Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Le lustre du palais Briau a illuminé leurs vies
François Devouge et sa fille Daphné Allizon deviennent des passeurs d’histoire, ce dimanche, de 14 h à 18 h, lors de la vente aux enchères volontaire de 296 objets et meubles du château.
Ce dimanche, Malo de Lussac, commissaire priseur à Daguerre Val de Loire, organise la vente aux enchères.
« Celui qui s’est porté acquéreur du château de la Madeleine est amoureux de son histoire », assure Daphné Allizon. Le 31 mai, son père François Devouge ne sera plus propriétaire dudit palais Briau, à Varades, en pays d’Ancenis.
L’architecte d’intérieur et peintre y aura vécu un peu plus d’un quart de siècle. « Une page se tourne. Mon épouse, Thérèse, est décédée il y a cinq mois. Je ne pouvais pas gérer cette grande maison et son parc de 16 ha tout seul. Cette passation se fait donc dans la logique des choses. »
Une « folie » architecturale, une âme de collectionneur
Sortie de l’imagination de François Briau, cette folie architecturale et paysagère à l’italienne a été édifiée par l’architecte Édouard Moll, entre 1854 et 1864.
Ce dimanche, de 14 h à 18 h, lors de la vente aux enchères « volontaire» , François Devouge se séparera tout ou partie des 296 objets et meubles issus des collections de l’ingénieur des chemins de fer de Napoléon III.
Avec cet illustre bâtisseur qui construisit la ligne Bologne-Ancône pour le compte de la compagnie de chemin de fers romains, petit train va loin.
Comme l’attestent de nombreux fragments calcaires gravés en latin, d’époque romaine exposés sur un grand billard.
« Un contrat passé avec les États pontificaux en 1867 lui permettait de prendre certaines pièces découvertes sur le chantier », développe Benoît Derouineau, commissaire-priseur de l’étude Daguerre.
L’imposant lustre en bronze doré et cristaux du grand salon devrait dépasser sa mise à prix de 15 000 ou 20 000 €. « Une pièce exceptionnelle de la maison Graux Marly, bronzier
de Napoléon III, fabricant des lustres de la chapelle du château de Versailles », détaille Malo de Lussac, commissaire-priseur à Daguerre Val de Loire. L’esprit des lieux
La fiche du catalogue précise : Avec ses 60 bougies et quinze lumières sur deux rangs et avec de petits accidents à une cloche. « J’étais adolescente et lors d’une fête, l’une d’entre nous s’était cognée et avait cassé un cristal, se remémore Daphné Allizon. Regardez ! »
Elle emportera avec elle un autre souvenir magique : « L’esprit des lieux. Le premier jour, lors de notre arrivée, en 1995, avec mes cousins, nous avions dormi sous ce grand lustre. On avait peur qu’il nous tombe dessus ! »
Alors, père et fille n’ont « qu’un souhait », c’est que le nouveau propriétaire l’achète (George Berkowski, N.D.L.R.) et le garde en lieu et place.
Une vente aux enchères illustrée par « tous les explorateurs de notre famille. Ils ont rapporté de nombreux objets de leurs voyages. Ils cheminent et nous sommes juste des passeurs d’histoire. Nous n’avons pas de regret. Nous avons bien vécu ici. C’était merveilleux ! »