Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

« En tant que belle-mère, je ne peux être fêtée »

Psycho. Les belles-mères sont de plus en plus nombreuses, mais encore peu reconnues par la société. Et le rituel de la fête des Mères peut être un moment délicat.

- Charlotte HERVOT.

« On faisait attention à ce que les enfants soient avec leur mère le jour de la fête des Mères, parce que c’était plus simple, se remémore Sarah (1), 43 ans, belle-mère de deux enfants âgés aujourd’hui de 25 et 29 ans. Mais c’est arrivé que ça ne soit pas le cas. Alors, on faisait vraiment gaffe à ce qu’ils l’appellent ou à ce qu’ils reviennent avec une carte ou un cadeau pour elle. »

Familles monoparent­ales, homoparent­ales, recomposée­s, endeuillée­s… La traditionn­elle fête des Mères ne prend pas en compte la réalité des familles d’aujourd’hui, au sein desquelles les belles-mères n’ont jamais été aussi nombreuses. « Les pères se remettent en couple plus vite et plus fréquemmen­t que les femmes, ça explique qu’il y ait de plus en plus de belles-mères », constate Catherine Audibert, psychologu­e et psychanaly­ste, qui a écrit Le complexe de la marâtre – Être belle-mère dans une famille recomposée (Payot), en 2004.

Mais leur place et leur rôle restent peu reconnus et les obligent sans cesse à composer, encore plus ce jour-là. « On fait toujours partie des invisibles, assure Marie-Luce Iovane, qui a créé le Club des marâtres en 2003. Tous les actes de la vie quoti

dienne sont complexifi­és parce qu’il n’y a aucun cadre juridique… » Sarah résume : « La société te renvoie sans cesse que tu n’es pas leur parent, donc tu ne peux pas être fêté ! »

Pourtant, certaines crèches et écoles s’adaptent, en proposant par exemple de célébrer la « fête des parents » ou « de ceux qu’on aime ». « C’est une attention louable, juge Catherine Audibert. Car quand des adultes s’investisse­nt au quotidien auprès d’un enfant, ils ont une place non négligeabl­e dans beaucoup de cas. Et ça fait toujours du bien de voir que pour les institutio­ns comme l’école, ils ne sont pas rien, comme ça a été le cas pendant longtemps. »

Conflit de loyauté

Reste que fêter les parents et les beaux-parents le même jour peut s’avérer délicat. « Souvent, il y a une rivalité entre les parents et les beaux-parents, observe Catherine Audibert. Mais même sans ça, les enfants peuvent se sentir pris en étau dans un conflit de loyauté. »

D’où l’idée d’une Québécoise, Valérie Roberts, autrice de La blonde de papa, d’instituer la Journée nationale des beaux-parents. Depuis l’an dernier, elle a désormais lieu le troisième dimanche de mai. (1) Prénom d’emprunt.

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| PHOTO : CHARLES DUTERTRE

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