Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Une chenille peut en cacher une autre…
Faune sauvage. Les chenilles processionnaires du chêne succèdent au printemps à celles du pin. Pour nos animaux, quelle est la différence ?
Au sol et dans les airs
« Le public connaît mieux les processionnaires du pin que celles du chêne, note Gilbert Gault, vétérinaire toxicologue. Ce sont elles qui causent le plus d’accidents. En particulier chez le chien – et surtout chez le chiot –, moins circonspects que le chat. » Et pour cause : « C’est au sol que les processionnaires du pin achèvent leur mue. Elles descendent des arbres pour aller s’enfouir à la queue leu-leu, ce qui multiplie les risques de contacts directs. »
La processionnaire du chêne, en revanche, complète son cycle dans les arbres. « Le risque d’y mettre la truffe est donc moindre. » Mais pas inexistant : « Les cocons des processionnaires du chêne sont tissés plus lâche et laissent échapper des soies en concentration plus ou moins
forte aux abords des arbres hôtes. »
Présence mutante
Problème : si les processionnaires du chêne, présentes de mai à juillet partout où l’on trouve des chênes, restaient plutôt discrètes en dehors du Grand Est, la donne a changé.
Chargé de recherche à l’unité de zoologie forestière de l’INRAE, Jérôme Rousselet explique : « On parle beaucoup des processionnaires du pin dont l’aire de présence ne cesse de s’étendre et qui apparaissent de plus en plus tôt dans l’année du fait du réchauffement climatique. Mais la modification des milieux liée aux activités humaines affecte probablement aussi les processionnaires du chêne. Jusqu’à présent, on assistait à des épisodes de pullulation ponctuels, globalement circonscrits au Grand Est. Aujourd’hui, ces phases éruptives se généralisent, jusque dans le Grand Ouest sans qu’on sache encore précisément pourquoi. »
Vigilance en forêt
Une vigilance accrue s’imposera donc cet été en forêt : « Ne laissez pas votre chien – ni vos enfants – fureter sous les chênes, conseille Gilbert Gault. En cas d’exposition à des soies, sachez que c’est lorsqu’on les casse – en se grattant par exemple – que les soies libèrent la protéine nécrosante qu’elles renferment. »
Et si en cours de promenade, votre animal se met subitement à baver, à se lécher ou se gratter de manière compulsive, n’attendez pas pour consulter un vétérinaire.