Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Le vélo accélère dans la métropole nantaise
Notre printemps à vélo. Nantes métropole s’est fixé l’objectif de 15 % de déplacements à vélo en intrapériphérique, à horizon 2030. L’intercommunalité est-elle sur la bonne voie ?
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« Le programme est beau. Et nous sommes impatients de le voir se concrétiser », Daniel Doualas, administrateur de Place au vélo, aborde l’avenir avec confiance, au guidon de son vélo rouge. De nouveaux aménagements cyclables vont se matérialiser prochainement dans l’agglomération de Nantes. Ils accompagnent une montée en puissance de la pratique de la bicyclette au quotidien.
Si les habitants se déplacent moins, tous moyens de transports confondus (3,4 déplacements quotidiens aujourd’hui, contre 4,2 en 2015), la part du vélo ne cesse de croître. « Une hausse continue de 18 % par an entre 2015 et 2022, chiffre Nicolas Martin, vice-président de Nantes Métropole aux mobilités douces. Tandis que le trafic motorisé recule d’1,5 % par an. »
« Une politique plus arrêtée »
Lors du précédent mandat, les associations de cyclistes estimaient que l’intercommunalité faisait fausse route. Place au vélo avait imposé le débat sur les déplacements à bicyclette lors de la campagne électorale de 2020. Tandis que la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), par la voix de son président Olivier Schneider, brocardait le plan vélo 2015-2020 de Nantes Métropole : « Elle a fait dans la quantité plutôt que dans la qualité. »
Depuis lors, les 24 communes de l’intercommunalité accordent une plus grande considération aux souhaits et aux critiques des cyclistes. « Sur le mandat précédent, le budget était de 50 millions. Là, nous sommes passés à 115 millions d’euros », souligne Nicolas Martin. Soit 30 € par an et par habitant, une enveloppe comparable à Amsterdam.
Et pour parer au saupoudrage, Nantes Métropole s’est dotée d’un schéma directeur des itinéraires cyclables en 2021 et d’un référentiel des aménagements cyclables auquel est associé Place au vélo. « Une politique plus arrêtée », commente Nicolas Martin. « Ça s’améliore », encourage Place au vélo, tout en pointant les agencements contrariants de l’île de Nantes décidés par la Samoa, l’aménageur de la zone.
Les concertations et les documents cadres entérinés, la politique vélo prend forme. L’objectif visé ? « Passer à 12 % des déplacements à vélo dans le territoire de Nantes Métropole à horizon 2030 et même 15 % pour l’intrapériphérique », précise Nicolas Martin. C’est respectivement 4,7 et 4,8 points de plus que la part modale du vélo mesurée par l’Insee en 2019.
Neuf axes magistraux
L’ambition repose en partie sur la réalisation de 50 kilomètres de voies en site propre d’ici la fin du mandat, afin de compléter les 750 kilomètres de bandes et pistes cyclables répertoriées dans l’agglomération.
À terme, neuf grandes voies vélo, « des axes magistraux et structurants », comme les qualifie Nantes métropole, relieront les 24 communes, soit près de 220 kilomètres cyclables. Certains sont attendus depuis longtemps : « Le boulevard des Pas-Enchantés et l’axe reliant la gare nord de Nantes à Sainte-Luce », trépigne Place au vélo.
Quant aux axes secondaires et de maillage, ils sont confiés aux communes. « Et 24 maires sur 24 veulent développer le vélo, parce que leurs administrés sont demandeurs », confirme Nicolas Martin.
Location longue durée et travaux
Le vélo libre-service Bicloo reste stable, avec 1,2 million de locations par an et quelque 7 000 abonnés. « Mais ce n’est pas sur le libre-service que l’on développe l’usage du vélo », constate Nicolas Martin.
En revanche, la location longue durée, sous pavillon Naolib, s’envole. L’engouement pour les vélos à assistance électrique, cargos et autres long-tails a convaincu Nantes Métropole de renforcer son offre : « En septembre, 1 200 vélos s’ajouteront aux 2 200 actuellement en service, promet Nicolas Martin. Et 3 000 vélos supplémentaires d’ici la fin du mandat. »
« Il y aura peut-être une accélération de la pratique du vélo avec la fermeture du Pont Anne-de-Bretagne, espère l’élu aux mobilités douces. Entre 2013 et 2023, le trafic avait baissé de 47 % sur le pont. Et d’environ 27 % sur le quai de la Fosse. »
Une évaporation du trafic sur contrainte, selon l’expression consacrée, consécutive à la réduction du nombre voies ouvertes aux véhicules à moteur. Le chantier est accueilli positivement par Daniel Daoulas, de Place au vélo : « Une opportunité. Le fait de maintenir l’accès vélo peut inciter à la pratique du deux-roues, à la condition qu’elle soit bien mise en avant. »
Au rayon des facteurs favorables aux déplacements à bicyclette, 70 % de la voirie de l’agglomération est limitée à 30 km/h (94 % pour Nantes). « Mais sans contrôle de vitesse », déplore Place au vélo.
L’intercommunalité prévoit d’élargir l’accès aux parkings sécurisés en ouvrage quand aujourd’hui, un abonnement se limite à un site unique. « Des efforts restent à fournir sur le stationnement, réagit Daniel Daoulas. Les vols sont trop nombreux, notamment au parking (cyclo-station) de la gare nord. »