Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)

Prandi, les pieds sur terre, la tête en pleine lumière

Starligue. HBC Nantes - Paris Saint-Germain, aujourd’hui (16 h). Depuis l’Euro, l’arrière gauche du PSG a pris une nouvelle dimension sans qu’il soit particuliè­rement perturbé par son nouveau statut.

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Ces jours-ci, au Paris Saint-Germain, deux joueurs sont particuliè­rement sollicités par les médias. Si l’approche de la retraite de Nikola Karabatic semble attirer tous les regards, sur la liste des joueurs les plus demandés, Elohim Prandi n’est pas loin derrière. Mais quand on en touche un mot au principal intéressé, celui-ci nous répond avec son plus grand sourire : « Désolé pour les attachés de presse si je leur donne autant de boulot!»

Bien sûr, personne au club de la capitale ne se plaint, loin de là. Mais il faut quand même noter qu’Elohim Prandi, du haut de ses 25 ans, est définitive­ment rentré dans une autre catégorie depuis son but improbable avec l’équipe de France lors de la demi-finale du championna­t d’Europe, pour égaliser face à la Suède à la fin du temps réglementa­ire.

« Franchemen­t, c’est sympa pour moi de l’avoir marqué, mais le plus important, c’est que ce but ait été décisif pour l’équipe, pour aller en finale et, après, pour gagner le titre, se souvient le bombardier tatoué. Si la vidéo fait le tour du monde, très bien, mais ce que je retiens, c’est que le ballon a été au fond, peu importe la manière. »

Vu comme le gars qui envoie des « parpaings »

L’ancien d’Ivry et de Nîmes, fils des anciens internatio­naux Raoul Prandi et Mézuela Servier, n’en était pas à son coup d’essai. Ses coups de semonce ont déjà, à son jeune âge, participé à bâtir sa légende. Coup franc direct, tirs surpuissan­ts à douze mètres, les réseaux sociaux regorgent de ses exploits, tous plus impression­nants les uns que les autres. « Mais finalement, ça m’a peut-être desservi. Les gens ne me voyaient que comme le gars qui envoie des parpaings et met des buts spectacula­ires, alors que, désormais, je suis bien plus que ça» , avance-t-il.

Cet engouement pour ce joueur venu d’ailleurs, alimentés par les milliers de vues sur Instagram, a certaineme­nt fait grandir une attente parmi des fans de hand pressés de faire d’Elohim Prandi la relève de Nikola Karabatic sur le poste d’arrière gauche. « On a attendu trop de moi trop vite, en oubliant que j’étais quand même jeune et qu’un jeune joueur, ça fait des erreurs sur le terrain. Au final, j’ai juste progressé comme un joueur de mon âge. »

Que ce soit en défense, au tir, à la passe, Elohim Prandi est désormais un des arrières gauches les plus complets de la planète. Et s’il était capable de passer complèteme­nt à côté de certains matches par le passé, tout ceci est désormais de l’histoire ancienne. « J’essaye d’être capable d’être excellent mais, même dans mes mauvais jours, de ne pas descendre sous un certain seuil. Je ne me donne pas le droit d’être mauvais. »

Cette constance dans la performanc­e, cette capacité à rendre des copies toujours au-dessus de la moyenne, c’est définitive­ment une nouveauté chez Elohim Prandi. Encore il y a deux ans, celui qui était capable de passer dix buts aux grands d’Europe pouvait caviarder autant de tirs contre une équipe de milieu de tableau en France. « J’ai toujours cru en moi, mais j’ai sans doute épuré mon jeu, appris à mieux analyser les situations et à moins forcer les choses. Quand je rentre sur le terrain, c’est pour montrer ce dont je suis capable, mais je suis aussi capable de plus de choses », explique-t-il, avant d’ajouter : « Tout ne passe plus seulement par marquer des buts ».

Couvé par Raul Gonzalez

Ses deux premières années au Paris Saint-Germain ont, dans ce sens été formatrice­s. Bouché par Mikkel Hansen et Nikola Karabatic, il a été couvé par Raul Gonzalez, l’entraineur espagnol, qui a tenté, tant bien que mal, de lui faire prendre son mal en patience. « Et ça n’a pas été simple ! Car quand tu passes de Nîmes, où tu joues beaucoup, avec beaucoup de responsabi­lités, à Paris où tu regardes les meilleurs du monde jouer, il y a de l’impatience. Mais Raul m’a toujours répété que ma troisième saison ici serait celle où j’exploserai », se souvient celui qui a endossé la tunique parisienne en 2020.

Désormais, il est un maillon essentiel du système Paris Saint-Germain. Sans marquer aucun pénalty, il a déjà franchi la barre des 100 buts en championna­t et celle des 70 en Ligue des champions.

Au point d’être mis dans la position du numéro un sur le poste d’arrière gauche, un statut qui lui convient certaineme­nt mieux que celui de facteur X sortant du banc. « Je sens la confiance de mes partenaire­s et du coach et ça ne peut que m’aider à être performant. Mais je sais aussi à quel point se maintenir tout en haut est encore plus compliqué que d’y arriver », continue Prandi.

Mais pour l’instant, alors que ses tatouages et ses performanc­es lui permettent de profiter d’une popularité inédite, Elohim Prandi veut garder les pieds sur terre et, surtout, aider son club à continuer à aller chercher des titres. Car les selfies dans la rue, c’est bien, mais ça n’a jamais rempli l’armoire à trophées.

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| PHOTO : KEVIN DOMAS / PANORAMIC Elohim Prandi n’est plus seulement le « gars qui envoie des parpaings ». Il est devenu un maillon essentiel du PSG.

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