Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Après un hiver pluvieux, les nappes sont rechargées, la sécheresse s’éloigne

Il a beaucoup plu ces derniers mois et ça va continuer. Pas de record enregistré,mais « un excédent récurrent » qui a rechargé les nappes souterrain­es.

- Thibaud GRASLAND.

Les visages ne retrouvero­nt pas des couleurs lors de ce week-end pascal. Le temps sera gris et pluvieux en Loire-Atlantique… à l’image de l’automne et de l’ensemble de la saison hivernale.

Les chiffres confirment cette impression de ne pas avoir vu beaucoup le soleil ces dernières semaines : 65 heures d’ensoleille­ment en février et 115 heures en mars, alors que les normales sont de 97 et 141 heures (1), soit respective­ment 35 % et 18 % de soleil en moins lors des deux derniers mois.

200 litres d’eau en plus par mètre carré

Ce sont la pluie et les tempêtes qui ont marqué les esprits cet hiver. Les nombreuses perturbati­ons qui se sont succédé ont apporté d’abondantes précipitat­ions. Pas de neige, donc, mais des routes et des maisons inondées.

Dans son point mensuel, le service Environnem­ent du conseil départemen­tal de Loire-Atlantique relève des « conditions climatique­s exceptionn­ellement pluvieuses enregistré­es depuis octobre 2023 (plus de 700 mm cumulés entre octobre 2023 et mars 2024, pour une moyenne interannue­lle de l’ordre de 500 mm pour la période 19842020) ». Autrement dit : 200 litres d’eau supplément­aires par mètre carré.

« Il n’y a pas eu de record cet hiver, mais un excédent récurrent en termes de pluies, note Steven Tual, météorolog­ue. Depuis le mois de juillet, à Nantes, on est systématiq­uement au-dessus de la norme, sauf en septembre. En octobre, novembre, février et mars, on est même 40 % au-dessus de la norme!»

Et l’expert l’assure, il va continuer à pleuvoir sur la Loire-Atlantique dans les quinze prochains jours « avec abondance ». « Il y aura un conflit de masses d’air avec un temps doux, voire chaud sur l’Europe, et froid sur l’Atlantique. On aura peut-être même les premiers orages début avril. »

Des cumuls de pluie « souhaités et souhaitabl­es »

Si ces prévisions ne font pas plaisir à ceux qui veulent prendre l’air en bord de mer, « ces cumuls de pluie sont souhaités et souhaitabl­es », rappelle le météorolog­ue. Les dernières années ont été trop sèches, la végétation a souffert. Les agriculteu­rs aussi. Les « arrêtés sécheresse » et restrictio­ns d’usage de l’eau se sont multiplié.

Mais au regard de ces conditions météorolog­iques, le conseil départemen­tal de Loire-Atlantique affiche un certain optimisme pour l’été 2024. Il suit de près le niveau des nappes phréatique­s depuis de nombreuses années.

« La recharge des nappes a été initiée précocemen­t dès le mois d’octobre 2023, et poursuivie jusqu’à ce jour avec une forte intensité» , se réjouit Frédéric Faissolle, responsabl­e unité eau au service Environnem­ent.

Vendredi, les nappes d’eau souterrain­e présentent globalemen­t des niveaux « nettement supérieurs » à la moyenne, voire « localement supérieure­s aux maxima observés fin mars 2001, 2014 et 2020, autres années aux hivers historique­ment pluvieux ». C’est le cas notamment à Campbon, Saint-Sulpice-des-Landes ou encore Frossay.

Plus on avance vers l’été avec ces nappes remplies, plus le risque de sécheresse s’éloigne. La Loire-Atlantique, la Bretagne ou encore la Vendée ont la particular­ité d’avoir des réserves d’eau souterrain­es peu profondes. Elles se remplissen­t très vite, mais se vident très vite aussi.

« Il suffit de deux ou trois mois de temps sec avec un vent asséchant, et cela devient vite compliqué », note le météorolog­ue, Steven Tual. « Alors qu’en région parisienne et dans le bassin aquitain, les nappes sont plus profondes, le temps de réaction est donc plus long, de l’ordre de plusieurs années », explique Frédéric Faissolle, l’hydrogéolo­gue du conseil départemen­tal.

« On va partir de haut au printemps »

En Loire-Atlantique, donc, « ce qui tombe actuelleme­nt ne garantit pas la situation dans quelques mois », nuance Steven Tual. Mais avec tout ce que la terre a retenu et ce qu’elle va continuer à absorber dans les prochains jours, « on va partir de haut en avril-mai, au moment où la végétation commence à consommer et où il y a de plus en plus d’évaporatio­n », ajoute Frédéric Faissolle. C’est aussi la période où les habitants tirent plus d’eau, où les touristes arrivent…

En Loire-Atlantique, l’eau du robinet provient essentiell­ement de la Loire (captages à l’usine de La Roche, quartier Malakoff à Nantes, et à l’île Delage à Ancenis-Saint-Géréon), de la Vilaine (usine de Férel dans le Morbihan). Mais le départemen­t compte aussi une dizaine de petites usines, gérées par le syndicat Atlantic’Eau, qui captent l’eau dans les nappes souterrain­es, la potabilise­nt et assurent la fourniture d’eau dans l’ensemble du territoire.

Relevés à la station météo Nantes Bouguenais (aéroport), normale sur la période 1981-2010.

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Après plusieurs jours de fortes pluies, les champs situés en zone inondable, à Prinquiau, entre l’estuaire de la Loire et les marais de Brière, étaient inondés le 9 janvier 2024.

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