Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
La Cinéscénie, « une fourmilière hyper organisée »
Depuis les tribunes du grand spectacle nocturne du Puy du Fou (Vendée) , impossible de la soupçonner. Pourtant, derrière la scène, une course démarre dès le démarrage de la fresque.
22 h 30, la nuit est tombée, dans l’ouest de la France, en cette fin de mois de mai. Encore une petite lueur bleutée traverse le ciel, en Vendée. Dans la petite commune des Épesses, la magie peut opérer. C’était, mercredi, la dernière répétition générale de la Cinéscénie, le spectacle nocturne du Puy du Fou, avant la première représentation samedi 4 juin. Tout doit être parfait et Nicolas de Villiers, président, veille au grain depuis la tribune.
Au micro, il lance : « Nous allons jouer la Cinéscénie aujourd’hui comme un spectacle. Soyons indulgents, mais donnons le meilleur ! »
Une course millimétrée
En coulisse, la fourmilière s’active et ne s’arrête plus, pendant une heure et demie. 2 700 comédiens, tous bénévoles, composent cette gigantesque fresque nocturne qui célèbre, en 2022, ses 45 ans. Ils sont appelés les Puyfolais. Et cette Cinéscénie, ils la connaissent sur le bout des doigts. L’erreur est presque impossible.
Le spectacle démarre. Dans une coursive, invisible depuis la tribune, le claquement des sabots se fait entendre. Des dizaines de comédiens costumés repartent de la scène et courent en tenue vers leur « village », là où ils pourront se changer, en quelques minutes seulement, avant de revenir face aux spectateurs.
C’est une course folle. Tout est rodé, chacun sait où il va et précisément où il doit se placer. « C’est une fourmilière hyper organisée », glisse, entre deux scènes, Marguerite, une Puyfolaise. Parce qu’avant le démarrage, les coordinateurs des cinq villages sont appelés, « pour être sûr que tout est prêt » dans les moindres détails, jusqu’à la préparation des animaux.
Les chevaux, particulièrement. Quelques heures avant le démarrage du spectacle, ils sont bichonnés par les bénévoles, et Pascal, le responsable des sauts d’école, dans le village de la Cavalerie. « On les échauffe dans le manège avec les Puyfolais qui seront avec eux sur scène. » Révision du pas espagnol, des révérences… « et des petites techniques pour déplacer le cheval discrètement s’il n’est pas à la bonne place sur scène ». Tout est millimétré, il ne doit pas y avoir de faux pas. Alors, Pascal scrute les moindres détails pendant l’entraînement, conseille son équipe, guide les chevaux qu’il connaît par coeur, lui qui est Puyfolais depuis 1987.
En tribune, 3 000 personnes sont présentes pour cette répétition, « des Puyfolais qui ne sont pas comédiens [au total, il y a 4 500 bénévoles à la Cinéscénie, N. D. L. R.], des salariés invités à voir la Cinéscénie… » qui ne peuvent rien voir de ce qui se passe derrière la scène. « C’est la magie du spectacle », sourit Adrien, salarié le jour, Puyfolais la nuit.
Fin de la répétition, le feu d’artifice est tiré, les milliers de comédiens saluent. Et Nicolas de Villiers reprend le micro : « C’était magique ! Surtout, soignez la sortie jusqu’au bout », conseille-t-il. Le spectacle doit être parfait jusqu’au bout, pour émerveiller les spectateurs chaque vendredi et samedi, à partir du 4 juin.