pas directement indiqué que ce sont des partenariats rémunérés, ce sont parfois des publications éphémères… Et les fabricants utilisent beaucoup de petits influenceurs, c’est donc moins visible. »
De leur côté, les réseaux sociaux interdisent eux aussi toute publicité pour le tabac ou le vapotage.
Sur TikTok, le mot-clef « Puff » a été bloqué, mais il suffit de le taper au pluriel dans la barre de recherche pour voir apparaître des centaines de contenus. « Les plateformes essayent de se saisir du problème mais elles sont dépassées », déplore Amélie Eschenbrenner.
Contre cette publicité illicite, le CNCT réalise des veilles, constitue des dossiers et agit en justice. Il a récemment remporté deux victoires contre des géants du tabac et engage une procédure contre l’une des marques leaders sur le marché des puffs, Wpuff.
« C’est très positif, car ça nous permet de construire une jurisprudence en la matière. Mais ce sont des sanctions de quelques milliers d’euros et pour des compagnies qui brassent des millions comme eux, ce n’est pas dissuasif. On se sent démunis parce que, même si on arrive à avancer dans la lutte contre le tabagisme, les industriels trouveront toujours de nouveaux moyens pour recruter des consommateurs. »