Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Dieudonné se bidonne à Saint-Brevin
Devant 130 personnes hilares, Dieudonné s’est produit à Saint-Brevin-les-Pins, vendredi. De l’humour qui ne fait ni dans la dentelle, ni dans la polémique.
« C’est un très bon humoriste, un des meilleurs en France. Tout le monde en prend pour son grade ! » Ce Brévinois s’apprête à entrer dans la salle, privée, à Saint-Brevin-lesPins, où Dieudonné donnait, vendredi, son one man show, Sous bracelet : un spectacle hors du commun.
Les applaudissements nourris dès qu’il se présente à la tribune traduisent sans aucun doute une admiration et une reconnaissance collectives. Lui jubile : quelques heures plus tôt, le tribunal administratif de Nantes a suspendu l’arrêté préfectoral interdisant son spectacle. Les 800 € que l’État doit lui verser paieront la salle qu’il a louée, « avec votre argent », lance-t-il, goguenard. Pendant près de deux heures, il « rigole sur des choses un peu taboues ».
Plus ou moins finement, il se moque du préfet, des gendarmes mobilisés devant la salle, des magistrats, des contrôleurs du fisc : il a été condamné à une peine aménagée pour fraude fiscale, d’où ce spectacle intitulé Sous bracelet.
Les accents des quatre coins du monde qu’il prête à ses personnages secouent la salle de rires, comme Michel Leeb dans les années 1980. Un autre sketch sur un fils cultivateur de cannabis rappelle Coluche. Dieudonné grossit le trait sur la communauté LGBT.
« J’aime sa dérision, explique Arnaud, à la sortie. Il aborde des sujets délicats comme les transgenres, sur un ton humoristique. » « C’est quelqu’un d’un peu taquin, estime Henerick, on est suffisamment intelligents pour faire la part des choses. »
Les vingt minutes suivant le spectacle sont consacrées aux selfies avec lui, avec ou sans « quenelle », «ce geste d’insoumission et d’émancipation de la population noire que j’ai inventé, devenu universel maintenant », se targue-t-il.
Où est passé le Dieudonné polémiste ? « Sur toutes les questions sionistes, antisionistes, c’est fini. Depuis que j’ai rencontré des Israéliens venus soutenir les Camerounais face à Boko Haram, ça m’a fait évoluer. J’ai été outré par Gaza, j’ai été outré par le 7 octobre. »