Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Juan Carlos Ferrero : « Carlos n’a pas de limites »

Roland-Garros. Vainqueur à Paris en 2003, l’Espagnol Juan Carlos Ferrero entraîne son jeune compatriot­e, Carlos Alcaraz, qui jouera son 8e de finale ce soir. Il revient sur son incroyable ascension.

- Recueilli par Christophe PENOIGNON.

Il est l’une des figures du Roland-Garros du début des années 2000. Juan Carlos Ferrero a dû ronger son frein avant de s’imposer à Paris. En 2000 et 2001, l’Espagnol a été stoppé en demi-finale par l’idole du public parisien, Gustavo Kuerten, avant de subir la loi de son compatriot­e Albert Costa en 2002. La consécrati­on est venue en 2003 pour « El Mosquito » (« Le Moustique ») , lorsqu’il est venu à bout du Néerlandai­s Martin Verkerk en finale (6-1, 6-3, 6-2). Retraité des courts depuis 2012, l’ancien n°1 mondial a depuis fondé son académie près d’Alicante. Il y entraîne la nouvelle pépite du tennis mondial, Carlos Alcaraz, qui affrontera ce soir (20 h 45) le Russe Karen Khachanov.

En tant qu’entraîneur, comment expliquez-vous l’ascension fulgurante de Carlos cette année ? Carlos travaille dur depuis de nombreuses années. Tous ses efforts portent leurs fruits. Je pense que la différence avec d’autres joueurs de haut niveau qui sont déjà au sommet mais qui ont mis plus de temps à y arriver, c’est qu’il a réussi à s’isoler de tout ce qui se passe autour de lui, avec l’aide de sa famille, de son équipe et de son académie. Je pense qu’une telle progressio­n était possible, elle n’en reste pas moins impression­nante.

On parle beaucoup de la comparaiso­n avec Rafael Nadal, car son ascension est similaire à celle de Rafa en 2005. Est-ce un poids lourd à porter ?

Avant, nous étions plus préoccupés par cela, mais Carlos a déjà fait son propre chemin. Le fait d’être comparé à lui est le symptôme qu’il se porte bien, mais ce n’est plus une étiquette. Il n’est plus le nouveau Nadal, il a mérité d’être Carlos, le premier Espagnol à remporter le Masters 1000 de Miami. Dans ce sens, nous pouvons vivre cela avec calme. Il doit continuer à forger sa voie et son nom.

Cependant, Carlos semble déjà plus fort que Rafa sur le court dur au même âge…

En 2005, Rafa a remporté de nombreux tournois, dont plusieurs sur dur. Il m’a battu en demi-finale à Pékin, il a gagné le Masters 1000 à Madrid qui se jouait sur dur à l’époque. Il a perdu en finale à Miami contre Federer… Le jeu de Carlos est peut-être plus proche de celui de Federer sur les courts durs, mais malgré cela, le bilan de Rafa cette annéelà est impression­nant. Pour le moment, c’est mieux que Carlos.

Certains disent qu’il fait partie des favoris de Roland-Garros, mais doit-on plutôt le considérer comme un outsider ?

Nous sommes venus avec l’intention d’essayer de gagner le tournoi. Nous nous pensons prêts à rivaliser avec les meilleurs. Lutter avec des joueurs qui ont gagné plus de 20 titres du Grand Chelem, Rafa avec ses 13 Roland-Garros… Il est clair que gagner un Grand Chelem est quelque chose de très difficile, mais nous nous estimons prêts pour cela.

Où doit-il s’améliorer et a-t-il des limites ?

Il est encore jeune et a beaucoup de choses à travailler : son service, son retour, ses passings, sa régularité sur le terrain… Je ne vois pas de limites, juste une marge de progressio­n.

Pensez-vous qu’il puisse devenir numéro un mondial très bientôt ? En tout cas, il semble destiné à le devenir un jour…

La première place mondiale est l’un de nos objectifs, mais je pense qu’il est encore tôt. Il y a beaucoup de concurrenc­e. Cependant, nos objectifs sont plus élevés que de gagner deux Masters 1000 (Miami et Madrid) et de battre une fois le numéro un mondial (Djokovic en demi-finale à Madrid). Nous devons continuer à travailler pour les atteindre, comme toujours.

Vous avez gagné les Internatio­naux de France et avez une histoire particuliè­re

avec ce tournoi. Comment vivez-vous votre nouvelle vie d’entraîneur ?

Quand j’étais joueur, je ne pensais pas que je deviendrai­s entraîneur, mais j’aime vraiment le tennis. En vivant à l’académie, j’ai commencé à être plus présent sur le terrain, à m’intéresser aux joueurs et à m’impliquer avec eux. Sasha (Zverev) m’a appelé et a été le premier à me proposer. J’ai accepté et même si notre relation n’a pas duré, je lui serai toujours reconnaiss­ant de la confiance qu’il m’a accordée.

Le projet de Carlos était totalement différent : cornaquer un enfant dès son plus jeune âge, comme Antonio (Martinez Cascales) l’avait fait avec moi à l’époque. Je suis très heureux de vivre à l’Académie avec ma famille et de pouvoir profiter du tennis avec nos joueurs. Je vois les tournois que je jouais sous un autre angle en accompagna­nt « Carlitos ».

 ?? | PHOTO : AFP ?? L’émotion de Juan Carlos Ferrero (à droite) après la victoire de Carlos Alcaraz au Masters 1000 de Miami.
| PHOTO : AFP L’émotion de Juan Carlos Ferrero (à droite) après la victoire de Carlos Alcaraz au Masters 1000 de Miami.

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