Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Même pour le jus de pomme, certains tentent de gruger

- K. G.

Une histoire de loyauté

« Le consommate­ur achète un produit sur une idée. Quand il choisit un café cultivé au Pérou, ça doit être du café du Pérou, rien d’autre. Quand on achète des oeufs, on achète souvent de la protection animale, on veut des oeufs de poule élevée en plein air. » C’est la philosophi­e qui anime chaque agent de la Direction de la protection des population­s de Loire-Atlantique, dirigée depuis 2021 par Guillaume Chenut.

« C’est pareil pour une viande. Si le client achète un morceau d’une bête qui a passé cent vingt jours dans les hauts pâturages, ça doit être vérifiable et vérifié. À la DDPP, dont fait partie la répression des fraudes, on vérifie la réalité des produits, appuie-t-il. C’est une question de loyauté. Chaque profession a un intérêt à ce que le consommate­ur ait confiance en son produit. La DGCCRF contribue à cette confiance. »

Un nombre de contrôles en hausse

« Depuis le mouvement paysan, on nous a demandé d’élever nos capacités de contrôles. » 450 contrôles sont à l’agenda des services de la DDPP. « C’est le minimum que l’on fait », indique le directeur.

Les signalemen­ts sont une source d’inspiratio­n et de déclenchem­ent de certaines opérations. « On se concentre sur les mentions les plus valorisant­es. Ce sont d’abord celles qui mettent en avant le made in France. C’est là où il y a le plus de risques de fraudes. »

Lors d’un récent contrôle dans un marché, le préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigolet-Roze, s’est aperçu que certains maraîchers tentaient de vendre des tomates espagnoles sous bannière bleu blanc rouge. « C’est vendu quelques dizaines de centimes de plus par kilo. »

Le bio est aussi dans les radars. «Si vous faites du bio et qu’on trouve des traces de produits phytosanit­aires… On déclasse régulièrem­ent certaines marchandis­es, notamment des céréales. »

Des signalemen­ts aux procureurs

Certaines procédures connaissen­t des suites judiciaire­s. « C’est le cas lorsqu’on constate de la remballe de viande (le boucher fait passer de la viande périmée pour de la viande fraîche, N.D.L.R.) », annonce Guillaume Chenut. La société Castel viandes, basée à Châteaubri­ant, a été condamnée pour cette pratique en 2022.

En 2023, en Loire-Atlantique, plusieurs procédures pénales, rattachabl­es à Egalim, ont été lancées. Neuf procès-verbaux ont été dressés pour défaut de loyauté : « des problèmes d’étiquetage, de tromperie, de nonrespect d’appellatio­n comme l’IGP (Indication géographiq­ue protégée) ou l’AOP (appellatio­n d’origine contrôlée)… » Un autre PV a été établi pour des infraction­s liées à l’hygiène. Une affaire de jus de pomme va bientôt arriver sur le bureau du procureur. Un agent a découvert qu’une société vantant son jus de pomme local utilisait des tonnes de pommes venues d’Espagne. « Son verger pouvait produire 300 litres de jus. Or, il en vendait 3 000 litres, résume Guillaume Chenut. C’est en recoupant les achats et les ventes de la société, dans sa comptabili­té, que nous avons constaté qu’ils achetaient du jus d’origine hors France et qu’ils ne vendaient que du jus français. »

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| PHOTO : OUEST FRANCE Guillaume Chenut est à la tête des 95 agents de la Direction de la protection des population­s de Loire-Atlantique.

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