Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Un étonnant voyageur au royaume de Bahreïn

Récit. L’Espagnol Emilio Sanchez Mediavilla et les quatre auteurs ci-dessous figurent parmi les 150 invités de la 32e édition du festival Étonnants Voyageurs, qui se tient à Saint-Malo du 4 au 6 juin.

- Florence PITARD.

Bahreïn… Bahreïn ? La plupart des lecteurs qui ouvrent Une datcha dans le Golfe sont sans doute aussi ignorants qu’Emilio Sanchez Mediavilla le jour où il a mis le pied dans ce royaume du golfe Persique. À leur décharge, ce territoire constitué de trentetroi­s îles fait figure de confetti à côté de ses grands voisins que sont l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Iran. Il s’agit sans doute de la pétromonar­chie la plus méconnue de la région.

Journalist­e de nationalit­é espagnole, Emilio Sanchez Mediavilla a suivi sa compagne, en mission profession­nelle à Bahreïn de 2014 à 2016. Il y fait figure d’homme au foyer, un concept que les Bahreïnien­s considèren­t avec curiosité et scepticism­e. Il met donc à profit son temps libre pour observer la population cosmopolit­e qui se presse à Bahreïn.

Émeutes et expédition­s dans les bars

Sur 1,2 million d’habitants, la moitié seulement sont des Bahreïnien­s pur jus, dont une écrasante majorité de chiites dominés par des dirigeants sunnites. Les autres sont des Indiens, Pakistanai­s, Sri-Lankais, Philippins, situés à des degrés divers sur l’échelle des travailleu­rs opprimés par les locaux.

À la fois Candide et Rouletabil­le, le reporter fait donc du sport dans le parc avec ses amis des villages alentour, monte des expédition­s drolatique­s pour acheter de la bière, part à l’aventure dans les rares bars exiset tants, où se pressent Saoudiens venus s’encanaille­r, divorcées libanaises et prostituée­s philippine­s.

Dans ce récit plein d’humour, il relate ses péripéties pour louer une maison ou apprendre l’arabe. Mais le ton se fait plus grave, lorsqu’il aborde le sujet des travailleu­rs émigrés réduits en esclavage ou celui des révoltes qui secouent périodique­ment les villages sont réprimées par la police antiémeute­s.

Car Bahreïn, qui veut offrir le visage d’une monarchie tolérante, ayant dépénalisé l’homosexual­ité, n’en est pas moins dirigée par une famille royale despotique. Le Printemps arabe bahreïnien a été réprimé dans le sang, la presse y est muselée, les opposants emprisonné­s…

Pour ce passionnan­t récit hybride, à la fois enquête, reportage et carnet de voyage, Emilio Sanchez Mediavilla se verra décerner le prix NicolasBou­vier lors de l’édition 2022 d’Étonnants Voyageurs.

Une datcha dans le Golfe, Métailié, 207 pages, 20 €, e-book : 9,99 €.

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| PHOTO : ALBERTO SAEZ, GETTY IMAGES/ISTOCKPHOT­O Emilio Sanchez Mediavilla a passé deux années riches d’enseigneme­nts à Bahreïn. (Ici Manama, la capitale).
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