Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
CFlee, un film d’animation sur un réfugié afghan
Pour le témoignage. Primé à Sundance et nommé à trois reprises aux Oscars, ce documentaire d’animation narrant le destin d’un Afghan exilé au Danemark est l’un des sommets de l’année.
Enfin ! Grand Prix de la compétition documentaire à Sundance en 2021, nommé à trois reprises (animation, docu et film étranger ; du jamais vu dans l’histoire de la cérémonie !) aux Oscars, Flee, co- produit par la société rennaise Vivement Lundi, débarque sur les écrans français. Et ce, dans une chronologie singulière, comme pour souligner le côté à part de ce documentaire d’animation réalisé par le danois Jonas Poher Rasmussen : d’abord les petits écrans (sur arte.tv) avant d’avoir les honneurs du grand, le 24 août. Et nul doute que lorsqu’on fera le bilan de cette année cinéma 2022, il se situera tout en haut.
Portrait d’un ami d’enfance
Rasmussen signe ici le portrait d’un de ses amis d’enfance, Amin, un Afghan qui a dû fuir, gamin, son pays natal, lors de la prise de pouvoir des moudjahidines. C’est au Danemark qu’il s’est établi et où, au fil du temps, désormais en couple avec un autre homme, il est devenu un universitaire réputé. Cette histoire, Amin ne l’avait jusqu’ici racontée à personne. Et s’il a accepté de le faire pour son ami, c’est à la condition de respecter son anonymat et celui de son compagnon. Par crainte, dans le cas contraire, de subir des harcèlements sur les réseaux sociaux.
C’est ce pacte qui donne naissance à la forme particulière de ce documentaire. Un témoignage qui passe uniquement par la voix et un mélange d’images d’archives d’actualité et d’animation – sous diverses formes (semi-réaliste, crayonnée…) – pour combler les trous. Flee raconte, tout à la fois, une survie et une émancipation au fil de ces années où Amin va découvrir son homosexualité, exilé dans un pays qui ne la tolère pas vraiment. Et l’animation permet la prise de distance indispensable pour que ce récit, éminemment bouleversant, ne bascule jamais dans le larmoyant. Confesseur et passeur hors pair, Rasmussen se situe pile au bon endroit. Et signe un film immense. 1h23.
Disponible sur arte.tv.