Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
La fabuleuse histoire de la marque Moulin Roty
Cette année marque les 50 ans de Moulin Roty. Connue à travers le monde pour ses jouets et produits enfantins, la marque cultive un esprit communautaire malgré les aléas du marché international.
À 50 ans, Moulin Roty est une marque aujourd’hui connue à travers la France par les enfants, leurs parents et bien au-delà. Son histoire est particulière à plus d’un titre.
Tout commence à Saffré, en 1972, dans une ancienne minoterie près d’un moulin, du nom du hameau Moulin-Roty. Une bande d’une soixantaine d’amis s’installe là, rénove les bâtiments et lance un atelier d’artisanat de meubles, de bijoux et autres lampes. L’esprit est communautaire, tout le monde s’y met. Le groupe vit en autarcie.
La reconnaissance et le succès
Trois ans plus tard, ils flairent un autre marché, celui de l’univers des jouets pour enfants. Et présentent leur petite voiture en bois et en mousse au Salon des métiers d’arts de Paris. C’est le début de la reconnaissance et du succès.
Les créateurs choisissent le statut de Scop (société coopérative), statut qui perdure encore aujourd’hui : la société appartient aux salariés et les décisions sont votées à l’unanimité. Les douillettes de 1978, « une poupée moelleuse au visage tendre », comme l’évoque la société dans une brochure, cousue en mouchoirs de Cholet, fait des heureux.
Tout s’envole en 1988 lorsqu’un incendie ravage la minoterie, ruine quelque peu les espoirs de continuer de vivre ainsi, et emporte avec lui un monde presque utopique.
Fort heureusement, la fabrique de jouets n’est pas abandonnée. « Il fallait trouver un autre endroit, pas trop loin des grands axes », explique Jérémy Le Gouic, responsable communication de Moulin Roty.
La commune de Nort-sur-Erdre est l’endroit privilégié, et reste, en 2022, le siège social de l’entreprise, dans un bâtiment de 6 000 m2.
Moulin Roty… « Vite un câlin »
Au début des années 1990, Moulin Roty a son slogan mignon, « Vite un câlin », et son symbole, un ours avec un lapin. La Scop poursuit son évolution et lance la création de jouets d’antan, comme des anciennes dînettes, des boîtes à couture et de bricolage qui font sensation.
Pour la fabrication, la marque démarre l’externalisation de la fabrication à Hong-Kong. Une usine qui sera une filiale de Moulin Roty, avec un membre de la Scop à sa tête, « pour être certaines que les conditions de travail y seront bonnes », comme l’écrivait une consoeur dans Dimanche Ouest-France , le 12 décembre 1999.
En 2000 apparaît une petite star, Louna l’abeille, aux couleurs vives orange et rose, qui tranche avec le pastel des décennies précédentes. Avant les Jolis pas beaux en 2007, des doudous fabriqués avec de multiples bouts de tissus.
Entre-temps, la Scop a ouvert sa première boutique à Nantes et développe l’exportation à travers le monde et ses filiales de fabrication. Après avoir longtemps travaillé avec uniquement des CAT (centres d’aides par le travail), elle sous-traite l’assemblage des tissus et la confection des poupées en Chine, pour limiter les coûts de fabrication, pays spécialiste en la matière. « La Chine a ce savoir-faire technique que nous n’avions pas en France, et nous avons cinq usines presque intégrées à la Scop sur place », ajoute Jérémy Le Gouic. En 2012, à 40 ans, elle inaugure sa première boutique à Paris.
Dix ans plus tard, Moulin Roty emploie 80 personnes à Nort-sur-Erdre pour assurer la création, la logistique notamment. Si son logo est désormais bien coloré, l’âme reste en partie la même, faire rêver les enfants. La marque lance même ponctuellement des collections de vêtements de0à3ans.
1 200 revendeurs en France
Avec 1 200 revendeurs en France, dont la plupart des boutiques indépendantes, et un marché à l’international florissant (40 à 45 % du chiffre d’affaires), Moulin Roty est une cinquantenaire qui se porte bien.
Elle lance d’ailleurs un grand concours de la création, « Crée ton doudou », et les trois gagnants auront leur doudou en exemplaire unique.