Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Greffes de rein. David, Brian et les autres dialysés attendent un organe
En Loire-Atlantique, des centaines de personnes, en insuffisance rénale terminale, attendent parfois depuis des années un rein, faute d’organes.
David (1), 50 ans, attend sa greffe depuis deux ans et quatre mois. Il est atteint par une maladie héréditaire (la polykystose rénale). Ses reins n’assurent plus leur rôle de filtration du sang et d’évacuation, via l’urine, des déchets du corps. Depuis qu’il est en insuffisance rénale terminale, ce père de famille nantais subit une dialyse trois fois par semaine et pendant quatre heures environ. « Quand on sort de là, on a la tête farcie. On est lessivé », dit-il, en nous faisant visiter un centre de dialyse Echo à Nantes.
« Sans la perspective de la greffe, je ne tiendrais pas… »
Chaque malade allongé sur un lit est relié à une grosse machine qui se substitue aux reins. À son arrivée, une infirmière a branché le patient à l’appareil. Elle l’a piqué à deux reprises sur le même bras, une aiguille artérielle et une aiguille veineuse. Sur l’artère, le sang est recueilli et, sur la veine, il est restitué. Entre les deux, il va faire tout un circuit géré par la machine, dans laquelle il y a en quelque sorte un rein artificiel.
Très schématiquement, le sang est pompé, épuré, purgé des déchets et, une fois purifié, renvoyé à l’organisme. Tout au long du processus, l’excès d’eau, faute de pouvoir uriner, est rejeté. Un patient peut perdre plusieurs kilos à chaque fois. « Tout le corps encaisse. »
Responsable commercial dans une entreprise d’informatique, David est en arrêt maladie. Impossible pour lui de mener de front ces séances de dialyse et une pratique professionnelle exigeante. La greffe, il a très hâte de l’avoir enfin pour reprendre son métier. « Psychologiquement, s’il n’y avait pas cette perspective, je ne tiendrais pas », avoue-t-il avec émotion.
« Au travail, je ne pouvais plus tenir la cadence »
Brian Hernandez, le Nazairien, a 26 ans. Depuis peu, il effectue ses dialyses à l’hôpital de Saint-Nazaire, le soir, de 19 à 23 h. « Cet horaire, ditil, c’est beaucoup mieux que dans la journée. J’ai plus de temps pour chercher du travail. J’ai bossé, en particulier dans la restauration rapide. Mais j’ai dû arrêter, je ne pouvais plus tenir la cadence. J’étais trop fatigué. J’avais des migraines… »
Contrairement à David, Brian qui a des problèmes de reins depuis son plus jeune âge, a déjà été greffé. À 17 ans, à la sortie de l’adolescence. À l’époque, il avait pu ainsi éviter les dialyses. Mais reconnaît-il, « je n’ai pas toujours pris mes médicaments anti-rejet ». Il a perdu son greffon. « Je suis passé par une phase compliquée, dit-il sobrement. J’ai fait deux crises cardiaques. La deuxième fois, je suis resté trois jours dans le coma. »
Comme Brian et David, en Loire-Atlantique, environ 550 personnes sont sous hémodialyse (2) (plus de 1 700 pour l’ensemble des Pays de la Loire). Et la très grande majorité d’entre elles attendent une greffe. Parfois pendant très longtemps.
Dons d’organes, le taux de refus augmente
Les demandes pour les organes augmentent. Mais les taux de refus aussi. « Au moment du décès, selon la loi, le consentement au don d’organes est présumé et donc automatique en théorie, sauf si vous avez exprimé un refus de votre vivant », explique Anne Hiégel, la présidente de France reins Pays de la Loire.
Mais la loi impose aussi, quand les personnes décédées n’ont pas exprimé leur volonté, de se tourner vers les familles, vers les proches. Et tout cela se fait dans l’urgence, puisque le prélèvement doit se faire très vite après le décès. Ces dernières années, le taux de refus augmente. Il est de 36 % en moyenne en France, 26 % pour les Pays de la Loire.
Pour promouvoir ce don, David, Brian, Anne Hiégel ont une formule : « Tous donneurs, tous receveurs. »
David n’a pas souhaité que son nom de famille soit publié.
Il existe une autre forme de dialyse, la dialyse péritonale, mais beaucoup moins pratiquée.